Impressions de Zambie (avril 2021)
Notre passage en Zambie a duré encore moins longtemps que notre passage au Mozambique, et nous ne pouvons donc pas en dire beaucoup plus. Nous sommes entrés dans le pays par une piste défoncée, en passant la frontière à partir de Tete, difficilement du fait de formalités peu compréhensibles, quelques minutes seulement avant l'heure de fermeture. Nous avons d'ailleurs ce soir-là trouvé un bivouac de fortune dans le jardin d'une institutrice nous ayant aimablement été présentée par sa soeur, croisée par hasard sur la route au soleil couchant. Le lendemain, nous avons -difficilement encore- réussi à nous procurer un peu de carburant (nous étions tout à fait au bout de nos réserves), d'argent liquide, et une carte de téléphone, dans la petite ville de Katete, puis nous avons pris la direction du parc de South Luangwa. Nous nous sommes arrêtés pour un dîner et une nuit au camp de Mama Rula, où nous étions les seuls clients, dans le village de Chipata au pied des montagnes formant la frontière avec le Malawi (d'ailleurs, avons-nous à cette occasion vu le Malawi -d'accès impossible pour cause de Covid, simplement en regardant au loin la ligne de crête, nous ne le saurons jamais).
La route pour le parc de South Luangwa n'a pas présenté de difficultés particulières, et nous sommes arrivés facilement au petit village de Kakumbi où se regroupent quelques lodges, principalement le long de la rivière qui marque la limite du parc. Là, nous avons partagé notre temps entre le Wildlife camp, plus sauvage et plus isolé, et le Croc Valley camp, où nous recevions la nuit la visite d'un hippopotame habitué des lieux, et où nous avons fait accessoirement la connaissance d'un couple de baroudeurs polonais. Surtout, nous sommes allés plusieurs fois (trois jours au total si je me souviens bien) dans le parc de South Luangwa, qui constituait (avec les chutes Victoria) la raison principale de notre passage en Zambie.
Dans une certaine mesure, nous avons été déçus. Le parc n'est pas développé pour les besoins des touristes indépendants, et ne fait aucun effort dans cette direction. On comprend bien, en observant la dynamique du tourisme local, que le "business model" est exclusivement orienté sur le tourisme sélectif: une petite quantité d'happy fews venant directement en avion et quelques naturalistes hébergés en lodges très haut de gamme, entièrement pris en charge pour des safaris privés inclus dans une formule vendue très cher. Il n'est pas impossible de venir en indépendant, mais le personnel de la guérite d'accès, qui ne voit passer que de rare véhicules dans la journée, est à peine capable d'expliquer les conditions d'accès et le détail du tarif d'entrée.
Le parc en lui-même nous a plutôt plu, mais sans qu'on puisse considérer le spectacle qu'il offre comme exceptionnel. Au final, nous n'y avons vu pratiquement aucun animal que nous n'avons vu ailleurs, souvent dans de meilleures conditions. En contrepartie, nous avons souvent, des heures entières, eu le sentiment d'avoir cet immense parc à notre entière disposition, les lodges de luxe se situant pour la plus grande partie d'entre eux dans des zones reculées et plus ou moins exclusives. Cela nous a permis d'explorer des pistes étroites et désertes, mais comme souvent, quand le couvert forestier devient trop dense, on ne voit plus beaucoup d'animaux. Finalement, notre meilleure expérience aura consisté à observer des girafes en assez grand nombre, dans un espace assez ouvert pour que le hors-piste soit facile et que nous puissions en quelque sorte tourner autour à une distance suffisante pour bien les observer sans beaucoup les gêner.
Vers la fin de notre séjour sur place, nous avons également tenté un safari de nuit, expérience réputée permettre de voir d'autres types d'animaux, mais mis à part la vision d'un ciel d'orage surnaturel, la promesse n'a pas vraiment été tenue. Nous avons vu plusieurs genettes, mais de loin et dans de mauvaises conditions, et la scène potentiellement la plus intéressante (un affrontement entre hyènes et éléphants) nous a laissé davantage de souvenirs sonores que visuels.
C'est donc sans beaucoup de regrets que nous avons pris la route. L'objectif lointain, aux confins du pays, était les chutes Victoria, mais en chemin, nous avons pris rendez-vous pour croiser la trajectoire des Mollalpagas. Cette rencontre s'est produite à Siavonga, au bord du lac Kariba. Nous avions déjà rencontré la famille Molla à l'aube de son voyage en tiny house, au salon du véhicule d'aventure 2018, mais cette fois, nous avons pu échanger plus tranquillement, dans un camping calme et peu fréquenté. Les pauvres Mollalpagas étaient à ce moment envahis de punaises de lit, et faisaient preuve de beaucoup de résilience face à cette pénible épreuve. Nous les avons depuis recroisés dans des circonstances plus heureuses, au point de les compter parmi nos plus proches compagnons de voyage.
Deux jours après notre arrivée à Siavonga, nous avons repris la route vers les chutes Victoria, non sans mettre au passage un pied au Zimbabwe au niveau du barrage du lac Kariba. Puis près de Livingstone, nous avons trouvé refuge au sein d'une communauté chétienne surprenante, des bénévoles travailleurs, généreux et mystiques du genre à participer quotidiennement à des messes très démonstratives, développant des activités relevant à la fois de la mission évangélique, du voyage humanitaire et du prosélytisme protestant.
Le spectacle des chutes Victoria nous a rappelé celui de celles d'Iguazu, peut-être un ton en-dessous. Non pas qu'il manquât d'eau, mais au contraire du fait que compte tenu de l'abondance du débit, la visibilité était limitée par ce qui, dans l'air, allait de la bouffée d'embruns rafraîchissante à la douche pure et simple. Dans l'ensemble, la visite a été réussie; pas très longue, environ une demi-journée, mais suffisante pour apprécier tout ce qu'il y avait à voir ce jour-là.
Après quoi notre voyage en Zambie arrivait à son terme. Il ne restait qu'à rejoindre le poste-frontière de Kazungula, à franchir le Zambèze en amont des chutes Victoria, pour nous retrouver pour quelques jours au Botswana, dont nous avions déjà découvert l'année précédente une partie des ressources naturelles.
Les "J'aime/J'aime pas" de Manu en Zambie
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