Carnet du Kirghizistan

Note liminaire

Pour cette première partie de notre tour du monde, nous n’avons pas vraiment eu le temps de nous organiser correctement pour tenir à jour nos blog et site web. Par ma faute, notre carnet de voyage n’a pas non plus fait l’objet d’une bonne coordination, aussi Isabelle et moi avons rédigé un récit en partie redondant, le sien tout de même plus détaillé et chronologique, le mien un peu plus synthétique et porté sur les généralités. Le plus simple est sans doute de livrer consécutivement l’un et l’autre, et de se servir de ce premier essai pour tenter de faire mieux à partir des destinations à suivre.

Les photos qui agrémentent le récit ont pour fonction principale d'illustrer ou d'expliquer le texte; ce ne sont donc pas forcément les plus esthétiques. Pour consulter les albums photos complets, avec une meilleure définition, il faut se rendre directement aux adresses suivantes:

  • Album de nos passages à Istanbul
  • Album de Bichkek
  • Album de Tamchy
  • Album de la randonnée au lac Song Kül
  • Album de la randonnée au lac Kol Ukok
  • Album de Kyzyl-Oï
  • Album de Suusamyr



  • Carnet d'Isabelle

    Samedi 23 juillet 

    Charlotte et Maxence viennent nous chercher à 8h30, comme prévu. Billabong est parti tout à l’heure, vivre sa vie de chat. Je fais un gros câlin à Sardine et nous disons au revoir à la maison.

    L’enregistrement est vraiment excessivement long. Guinou (qui m’offre un bracelet porte-bonheur qui me touche vraiment) nous rejoint avec Anton et Titouan, puis c’est le tour de la famille Charbonnier (sauf Victor) et de Catherine. Anton est impatient car Manu tient un grand carton à la main : c’est un cadeau pour moi.

    Anton a le privilège de l’ouvrir : c’est un sticker pour le mac, avec la photo de nos quatre filles devant notre maison de Canouville, entourée des drapeaux de tous les pays que nous allons parcourir. Par conséquent, les supers connectés ne tardent pas à connaître le pays secret, mais gardent bien leurs langues.

    Nous décollons en direction de Madrid. Nous avons une escale de quelques heures seulement pendant laquelle nous nous achetons un petit snack avant de redécoller pour Londres. Trois heures plus tard, nous remontons dans l’avion en direction d’Istanbul.

    Nous prenons un taxi lorsque nous arrivons en fin de soirée à Istanbul qui nous conduit à l’hôtel Marmara (sympathique et confortable), situé au cœur de Sultanahmet, quartier d’Istanbul situé sur la rive européenne d’Istanbul. Le nom de ce quartier provient du nom de la Mosquée bleue, appelée Sultanahmet Camii en turc. Les nombreux klaxons et drapeaux flottants nous rappellent le coup d’Etat de la semaine dernière.

    Dimanche 24 juillet

    Après une bonne nuit, nous allons prendre un grand et bon petit déjeuner sur la terrasse de l’hôtel, d’où nous avons une vue imprenable sur le Bosphore, avant de partir nous promener. Le quartier de Sultanahmet est le quartier touristique par excellence d’Istanbul. En effet, Sultanahmet comporte quelques-uns des monuments les plus importants d’Istanbul.

    Nous nous dirigeons d’abord vers la fameuse Sainte-Sophie, ancienne église chrétienne du VIe siècle transformée en mosquée au XVe siècle puis en musée en 1934. Puis nous nous rendons au Palais de Topkapi, qui fut la résidence du sultan ottoman. Nous n’avons pas beaucoup de temps, nous décidons donc de ne pas visiter l’intérieur de ces monuments, mais de nous contenter d’en faire le tour.

    Nous entrons un petit moment dans le Parc Gülhane. Ce parc est vraiment beau, plutôt reposant… avant de continuer notre visite des incontournables d’Istanbul avec la Mosquée Bleue.

    Nous prenons quelques photos dans le parc.

    En quittant le parc, je m’aperçois, en voulant chausser mes lunettes, qu’on me les a volées, ainsi que mes petits porte-clés à l’effigie de mes chats … Je suis très triste. Je ne me suis rendue compte de rien, bien évidemment. Cela a dû se produire alors que nous étions assis sur un banc.

    Le fameux grand bazaar étant fermé le dimanche, la fille de l’hôtel nous a conseillés d’aller jusqu’au pont de Galata près duquel nous pourrons trouver un autre petit marché. Effectivement, nous traversons de nombreuses échoppes vendant des plantes et des oiseaux, puis beaucoup de bazar.

    Au marché, nous voyons des centaines de paires de lunettes, à bien meilleur marché que celles que nous avons achetées dans une boutique avant d’arriver au pont. Pour déjeuner, nous allons dans un restaurant dans lequel est projeté un show de derviches tourneurs … bien nul…

    Nous retournons profiter de la terrasse de l’hôtel avant de reprendre un taxi vers 16h00 pour le retour vers l’aéroport. Je ne sais toujours pas où je vais. J’ai bien vu Bichkek à l’aéroport mais je n’ai aucune idée d’où cela se situe ! En regardant les gens qui enregistrent, je pense que je vais en Mongolie … Manu est muet comme une carpe !

    Lundi 25 juillet

    Manu me fait passer devant le panneau du pays dans lequel nous nous trouvons sans que je le connaisse encore !

    Il est 3 heures quand nous arrivons à Bichkek. Nous trouvons un banc dans l’aéroport pour essayer de dormir « un peu » seulement car mon Dieu que c’est bruyant ! La ville se réveille peu à peu. Les taxis et les minibus (que l’on appelle ici des marshrutkas affluent vers l’aéroport. Il est temps d’aller trouver celle qui nous conduira dans le centre de Bichkek. Et c’est lors de ce trajet que je découvre enfin le programme de ce premier pays.

    Nous prenons ensuite deux taxis de suite pour tenter de rejoindre l’hôtel qui nous accueillera en fin de séjour car nous aimerions y laisser le sac avec les affaires de plongée. L’hôtel n’ayant pas d’adresse officielle autre que celle d’une ruelle pratiquement inconnue de tous, nous avons bien cru ne jamais y arriver.

    Nous enchaînons directement sur une autre marshrutka pour rejoindre Tamchy, une petite bourgade endormie en bordure du lac Issyk Kul, l'un des plus grands lacs d'Asie centrale.

    A la gare routière, nous achetons 2 bananes.

    Et voilà, la mutation a commencé, nous nous transformons petit à petit en voyageurs, car l’idée du voyage ne suffit pas, il faut s’imprégner des ambiances, humer les odeurs, ralentir le rythme de ses pas et de ses pensées, ouvrir les yeux et les oreilles, … La marshrutka fait deux pauses « pipi » pendant le trajet. Pendant l’une d’elle, nous achetons du raisin pour compléter notre lunch.

    Nous arrivons à Tamchy en tout début d’après-midi. Même si c’est tout petit et qu’il n’y a que deux rues, nous rencontrons pour la première fois la barrière de la langue : personne ne comprend ce que nous demandons. Manu cherche le CBT, sorte d’agence touristique que l’on trouve dans les villes principales, ayant des accords avec les habitants pour recevoir ou accompagner les touristes comme nous. Le CBT marque les prémisses de l’ouverture du Kirghizstan au tourisme naissant. On y trouve même des anglophones, ce qui simplifie grandement l’organisation des treks, et me fait penser que le Kirghizstan sera bientôt une destination accessible et privilégiée des occidentaux.

    Une voiture, contre la somme de 100 som, nous fait faire 500 mètres … et nous lui demandons de s’arrêter car nous voyons le CBT. L’agence semble fermée mais la pharmacienne vient à notre secours. Elle nous conduit chez Bilim qui effectivement parle un peu anglais. Nous serons logés chez la pharmacienne.

    Nous voici donc devant le lac Issyk-Kul, long de 182 km d'est en ouest. Il mesure 60 km dans sa plus grande largeur. Il couvre une superficie de 6 236 km2 (plus de dix fois la superficie du lac Léman), ce qui en fait le deuxième plus grand lac de montagne du monde après le lac Titicaca.

    Atteignant une profondeur maximale de 668 m, le lac est situé à une altitude de 1 606 m et légèrement salé, il ne gèle jamais en hiver malgré l'altitude.

    La vie du village bat son plein pendant cette période. Il est en effet envahi par des vacanciers kirghizes, kazakhes et russes. Les environs sont jolis, d'énormes montagnes enneigées apparaissent voilées sur l'autre rive, et l'autre côté du village est lui aussi bordé de jolies montagnes.

    Manu se baigne dans cette eau à la même température qu’aux Petites Dalles. Nous rentrons quand la chaleur ne nous assomme plus mais qu’on a l’impression que c'est la pluie qui va prendre le relais.

    Ce soir, nous dînons à la guesthouse, avec les grondements du ciel en fond sonore. Quelques éclairs traversent le ciel, la pluie prendra le relais pendant la nuit.

    Mardi 26 juillet

    Nous restons au calme une partie de la matinée. Nous avons bien petit déjeuné, nous allons directement nous effondrer 2 heures dans notre chambre avant de prendre le chemin de la plage.

    On se trempe chacun notre tour. Nous regagnons notre chambre avec la ferme idée d’aller dîner à l’extérieur ce soir. On nous apporte la carte en russe, avec aucune photo illustrant les plats. Grand moment de solitude … comment allons-nous faire ? On se débrouille, avec les gestes à commander quelque chose de facile à mimer : 2 brochettes !

    En sortant, nous allons chercher de l’eau pour la nuit, 2 bananes et une part de gâteau pour compléter notre repas. Papy appelle à ce moment-là. Il pleut de nouveau pendant la nuit.

    Mercredi 27 juillet

    Nous avons demandé à petit déjeuner à 8h00 pour pouvoir partir vers 9h00. Nous montons dans la première marshrutka qui passe et va jusqu’à Balitchy.

    Il nous faut traverser un grand carrefour pour nous mettre sur la route de Kochkor. Les taxis essaient de nous décourager en nous disant qu’il n’y a pas de marshrutka qui va dans cette direction. Nous en trouvons une sans tarder !

    Arrivés à Kochkor, nous cherchons à trouver l’agence Shepherd’s Life car le CBT d’ici n’a pas bonne réputation selon les guides. Nous nous y rendons à sous l’aval de Ainura (la manageuse), accompagné d’un kirghize affuté qui nous a repérés avec nos sacs à dos…

    Nous sommes effectivement très bien reçus par cette femme dynamique qui parle parfaitement anglais. Un guide (Aman), qui apprend le français, est aussi présent. Ils essaient de nous vendre le tour « classique » mais Manu ne se démonte pas et insiste pour avoir ce qu’il avait prévu : passer par l’ouest du lac Song Kul, beaucoup moins fréquenté que le côté est. Nous avons la chance de pouvoir assister à un grand festival dimanche, apparemment très apprécié des kirghizes.

    Nous allons donc randonner 2 jours à cheval et remonter en voiture le 3ème jour. Encore faut-il que ma hanche me permette de faire du cheval. Je ne saurai pas tant que je n’aurai pas essayé, ce qui est tout à fait possible dans l’après-midi (tout est possible, il suffit de payer…)

    Ainura (qui se révèlera être une vraie business woman) nous propose deux guesthouses : une tout près (chez elle), ou une un peu plus loin, moins chère mais sans connexion wifi. Nous voulons pouvoir nous connecter. Le mari d’Ainura nous emmène en voiture à un distributeur d’argent, puis Ainura nous accompagne alors chez elle. Je prends une douche avant de m’écrouler de fatigue.

    L’essai pour le cheval vers 17h00 s’avère concluant, en revanche, le ciel se couvre de plus en plus. Nous devons prévoir de quoi manger demain midi, nous allons donc voir ce que nous allons pouvoir acheter.

    Kochkor est une petite ville, pleine d’animation, avec des commerces et des marchés, des restaurants (encore faut-il les identifier) et des files de taxi. C’est d’ailleurs la première ville que nous rencontrons depuis notre départ de Bichkek, les autres endroits que nous avons traversés étant, tout au plus, des villages. En rentrant, nous assistons secrètement à un mariage qui a lieu juste derrière la guesthouse.

    Ainura nos offre la possibilité de dîner, ce que nous trouvons plus confortable après notre expérience de la veille au soir. Nous échangeons avec deux canadiennes. La pluie est de nouveau présente cette nuit.

    Jeudi 28 juillet 

    Notre taxi en direction de Kyzart part comme prévu à 9h00. En route, nous prenons Aman, qui sera notre guide. Le ciel est de plus en plus couvert. A Kyzart, il pleut de plus en plus. Sur les conseils d’Aman, nous mettons tous nos vêtements chauds.

    Puis nous partons à dos de canassons, à la conquête du lac Song Kül.

    Les sentiers escarpés que nous empruntons n’épargnent pas nos montures, qui avancent bravement, gagnant du terrain entre les cailloux, mètre après mètre, dans la brume ou sous le crachin. Nous faisons une pause déjeuner vers 14h00.

    Nous ne connaîtrons malheureusement pas l’émerveillement prévu du lac de Song Kül apparaissant de l’autre côté du col, à 3000 mètres d’altitude, tellement le ciel est couvert.

    Nous atteignons notre campement vers 16h30, De jeunes hommes sont en train de faire une partie de Kok borou.

    Nous sommes vraiment très bien accueillis. Les nomades, comme les touristes kirghizes, semblent ravis de nous recevoir.

    C’est la fête ici, du coup, on nous invite à entrer dans la yourte où a eu lieu le banquet, pour prendre le chaï (thé). Aman est tout aussi impressionné que nous. Les femmes essaient de nous gaver de pâtisseries. Sur la table, recouverte d’une toile cirée, sont disposées avec art quantités de coupelles en verre travaillé, remplies de bonbons, de gâteaux secs, de confitures variées (abricot, framboise, cassis), de crème et de beurre, à côté de petits gâteaux pour le thé. Au milieu trônent les beignets et le pain.

    Des musiciens présents, n’ayant encore jamais vu de touristes, se font une joie de pouvoir nous jouer deux morceaux, rien que pour nous. C’est un moment inoubliable.

    Tous les deux, nous éloignons un peu du camp pour avoir une vue d’ensemble sur les yourtes (et pour faire pipi). Nous nous rapprochons aussi un peu du lac.

    Ici, c’est le royaume des Édelweiss qui abondent en tapis argentés à tel point qu’on en écrase des centaines en marchant. Elles s’épanouissent ici sur des tiges de plus de 10 cm parfois!

    Dès notre retour, Aman veut absolument jouer au foot et il réussit à convaincre Manu de participer. J’observe que le kirghize qui s’est improvisé arbitre est gêné pour marquer les actions. Je fais fureur en sortant le sifflet de ma banane.

    Parallèlement à la partie de foot, on chante, on danse on rit, et on joue de la musique.

    On nous propose de déguster le « bich barmack », (cinq doigts), plat national à base de mouton, que l’on mange avec les doigts, comme son nom l’indique. Le fait que nous venons de terminer notre goûter ne nous dispense pas de ce repas de fête et nous acceptons avec joie. Le fait est qu’on nous sert une soupe …

    Dans notre yourte, la soirée et la nuit s’organisent. C’est le rituel de coucher : on installe par terre des couvertures épaisses, et de coloris variés, les unes sur les autres, afin de rendre plus confortable le contact avec le sol. Puis on rajoute encore des couvertures, souvent en laine de mouton pour se couvrir cette fois et se protéger du froid de la nuit à 3000m d’altitude. On se couche tout habillés, avec tous nos vêtements : nos caleçons et chaussettes de laine, nos deux vêtements techniques et nos anoraks, Manu avec son bonnet, moi avec ma capuche.

    Vendredi 29 juillet

    Je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit, entouré de mes deux ronfleurs (ou à cause de l’altitude). A notre réveil, le soleil est revenu, timide et bienfaisant.

    Il y a systématiquement une salade de tomates/concombres à tous les repas. Nous avons ce matin, en plus, du porridge, un gâteau (je mange celui d’Aman car il n’aime pas), un reste de pâtisserie d’hier, des nans et de la confiture. Aman nous conduit après le petit déjeuner à deux pierres tombales. Il s’agit de stèles très anciennes dont la signification n’est pas bien connue, mais qui serait un indice d’un peuplement très ancien par des populations d’origine mongole.

    De retour à la yourte, on assiste à la cuisson du mouton qui mijote pendant très longtemps.

    Cette nuit, mon cheval s’est détaché et les kirghizes ont dû le rattraper. Du coup, tout le monde dort ce matin.

    Nous remontons tout de même nos chevaux pour continuer notre périple.

    Les paysages sont quand même plus agréables sous le soleil.

    Néanmoins, le ciel se charge de plus en plus, le vent se lève (nous obligeant à ressortir nos doudounes) avant que la pluie n’arrive. Aman décide de trouver une yourte au plus vite pour pouvoir nous abriter.

    Une jeune femme s’approche et s’engage une discussion entre eux. Il lui demande à qu’elle clan elle appartient, question à laquelle elle demande à son enfant de répondre. En effet, une kirghize ne peut jamais prononcer le nom de son beau-père. Elle ne fait aucune difficulté à nous recevoir et nous invite à rentrer dans la yourte pendant qu’elle prépare le lunch. Aman est très impressionné. Il nous dit ne jamais être rentré dans une yourte d’une telle qualité. Il s’émerveille également devant les tapis.

    Pendant le déjeuner, la jeune femme vient engager un échange avec Aman. Elle s’appelle Narguiza. Son union est le résultat d’un mariage arrangé mais qui fonctionne apparemment très bien. Tellement bien qu’elle a accepté de suivre son mari lorsqu’il a décidé de devenir berger. Ils habitent à Bichkek l’hiver, ont deux petites filles. L’été, ils viennent s’installer dans les montagnes. Les parents de Narguiza ont dû mal à comprendre ce choix. Aman nous dit que c’est une famille très riche quand Narguiza lui raconte posséder bon nombre de moutons, chevaux et même des yacks.

    A la fin du repas, Narguiza apporte le fameux koumis. Nous apprenons comment le fabriquer : à partir de lait de jument directement prélevé « à la source », que l’on met dans une profonde poche en cuir, et que l’on mélange à l’aide d’un grand manche en bois pour faciliter sa fermentation. Nous pouvons difficilement refuser. Manu se lance avant moi. Je ne suis pourtant pas difficile mais là, vraiment, je crois que je n’oublierai jamais cette gorgée.

    Nous allons dans la yourte de Narguiza qui nous montre l’outre à koumis. On y rencontre quelques membres de sa famille. Il faut faire attention car il y a un tout petit bébé qui dort sous des couvertures...

    A droite, en entrant (c’est toujours comme ça), sont disposés le poêle dont le tuyau bénéficie d’une ouverture dans le toit avec un intervalle libre, puis le samovar ou la thermos, puis l’outre ou le tonneau à koumis, puis un petit buffet ouvert pour la vaisselle chinoise, et les couverts rangés dans un bocal.

    Sur le poêle, on peut voir chauffer une grande bouilloire de thé. Le thé n’est pas servi comme chez nous. La théière contient en permanence une grande quantité de feuilles en granules, et n'est versé qu’une infime quantité de thé dans votre tasse ; on y ajoute ensuite l’eau claire bouillante. La tasse ne sera jamais remplie à ras bord, ce qui signifierait un congé, mais ne restera jamais vide non plus, et cela exigera l’attention permanente de votre hôte et maints remplissages. Pour moi, c'était systématiquement cinq ou six tasses !

    Puis Aman nous quitte car il doit faire la route en sens inverse, pour ramener les 3 chevaux.

    Ainsi, nous nous retrouvons tous les deux cette fois complètement immergés dans cette famille nomade, dans un mélange de couleurs révélées par la lumière du soleil … Les bleus profonds et lumineux du lac et du ciel rivalisent avec le camaïeu de verts formé par la végétation, et le reflet des nuages dans le lac se confond avec celui des sommets enneigés… 

    Malgré la barrière de la langue, Narguiza essaie vraiment de communiquer avec nous. Elle nous apprend par exemple, que lorsqu’on a terminé un repas, il faut passer ses mains ouvertes puis jointes devant son visage de haut en bas, en disant « Omin ».

    Samedi 30 juillet :

    Narguiza nous apporte notre petit déjeuner à 8h00. Ce côté du lac n’est pas encore un lieu hautement touristique. La nature est préservée et les habitudes de vie aussi. C’est la vie dans les « jailoos » (pâturages de haute altitude).

    Nous avons l’immense chance de partager le quotidien des nomades pendant la matinée. Nous passons un grand moment avec trois enfants dans notre yourte. Ils demandent à jouer sur la tablette. On leur trouve un seul jeu mais cela nous permet de bien rire ensemble. Du coup, nous avons raté le dépeçage d’un mouton. Lorsque nous sortons de notre yourte, il n’y a plus que la peau qui gît par terre, le sang dans un récipient à côté, la tête et les pattes en train de griller et deux femmes en train de laver tripes et boyaux. On nous offre des petits morceaux grillés (un peu comme des lardons) et de la Vodka. Nous acceptons de goûter la viande bien qu’il me semble vraiment que les morceaux sortent directement de la tête …

    Nous mangeons du mouton à chaque repas depuis notre arrivée et je trouve que le mouton kirghize est particulièrement « goûtu »…

    Notre chauffeur vient nous chercher et nous arrivons au festival en fin de matinée. Nous voilà en route pour le fameux « festival ». Tous les habitants se sont mis sur leur 31 pour l’occasion.

    La première partie est consacrée, après le discours du premier ministre, à un show de variétés kirghizes. Nous nous régalons à photographier les magnifiques tenues traditionnelles ainsi que les visages, pointant frénétiquement notre appareil vers ce petit enfant, ou ce vieillard, en passant par les danseuses, l’éleveur de faucon (celle-ci, on l’a perdue) puis les différents numéros avec les chevaux. Nous espérons ramener des trésors dans nos boîtes à images.

    Le spectacle pour nous se passe plus du côté des spectateurs que de la scène. Il faut voir avec quelle agitation les kirghizes suivent le spectacle. De notre côté, nous sommes un peu déçus. Nous pensions assister à une démonstration de jeux équestres (Kok borou) or, les variétés durent jusqu’à 15h00, suivies d’un show de lutte à cheval avant d’en avoir un plus classique, sur le sol.

    Dimanche 31 juillet

    Il a plu une grande partie et il pleut encore. Impossible de sortir. Après le petit déjeuner, nous passons la matinée à trier nos photos.

    Nous ne sommes plus que tous les deux. Les nombreux touristes de ce camp sont partis tôt ce matin. Nous déjeunons dans la yourte à midi pour prendre la route tout de suite après. Nous quittons Song Kul avec un petit regret de ne pas avoir profité plus sous le soleil de cet endroit où règnent tranquillité et sentiment que chaque chose est à sa place…

    Nous arrivons à Kochkor en milieu d’après-midi, après deux ou trois heures de route et de piste détrempée, avec quelques passages de gués impressionnants. Après une grande douche, nous allons faire quelques courses (une boite à savon que nous n’arrivions pas à trouver en France, des lingettes, des serviettes de table qui serviront de mouchoirs, et de quoi manger demain midi : un petit paquet de chips, un petit paquet de gâteaux, des pains au caramel et de l’eau).

    Lundi 1er août 

    Réveil anticipé à 6h30 à cause de Manu qui s’est trompé d’heure … On se rendort plus ou moins 1 heure. Entre le petit déjeuner (pendant lequel nous échangeons avec un jeune couple de backpackers) et le départ pour Köl-Ükök à 9h00, Manu achète un naan frais et cherche à re-créditer (non sans mal) son téléphone. Il s’avère en effet qu’aucune boutique à l’enseigne Mégacom ne délivre de crédit Mégacom !

    Une Sharan verte nous dépose avec un autre couple à quelques kilomètres, au départ de la marche. Les deux autres voyageurs ont prévu de monter à cheval et s’étonnent de nous voir partir à pied. Leur guide nous effraie un peu car il nous dit qu’il y a de nombreux passages de torrents, dont un que la pluie a rendu particulièrement difficile.

    La famille qui nous reçoit vit ici en été, avec sa grande fille de 19 ans, ses deux petits et des troupeaux de moutons de vaches et de chevaux. Elle possède 3 yourtes, dont 2 leur permettent de recevoir des touristes envoyés par le Shepherd’s Life de Kochkor. La vue d’ici est magnifique, une sensation de calme se dégage de cet endroit, qui surplombe la vallée, et notre présence ne gêne en rien les autochtones qui vaquent à leurs occupations quotidiennes. Les femmes préparent le repas, les hommes veillent au bétail et aux chevaux.

    Nous sommes de nouveau logés dans une yourte kirghize traditionnelle. Petite pause concernant la construction de ces yourtes : l’armature posée au sol est un treillis pliable de bois de saule, circulaire, interrompu par le chambranle de la porte. Les lattes sont maintenues entre elles par des liens en nerfs. Ce treillis est peint en rouge, et reste apparent à l’intérieur, à la fois décoratif par ses losanges et utile pour accrocher vêtements, armes, jumelles, sacs brodés, et sacoches… "Kirghize" signifierait "rouge" et c'est la couleur de l’étendard de Manas, le héros légendaire de l'épopée nationale.

    Sur cette armature, vont s’articuler les longues perches de la charpente dont l’amincissement et la courbure des bases rehaussent la paroi murale, arrondissant la liaison au toit, et offrent ainsi son élégance à la yourte kirghize. Au sommet les perches sont fixées sur un cercle de bois sculpté, qui est devenu l’emblème du pays, reconnaissable par deux séries perpendiculaires de trois sécantes. De longues sangles tissées maintiennent le tout comme des cordes. Une natte, colorée ou non, constitue la première couche, tout autour du treillis. Ces sangles et cette natte sont apparentes elles aussi de l’intérieur derrière les croisillons. L’armature est ensuite recouverte de plusieurs couches de feutre, enduit, ou protégé par une grosse toile tissée serré. Le sommet peut être fermé par un volet de feutre et de toile, ouvert ou rabattu à l’aide d’une corde maniée de l’extérieur. La porte orientée à l’est peut être à vantaux de bois, mais nous avons plus souvent vu un rouleau de feutre qui se coince par son seul poids en position ouverte, et fait rideau en position fermée. Ce rouleau est décoré de motifs géométriques traditionnels. Au sol, des tapis de feutre épais et des coussins colorés laissent le seuil à nu, là où vous vous déchausserez systématiquement. Vous pourrez rester en chaussettes. Au fond sont empilées les grosses couvertures, cachées par une tenture bariolée décorative, juste derrière la table basse rectangulaire, autour de laquelle chacun s’accroupit.

    Dans la yourte familiale, sur le poêle, nourri de bouses sèches, la mère fait cuire des nans pendant que la fille aînée est en train de faire le barrattage (ce qui permet de transformer la crème de lait en beurre ...)

    Après le dîner, nous allons voir comment la famille pose le filet de pêche. Les enfants nous accaparent un peu.

    Mardi 2 août 

    La nuit a été très courte. Nous avons bien dormi seulement les 3 premières heures. Le guide qui dormait à côté de nous a pourtant été exemplaire en matière de discrétion. Le toit de notre yourte s’ouvre à 7h50. Dix minutes de préparation pour être à l’heure au petit déjeuner. Ce matin, on nous sert de la semoule. Couca, la petite fille, nous faire bien rire à souffler sur ses petites mains pour se réchauffer et bien souffler également sur sa grande cuillère avant de la mettre dans la bouche. Des Australiens (de Tasmanie) nous rejoignent pour le petit déjeuner.

    9h00 : nous partons en direction du lac Kol Tor.  Nous marchons un peu et arrivons à la rivière claire et bruyante, vive et glacée. Brrr… il nous faut du courage pour nous laver (rapidement), mais nous savons que l’instant qui suit la toilette nous procurera une sensation de bien-être. La marche n’est pas très longue (3 heures pour nous) mais la dernière partie est très abrupte. Nous nous motivons par le spectacle qui devrait nous attendre tout en haut. Nous sommes en réalité un peu déçus. Tout est toujours une question de lumière. Et ce matin, le lac nous apparait vert laiteux, rien d’extraordinaire.

    Il y a une minuscule plage que nous ne manquons pas d’investir car en plus, nous ne sommes que tous les deux.

    Après notre pause déjeuner et sieste, nous entreprenons de faire le tour du lac. Nous pouvons initier une (première ?) rencontre entre nos crocs et la neige.

    A l’autre extrémité du lac, le sol est très meuble. On s’y enfonce facilement. Ici, il y a un troupeau de moutons et aussi quelques vaches. Nous mettons une heure à faire le tour. Le ciel se couvre régulièrement. Pour la descente, Manu est persuadé qu’il vaut mieux emprunter un côté plutôt que le chemin « habituel », ce qui s’avéra une grosse erreur : nous avons dû traverser plusieurs pierriers. Les parties en herbe sont guère plus faciles. A un moment, je me suis retrouvée face contre terre … j’avais mis la croc gauche dans une bouse de vache !

    Nous sommes arrivés à la yourte vers 17h00, ce qui a encouragé la famille à nous servir le dîner à 19h00. Avant, nous regardons quelques photos sur la tablette avec les enfants et la fille. Tchamou, le jeune garçon, nous explique, avec ses gestes d’enfants, qu’on tue les marmottes ici pour les manger et que c’est très bon. Nous mangeons des poissons grillés, pêchés pendant la nuit, préparés par notre famille. Le père nous demande si nous pouvons lui montrer des photos du festival.

    A 20h00, nous allons nous coucher. Il n’y a vraiment plus rien à faire à partir de 20h dans les jaïloos. La nuit sera longue sous notre yourte, mais le temps n’existe pas ici. Le tri des photos nous a permis d’attendre péniblement 20h30 pour dormir. Nous sommes de toute façon épuisés.

    Mercredi 3 août

    Nous avons dormi 11h30. Il y a eu régulièrement des petites averses pendant la nuit. Pour le petit déjeuner, nous sommes en compagnie de deux jeunes cousins israéliens. Ils refusent poliment le riz au lait. La fille prépare donc des pâtes qu’ils ne veulent pas non plus. Pour des voyageurs, ils ne me semblent pas très adaptables. Moi, je mange les deux du coup ! Nous entamons la descente à 9h00 pile. Dès le départ, un jeune chien nous suit. Il a une corde autour du cou, il a dû s’échapper du pieu auquel il était accroché. On ne peut pas l’approcher, il a manifestement peur de se prendre des coups. Nous entendons des sifflements de marmottes de tous les côtés, et souvent, nous réussissons à les voir. Manu essaie de faire des photos et est parfois gêné par le chien qui se précipite vers les marmottes pour jouer.

    Ce petit chien s’est finalement laissé approcher après plusieurs tentatives. Il est alternativement sur les talons de Manu ou derrière moi et nous pouvons le caresser. Il nous a juste abandonné quelques minutes car il avait trouvé une carcasse de marmotte à ronger.

    Nous croisons des chasseurs de marmottes munis de leurs grands crochets, avec lesquels notre chien de compagnie de la matinée repart. La descente se fait sans difficulté, jonchée de jolies fleurs de montagne et de champignons géants.

    Mes hanches commencent à me rappeler à l’ordre la dernière heure.

    Manu contacte Ainura par téléphone comme convenu pour la prévenir de notre arrivée afin qu’elle nous envoie une voiture pour nous rapatrier à Kochkor. Elle nous la promet pour dans 15 mn. Nous avons mis 5h15 à descendre. Les israéliens ont mis 1h30 de moins et ils attendent toujours une voiture du CBT. Grâce à son téléphone, Manu réussi à se connecter sa tablette à Internet et du coup, nous pouvons prendre contact avec le CBT de Kyzyl-Oi pour le prévenir de notre arrivée dans la soirée. Notre chauffeur arrive. Nous négocions le fait de pouvoir emmener les israéliens qui sont en attente depuis 2 heures maintenant mais ce n’est pas envisageable : ils sont du CBT, nous sommes de Shepherd’s Life. Je suis très embêtée pour eux de devoir les laisser en plein soleil… Nous avons fait plus de la moitié du chemin quand Manu reçoit un appel d’Ainura. Elle demande au chauffeur de retourner chercher les deux israéliens. Le chauffeur est très mécontent. Nous faisons demi-tour et repartons sur les chapeaux de roues secourir nos deux amis qui ne comprennent pas mieux que nous ce retournement de situation.

    Nous retournons à Kochkor le temps de refaire nos bagages, d’acheter quelques abricots (pas mûrs) et de l’eau, de retirer de l’argent et de recharger la carte téléphonique. ll est alors temps pour nous de quitter la petite bourgade vivante et commerçante de Kochkor. Puis nous nous mettons sur le bord de la route pour attendre une marshrutka … qui ne vient pas. Plusieurs chauffeurs de taxi se rapprochent de nous mais nous les écartons un moment jusqu’à ce que l’un d’entre eux nous propose un trajet partagé avec un autre homme pour 600 som, que nous acceptons. Je m’enfonce dans mon siège, heureuse de reprendre la route, de voir les paysages filer, de m’en remettre à cet inconnu et sa voiture mal en point, et tant pis s’il roule à toute bombe sur la route défoncée, je n’ai pas peur. Le trajet jusqu’à Chaek dure environ 2h15. Je m’installe confortablement pour dormir un peu, malgré les cahots de la route.

    Nous sommes obligés de nous protéger le visage car nous sommes envahis de la poussière de la piste. Le paysage change. Il est déjà 18h00 lorsque nous arrivons à Chaek. Il nous faut maintenant trouver un taxi pour Kyzyl-Oi. Très rapidement, un jeune homme nous propose de nous emmener pour 900 som, ce qui nous parait hors de prix. D’autres se joignent à lui pour descendre à 800. Nous proposons 600. Manu appelle le CBT de Kyzyl-Oi pour les prévenir de notre état d’avancement dans le trajet et en profite pour demander le prix habituel du trajet. Le responsable de ce CBT parle russe mais très peu anglais. Il réussit quand même à nous expliquer qu’une voiture viendra nous chercher dans une vingtaine de minutes, pour le prix de 500 som. Nous devons nous rendre devant ce que nous comprenons phonétiquement comme LCT banque, attendre une Honda dont le chauffeur s’appelle Kanak. En y allant, nous passons devant un jardin décoré avec des objets de récupération.

    Nous sommes abordés par deux enfants qui nous demandent de l’argent. Jok, Jok et Jok ! Notre chauffeur, accompagné de sa petite fille, arrive à l’heure attendue. Et c’est parti pour 1h15 de trajet divisé entre une quasi autoroute de 2 fois 2 voies pour la première partie et une piste pour la deuxième. Le coucher du soleil sur les falaises rend les paysages vraiment très beaux.

    Il est 20h00 quand nous arrivons. Artyk Kulubaev nous attend. Il a trois chambres à disposition, les toilettes et la douche à l’extérieur. Le dîner sera servi à 21h00. Nous nous précipitons sous la douche. L’eau chaude prévue n’était qu’un leurre … Internet n’arrive pas jusqu’à Kyzyl-Oi, nous ne pouvons pas donner de nouvelles. Nous vidons nos cartes mémoires avant de nous coucher, chacun dans notre « petit » lit.

    Jeudi 4 août

    Journée calme prévue. Je commence à rédiger ce carnet de voyage. Nous avons prévu de régler nos différents problèmes de photos. L’adorable petit chaton de la maison me tient compagnie toute la matinée.

    Dans la matinée, un russe nous demande si nous repartons vers Suusamir car il cherche à rejoindre cette ville avec sa femme. Au lieu de progresser, nous régressons. Nous avons d’énormes difficultés de compréhension du Mac, nous ne retrouvons plus nos fichiers. Les cartes mémoires ne sont plus lisibles. Nous avons le moral à zéro. Nous décidons de nous changer les idées en allant acheter de quoi déjeuner. Nous ne trouvons aucune boutique. Nous sortons du village et allons jusqu’à un pont suspendu au-dessus de la Jumgal, très agitée. Je ne suis pas du tout rassurée sur ce pont qui bouge au moindre mouvement.

    A notre retour, nous faisons la connaissance de Jonas et Nicole (24 ans), un couple de petits jeunes parisiens, qui prennent leur lunch dans notre guest house. Jonas est caméraman. Il fait des films pour des entreprises. Nicole travaille dans l’entreprise familiale qui gère plusieurs cinémas à Paris et est accessoirement comédienne. Ils vont se joindre au couple russe pour rejoindre Suusamir. L’attente est longue, les russes attrapent une voiture qui n’a que deux places, Jonas et Nicole continuent d’espérer. Nous, on se préoccupe de savoir ce que nous ferons demain. Nous décidons, sur les conseils d’Artyk, de faire une promenade à cheval. Nicole et Jonas nous indiquent une boutique (il faut rentrer dans le village, vers la gauche) et nous allons acheter de l’eau.

    Ils sont toujours là à notre retour. Nous attrapons nos maillots de bain car Manu a envie d’aller se baigner. Il s’y reprend à deux fois mais réussit à s’allonger quelques secondes dans cette eau glacée.

    Nicole et Jonas sont toujours là … Manu et moi allons faire une promenade autour du village après avoir été visiter une autre guesthouse où loge un couple français. Les couleurs de fin de journée commencent à nous offrir de beaux paysages. En arrivant au village, vous ramassons quelques tous petits abricots tombés par terre. Ils sont vraiment bons.

    Finalement, Nicole et Jonas ne partiront que demain matin. Ils partageront un taxi CBT avec un autre couple de français (1200 com le taxi). Du coup, nous dînons ensemble et passons la soirée avec deux autres français (ingénieurs, dont l’un est prof au Kazakhstan).

    Vendredi 5 août,

    Idriss, notre guide arrive à 9h00 avec les trois montures. Nous sommes prêts à partir sur les chemins kirghizes depuis 8h00 car nous avons voulu assister au vrai départ de Nicole et Jonas.

    Sur le chemin du départ, nous nous arrêtons dans la rue « commerçante ». Idriss, après avoir discuté avec un autre homme, nous demande la permission de rentrer plus tôt que prévu (18h00) car des jeux équestres ont lieu à 16h00. Manu a un très gentil cheval qui obéit au quart de tour au moindre mouvement de la bride ou des pieds. Le mien est gourmand, je dois en permanence lui rappeler d’avancer plutôt que d’arracher la moindre herbe qui dépasse. Nous apprécions le calme de la vallée et la lenteur du pas des chevaux… Puis nous nous engageons sur des chemins plus étroits, ouvrant des passages dans la montagne qui commence à s’imposer à nous de toute sa grandeur.

    Le jaïloo de la vallée de Char est vraiment très joli. C’est la moisson ici aussi mais tout est fait à la main ou à la charrette à cheval.

    Nous traversons de nombreux cours d’eau.

    Il est 12h30 lorsque nous atteignons l’endroit prévu pour notre déjeuner dans une yourte. Nous savons que c’est la dernière fois que nous pouvons faire cette expérience et nous ne voulons surtout pas la manquer.

    Aujourd’hui, c’est Darija qui nous accueille. Elle a trois filles et un garçon. Ce sont les deux du milieu Noraï et Aïjana qui l’assistent dans la préparation du déjeuner.

    Nous profitons de deux adorables petits chiots, dont nous avons ensuite un peu de mal à nous défaire.

    Nous déjeunons tous ensemble. Et grâce à nos tablette et ordinateur sur lesquels défilent notre famille, les personnes rencontrées, les lieux visités, les bouts de notre voyage, nous partageons des sourires complices et une proximité fugace et désintéressée.

    De retour à Kyzyl-Oi, on nous prévient que les jeux ne commenceront qu’à 18h00. Et puis finalement, les touristes attendus pour les jeux ayant eu un problème sur la route, ils sont repoussés au lendemain matin 8h00. Nous perdons de nouveau une carte mémoire au moment de transférer les photos de la journée. Cette fois, la transmission des photos n’aura pas eu le temps de se faire, nous n’avons plus aucun souvenir de cette belle journée …

    Samedi 6 août

    Nous sommes prêts à 8h00. Les joueurs s’entraînent jusqu’à 9h30 au moins car les fameux touristes se font toujours attendre. Quelle ne fut pas notre surprise de voir traverser le village à toute vitesse 5 4X4. Une vingtaine d’israéliens sans gêne investissent les lieux, parlant très fort, sans cesse, dont l’un d’entre eux manipulait un drone au-dessus des joueurs, polluant ainsi tous les échanges et les bruits de chevaux habituels durant ces jeux. Les jeux à peines terminés, ils sont repartis aussi vite et aussi bruyamment qu’ils étaient arrivés.

    Nous, nous avons fait une petite promenade jusqu’au cimetière, situé sur une colline. Nous avions une très belle vue du village.

    Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à l’épicerie pour essayer de trouver de quoi grignoter ce midi. Pas grand-chose … on se contentera d’un mini paquet de sticks au fromage et d’une barre chocolatée. On rentre vite car nous savons qu’après avoir refait nos sacs, il va falloir trouver une voiture pour nous remonter des gorges.

    Nos copions sur Jonas et Nicole : Manu met son sac bien en évidence sur le bord de la route pour nous signaler. Il est 14h00. On trouve un petit coin d’ombre pour s’assoir et on s’apprête à attendre. Artyk et sa femme viennent nous inviter avec insistance à prendre une collation. Pendant notre thé, nous voyons au moins de quatre voitures passer alors que de retour à notre poste de guet, plus rien du tout ! Manu s’évertue à comprendre comment connecter son appareil photo à sa tablette. Nous attendons depuis un peu plus de trente minutes quand une voiture s’arrête et nous propose de nous emmener pour 200 som chacun, un prix bas tout à fait inespéré. Je demande à Manu de vérifier l’haleine du conducteur pour être sûre de ne pas tomber sur quelqu’un d’alcoolisé. Apparemment non. Pour être prêt à parer au pire, Manu se met devant. Je le vois de temps en temps surveiller les yeux du chauffeur sous ses lunettes de soleil. A peine 10mn après être partis, le chauffeur s’arrête à un petit torrent … pour se rafraîchir la tête avant de faire pipi. Manu fait de même.

    Nous reprenons la piste avant de, très rapidement, nous arrêter de nouveau. Cette fois-ci, c’est pour nous cueillir quelques cassis sauvages.

    La piste est assez difficile. Le chauffeur s’évertue en permanence à éviter de gros trous. Souvent, il est obligé de se décaler complètement sur la gauche mais comme c’est une piste de montagne, la visibilité est très limitée. Une fois d’ailleurs, il a dû se décaler au dernier moment car nous avions une voiture en face. Nous trouvons la sortie des gorges un peu moins jolie que l’arrivée. Arrivés sur le plateau, nous traversons le village de Kojomkul. Ce village porte le nom d’un colosse de 2m 30 et 165 kg à la force démesurée et qui vécut ici (Kabauulu Kojomkul 1889-1955). Son mausolée surplombe le village et à l’extrémité de celui-ci on découvre un monument étonnant en forme de yourte érigé en 1924 à la mémoire d’un ami du géant et dont la légende affirme que l’énorme pierre qui le compose aurait été placée d’une seule main par le titan.

    Nous atteignons Suusamyr vers 15h30. Notre chauffeur va se renseigner dans une boutique : pas de guesthouse connue ici. Un chauffeur de taxi nous aborde. Manu redemande : Gasnitza (1) ? Apparemment oui puisqu’il nous conduit devant un portail fermé qu’il nous faut pousser pour se trouver devant deux petits qui appellent leurs parents. Nous avançons et apercevons un couple en train de peindre une petite maison. Manu s’assure que nous sommes bien chez Kubanychbeck Amankulov, le propriétaire de cette maison (selon les recommandations du Lonely Planet). La jeune femme nous répond « father ». Elle propose 1600 som pour le diner, la chambre et le petit déjeuner. En passant par le téléphone de Manu (pas de wifi), nous avons une très bonne connexion. J’en profite pour avoir Charlotte, puis Emilie qui se trouvent connectées sur Facebook, Manu avec Iris sur WhatsApp, avant d’aller nous promener. Heu … mais où sont mes lunettes … j’ai dû les oublier quelque part à Kyzyl-Oi … Manu aimerait bien avoir un point de vue un peu en hauteur pour photographier le village mais les montagnes sont trop loin.

    Nous allons jusqu’à un ruisseau qui nous empêche d’aller plus loin. De toute façon, le ciel gronde et est de plus en plus menaçant.

    En traversons la rue principale, nous arrivons à monter un peu. En nous posant quelques minutes nous assistons à plusieurs scènes de vie quotidiennes.

    De retour à notre chambre, nous essayons de trouver l’équivalent d’une salle de bain. Je ne veux pas déranger notre hôtesse qui paraît vraiment débordée. Elle court partout, semble essoufflée et ne fait pas cas de nous. Nous avions rendez-vous à 20h00 pour le dîner. Elle déboule en trombe à 19h30 pour nous prévenir que le dîner est prêt. Nous allons dans sa cuisine. C’est une ambiance fort désagréable qui règne dans cette maison. Les enfants sont livrés à eux même dans le « salon » pendant que la mère joue sur son téléphone portable ou écoute de la musique américaine. Il est évident qu’elle refuse tout contact avec nous. Nous avons à peine terminé de manger qu’elle vient nous réclamer son argent. Manu la paye et nous demandons où nous pouvons nous laver : pas de salle de bain. Les toilettes sont au fond du jardin.

    En voulant regagner notre chambre, nous croisons son mari qui sort d’une pièce avec plusieurs copains. La bonne connexion me permet de discuter un moment avec Béa. Manu fait des recherches sur internet concernant le Ladakh. Il hésite à suivre son plan initial car il a peur qu’il soit trop difficile pour moi. Dans la journée, il avait pris la décision de changer pour aller à Leh mais il ne reste presque plus de place d’avion et le billet est trois fois plus cher que prévu. La nuit risque d’être compliquée : pas de rideau (ni même un voilage) à nos fenêtres, lits petits, draps plus ou moins propres (heureusement que j’ai mon chèche qui me servira cette fois de drap de dessous), chambre des enfants jouxtant la nôtre, et lumière du couloir allumée pour sans doute rassurer les petits.

    Les enfants mettent beaucoup de temps à trouver le sommeil, même en présence de leur mère que nous entendons râler de temps en temps. Vers 23H00, elle reçoit un coup de téléphone. Je crois comprendre que son mari rentre …

    Dimanche 7 août

    Le petit déjeuner se déroule dans le même climat que le dîner de la veille. Cette fille est vraiment désagréable. Elle semble à la fois triste et débordée mais en aucun cas prête à recevoir des voyageurs. Elle vient nous dire que le taxi nous attend. C’est la meilleure ! Le chauffeur de taxi rencontré la veille est venu nous chercher de son propre chef. Le temps de faire nos sacs, nous le rejoignons pour négocier le prix du transport. Nous nous mettons très vite d’accord sur le fait que nous ne voulons pas qu’il nous emmène jusqu’à Bichkek mais seulement à l’intersection des deux routes. Il nous propose 700 som (350 chacun). Manu refuse car il trouve que c’est hors de prix. Le chauffeur, très bourru, n’essaie pas de discuter. Il repart mécontent.

    Nous marchons jusqu’à la rue principale. J’essaie d’arrêter trois voitures qui me font comprendre qu’elles s’arrêtent un peu plus loin au village. La quatrième s’arrête. C’est un particulier qui transporte déjà trois autres covoiturés. Il nous propose de nous emmener à Kara Balta pour 500 som pour nous deux. Manu hésite mais nous acceptons. Je m’apprête à monter la première mais je trouve que l’homme est un peu entreprenant. C’est donc Manu qui s’assoit et je me mets entre ses jambes. De toute façon, nous n’aurions pas tenu à 4 derrière. C’est certain maintenant, l’homme à côté de lui a consommé du Koumis de façon abusive ! Heureusement, il s’endort rapidement. Selon les virages, sa tête ballote de Manu à la dame d’à côté. Arrivés à l’intersection des deux routes, nous sommes surpris de voir que notre chauffeur ne nous arrête pas mais prend bien la direction de Bichkek. Manu vérifie sur sa tablette et réalise que Kara Balta est un village et non pas le nom de la fameuse intersection. Ce chauffeur va par conséquent nous faire passer le col de Teueu Achuu (3586 m). Nous prenons conscience de la mésentente concernant le prix du voyage avec le « vrai » chauffeur de taxi car le trajet est très long. C’est vraiment ce qu’on appelle une route à lacets.

    Les paysages sont « alpins », de chaque côté de la vallée parsemée de buissons et de cours d’eau, les montagnes, dépourvues de végétation, bordent la longue route qui file vers l’horizon et les sommets enneigés pointent ci et là. Au bord de la route, des yourtes ont pris place. C’est là que les fermiers viennent passer l’été avec leurs bêtes. Chacun vend du koumis en bouteille en plastique recyclée et des kourouts, fromages de vache secs en forme de boulettes sur les étals longeant la route…

    300 m avant le sommet du col, un tunnel long de deux kilomètres transperce la montagne. On l’emprunte. Le tunnel n’est pas très large aussi je ferme les yeux quand il y a un croisement en même temps qu’un dépassement. Aucune aération ni dégagement possibles en cas de problème.

    Il est 12h30 lorsque nous atteignons Kara Balta. Nous descendons du taxi pour sauter dans une marshroutka, remplie à 150% de ses capacités, qui nous pose à Bichkek pour 50 som chacun. Nous sommes redescendus à 700 m, la chaleur est revenue. Nous arrivons à Bichkek en début d’après-midi. Pas de problème cette fois pour retrouver Apple Hostel, qui est situé juste à côté de la gare routière.

    On nous attribue une grande chambre avec surtout une grande douche chaude. On s’y précipite avec grand bonheur. L’hôtel propose un service de laverie. Pour 200 som, on y fait notre première machine. La Wifi de l’hôtel n’atteint pas notre chambre qui est loin du routeur, il faudra trouver une solution ce soir mais en attendant, nous achetons deux galettes aux légumes près de l’hôtel et nous allons à pied dans le centre-ville. Aujourd’hui nous marchons d’un pas assuré, comme en terrain conquis, jusqu’à Osh Bazar où nous achetons quelques babioles (un petit carnet, des pinces crabes qui serviront de pinces à linge, une nouvelle paire de lunettes, de quoi grignoter : un grand yaourt à boire, une glace et une pâtisserie au miel). Un glacier ambulant rappelle à Manu sa passion des glaces et il ne résiste pas à en commander une à la jeune fille devant sa petite charrette. Elle ne propose qu’un seul parfum … vanille.

    Bichkek est une ville, terne et sans charme, aux formes carrées et aux rues perpendiculaires, héritées de l’ère soviétique. Bichkek était initialement une garnison militaire, ce qui lui donne cet aspect austère et ordonné. Pourtant la végétation est partout présente et de jolis parcs verdoyants s’insèrent entre les bâtiments massifs. La présence des bazars, la nonchalance des passants et un réel mélange ethnique entre kirghizes, russes, voyageurs, viennent trancher avec la sévérité soviétique. Et la société de consommation est bien arrivée jusque-là, les publicités sont ultra présentes, dans toutes les rues, sur toutes les façades…  Nous nous amusons à lire les panneaux en cyrillique. Manu est bien plus doué que moi. Après avoir trouvé un distributeur d’argent, nous rentrons à l’hôtel. J’essaie les pinces crabe pour étendre le linge : ça marche plutôt bien mais elles ont tendance à trouer le linge.

    Je peux appeler Charlotte et Emilie sur Face Time, ça fait du bien. Nous dînons au bistro de l’hôtel. Ce n’est ni plus ni moins qu’une cafétéria sans charme mais les prix sont les mêmes qu’en ville et il y a presque plus de Kirghizes que de touristes qui la fréquentent. Nous allons nous coucher après avoir trié quelques photos. J’ai du mal à m’endormir car l’hôtel est très bruyant. Lundi 8 août

    Nous avons rendez-vous à 9h00 car nous partageons le taxi de l’hôtel avec un couple italo (Dario) russe qui va comme nous à Ala Archa. Ce sont de vrais marcheurs et Manu échange beaucoup avec Dario qui est déjà allé 2 fois au Népal. Il nous donne d’ailleurs un contact à Lukla : Prakas 986 292 8344 raip8593@gmail.com (20$ all included/day+tip). Nous commençons la montée vers 10h30. Nous avons mis 3 heures pour faire 800 mètres de dénivelé. Pendant l’ascension, une des attaches d’une Croc de Manu a lâché …

    Nous partageons nos trois petites galettes achetées ce matin au Bistrot avant de partir. Manu a envie de monter un peu plus haut. Pendant sa grimpette, je peux profiter d’une grosse et grasse marmotte, installée comme un phoque, qui regarde les marcheurs, bien cachée. Je surveille Manu en même temps à la jumelle. Je ne sais pas ce qu’il va me ramener mais je le vois photographier quelque chose pendant de longues minutes.

    De retour de son escapade, Manu retrouve Dario et sa femme. Ils ont mis plus de temps que nous à monter mais ils sont très chargés.

    Manu me rejoint et nous apercevons un adorable petit animal dans les rochers. On se met à l’affût et on attend qu’il daigne ressortir, ce qu’il ne manque pas de faire, au bout d’un certain temps. Un pika : c’est comme un lapin mais avec des oreilles et des pattes postérieures réduites. La plupart des pikas utilisent les tas de pierres comme abri contre les intempéries et les prédateurs, donc rien d’étonnant à en trouver un là.

    Nous entamons la descente vers 15h30. Un couple de jeunes nous dépasse en courant. Ni une ni deux, les vieux ne s’avoueront pas vaincus ! Me voici partie en cùourant, Manu sur mes talons. Je sais qu’on les aura au passage du torrent : ils ont des chaussures de marche. Et ça ne rate pas, on leur met une mine pas possible. Ah ah ah ! Je suis allée tellement vite que Manu me propose de faire une pause, sinon on va attendre deux heures en bas puisqu’on a donné rendez-vous au taxi à 19h00. On s’arrête pour soi-disant observer les marmottes. Mais il n’y aura pas de marmotte. Nous avons une demi-heure à attendre le taxi, le temps de prendre en photo un adorable petit écureuil.

    Trop fatigués pour ressortir ce soir, nous dînons au Bistro. Nous retrouvons David à l’hôtel. Nino est dans la chambre, il a été bien malade ces derniers jours.

    Mardi 9 août

    Journée consacrée à régler différentes choses : réparation de la Croc, écriture du carnet, tri et exportation des photos.

    Apple hostel nous conseille un magasin d’informatique susceptible de réparer nos cartes SD. Nous attrapons un taxi en fin d’après-midi pour nous y rendre. Il se situe assez loin de l’hôtel et c’est l’heure de pointe… néanmoins, le taxi qui conduit bien et vite nous y dépose rapidement. Nous nous trouvons devant un immense magasin où, il fallait s’y attendre, tout le monde parle russe. Ils réussissent à trouver une des leurs qui a quelques notions d’anglais. Cette dernière nous conduit au sous-sol où les informaticiens ne sont pas très confiants. Nous attendons patiemment pendant leurs différents essais. A plusieurs reprises, ils nous répètent que la carte est vide. Nous insistons et ils finissent par retrouver nos photos de Kyzyl-Oi. Ils nous demandent 700 som de dédommagement mais nous sommes biens contents. Ceci dit, nous n’avons plus assez d’argent pour aller dîner alors il va nous falloir faire un nouveau retrait. A peine sortis du magasin, un kirghize qui sort de son travail nous propose de nous emmener à Osh Bazar. Je voudrais nous trouver des petits bracelets. Rien de typique, on se contente de deux vulgaires bracelets de perles. En sortant du marché, nous nous trouvons en plein milieu d’un règlement de comptes. Deux hommes se coursent et je me trouve sur la trajectoire du dernier qui me pousse violemment. Quelques minutes après, je craque un peu car j’ai eu très peur pendant quelques secondes …

    Une fois notre argent en poche, nous prenons de nouveau un taxi qui nous conduit au restaurant Faïsa, réputé comme étant un des meilleurs restaurants de la ville (conseillé par Dario). Nous sommes effectivement surpris par l’ambiance de ce restaurant : décoration intérieure, uniforme des serveuses. Nous sommes pris de panique lorsqu’on nous apporte la carte en russe … Nous nous apprêtons à essayer de trouver de l’aide sur internet via le téléphone lorsqu’une des serveuses, attentive, qui s’est aperçu de notre désarroi, nous apporte le menu en anglais. Ce que nous commandons est vraiment très savoureux. En boisson, elle nous a conseillé du Kompot : nous nous retrouvons avec un litre de jus de fruits secs que j’apprécie beaucoup. Ce qui est surprenant, c’est que, bien que ce soit un grand restaurant, le dîner était terminé en trente minutes !

    Nous vivons ensuite un moment mémorable en voulant demander à un taxi de nous raccompagner à l’hôtel. Il parle uniquement russe. Il nous propose de chercher de l’aide dans un café et nous accompagne. Le résultat est identique jusqu’à ce qu’un client, attablé devant deux peintes de bières, nous interpelle en prétextant parler « very very good english ». La situation est cocasse : il s’agit simplement d’aller tout droit pour rejoindre l’hôtel mais malgré tout, impossible de se faire comprendre. Nous leur montrons un plan sur Google Earth, nous faisons des gestes, un croquis sur une feuille … en vain. Et ils ne veulent pas nous laisser partir. Pourtant, au bout d’un certain temps, nous les remercions et les laissons. Le deuxième taxi semble mieux comprendre jusqu’à ce qu’il nous demande « Song Kul ? ». Nous pensons qu’il s’interroge sur le fait de savoir si nous sommes allés au Song Kul. Alors, pour lui montrer notre enthousiasme vis-à-vis de ce lieu et répondons en levant le pouce « yes, yes ». Il nous demandait juste si nous voulions nous y rendre … pauvres de nous, voici qu’il se met à héler ses collègues à la recherche de l’un d’entre eux qui pourrait nous y conduire. Heureusement, tout cela se passe à la gare routière, ce qui signifie que nous sommes arrivés. Nous sautons du taxi, évitons les rabatteurs et rentrons vite nous mettre à l’abri à l’hôtel.

    Nous voulons nous coucher tôt car notre avion partant à 6 heures, il faut envisager un départ vers 4 heures. Avant de se coucher, manu vérifie les vols. Il commence à s’inquiéter car nous ne voyons pas notre avion. En cherchant mieux, il s’avère qu’il est annulé ! Je laisse à Manu le soin de décrire la suite s’il le souhaite tellement nous avons vécu une situation de stress. Comme à chaque fois que je vis une telle situation, je suis complètement anéantie, ce qui n’aide pas à régler quoi que ce soit. Mais je me sens inutile et impuissante, je vois juste Manu se décomposer au fil des heures qui passent. Il est très énervé. Je m’effondre quand nous allons nous coucher vers une heure du matin, quand nous sommes sûrs que de toute façon, il n’y a plus rien à espérer concernant ce vol… J’entends bien Manu se relever deux ou trois fois mais je n’ai pas la force de réagir.

    Mercredi 10 août

    Je rejoins Manu à 9h30. Il est déjà dans le hall de l’hôtel depuis 3 heures à essayer d’avancer sur le problème. Il reçoit énormément d’aide d’une petite jeune de l’hôtel qui fait tout son possible pour faire avancer la situation. Nous faisons une pause petit déjeuner vers 11h00 puis retournons essayer de passer des coups de téléphone. Ce n’est qu’en fin d’après-midi que tout est réglé : nous partirons la nuit prochaine, par le même vol. En revanche, nous devrons passer une journée et une nuit à Istanbul pour enchaîner les deux vols suivants seulement le 12 car il n’y a plus de place sur le vol Istanbul Doha. Nous perdons deux jours sur le plan initial mais pas (trop) d’argent, au-delà des presque 100 euros dilapidés en téléphone…

    Il nous faut de nouveau retirer de l’argent car nous n’avons plus rien du tout. Manu voudrait bien essayer de trouver un cordon HDMI mais nous arrivons trop tard à Osh Bazar. Toutes les échoppes sont en train de fermer. Nous nous amusons pourtant à traverser des allées (chaussures et vêtements) de plus en plus étroites. Nous dînons au Bistro dès notre retour à l’hôtel et nous y restons un moment car nous avons une bonne connexion puis nous allons directement nous coucher.

    Jeudi 11 août

    Le réveil sonne à 3h45. Voir l’hôtel aussi calme me fait une drôle d’impression. Nous regagnons le taxi (que nous partageons avec David et Nino) à 4h00, dans une chaleur lourde et naissante malgré l’heure matinale. L’enregistrement a été vraiment pénible. Les files d’attente étaient complètement bloquées. La nôtre pour un problème informatique. Après un tour très rapide dans l’aéroport, nous confirmons que c’est le premier pays sans carte postale que nous visitons. Nous aurions aimé en écrire aux deux personnes sans connexion internet : Denise et Mme Roquigny. Au contrôle de police, une employée m’ordonne de laisser mes flacons qui doivent obligatoirement passer en soute. Ce sont pourtant des contenants autorisés à passer en cabine ! Manu me dit de faire comme si je n’avais pas compris et de les remettre dans mon sac. Je m’exécute bien qu’elle me surveille sans cesse du coin de l’œil. Quand nous quittons la salle, nous l’entendons râler alors nous partons vite nous perdre dans la salle d’embarquement.

    Lexique par fréquence d’utilisation

    Merci : Rha Rmat

    Bonjour : Salam

    Non : Djoke

    Oui : Ooba

    Assez, c’est fini : OOmén

    Guesthouse : Gasnitsa

    Marmotte : Tsouille

    Fille : Khris

    Garçon/homme : Erbek

    Femme : Ayal

    Au revoir : Jaqshi Kaliniz

    Yourte : Bosoï

    Jumelles : Ubeuleu

    Père : Ata

    Mère : Apa

    Sœur : Edge

    Chat : Milchak

    Quel est ton nom : Atemguin

    Je suis désolé, je ne comprends pas : Mén tushunbeudum

    Lait : Malok

    Crème : Kaïmak

    Outre à Koumis : Tsava




    Carnet de Manu

    23/07/16

    Voilà, nous sommes partis… C’est un départ qui a été pensé, rêvé, fantasmé d’une certaine manière depuis si longtemps, au moins douze ou treize ans, ce n’est pas rien. Un départ qui ne s’est pas aussi bien passé qu’on aurait pu l’espérer, la faute au colossal nombre de choses auxquelles nous avons dû penser depuis plusieurs mois, plusieurs semaines, plusieurs jours. Nous avons terminé (et encore, “terminé” est un bien grand mot tant nous aurions pu ou dû faire davantage encore) ce matin vers 2h, épuisés et hagards, après avoir géré mille et une choses de toute nature et de tout degré d’importance, de la réservation de la première guesthouse au nettoyage de la petite toile d’araignée dans le plafond du couloir, en passant par la vérification de la mise en place du mode “international” toujours pas activée sur l’une de nos cartes de crédit.

    Maintenant, dans l’avion qui nous emporte vers Madrid, notre première et très courte escale, nous profitons d’un premier moment de baisse de tension. Il ne s’agit pas encore d’une projection vers la suite, à laquelle on ne pense finalement pas tant que cela en dehors des questions immédiates d’organisation, encore moins d’un “lâcher-prise” définitif, plutôt quelque chose comme un sas de décompression.

    A ce stade d’ailleurs, Isabelle ne connaît toujours pas notre première destination, que nous appelons toujours “le pays secret”. Le mystère sera bientôt levé, et d’ailleurs les indices s’accumulent. Nous avons en effet dû enregistrer les bagages ce matin jusqu’à Istanbul, et cette information n’est pas passée inaperçue -d’autant que plusieurs attentats suivis d’un coup d’Etat militaire on secoué la ville ces derniers mois, et mis le tourisme turc au plus mal. Istanbul sera la dernière escale avant le pays secret, que nous n’atteindrons qu’après-demain. Comme je l’ai signalé à certains membres de la petite troupe nous ayant accompagnés à l’aéroport ce matin, le pays secret n’est principalement accessible que d’Istanbul et de Moscou, ce qui réduit d’autant les possibilités. De surcroît, le mystère a été en partie levé auprès de certains du fait que j’ai offert à Isabelle, comme cadeau de départ, un sticker recouvrant la totalité du capot de notre ordinateur portable, sur lequel se trouvent imprimés les drapeaux de (presque) tous les pays que nous traverserons, à commencer bien sûr par le pays secret en question. Internet aidant, il n’a pas été difficile aux plus alertes de trouver la solution.

    11/08/16

    Pendant ces deux dernières semaines et demie, je n’ai jamais trouvé le temps de déplier mon clavier pour rédiger, ne serait-ce que quelques lignes de ce carnet de voyage.

    Hasard ou similarité des circonstances, c’est à nouveau dans un avion, et de surcroît sur un vol court, et presque tout aussi fatigué que la dernière fois, que je reprends le cours du récit. Vol dans lequel je n’avais d’ailleurs pas prévu que nous nous trouvassions (difficile de laisser passer cette opportunité d'imparfait du subjonctif), vu que ce dernier a été annulé subrepticement par AtlasGlobal, la compagnie low cost turque qui propose des tarifs imbattables vers le pays secret, ce qui nous a valu une belle frayeur, deux jours de perdus entre Bichkek et Istanbul, et une énorme dépense d’énergie pour arriver à résoudre le problème: des dizaines de coups de fil au Qatar, à Istanbul, Paris, en Belgique ou en Amérique du Sud (si, si!), souvent avec des personnes ne parlant que le Russe ou le Turc, presque 20 heures non stop de connexion intermittente pour tenter de suivre l’avancement de notre dossier sur Internet, avec des validations successives, bonnes ou mauvaises, qui s’effaçaient au fur et à mesure; et une facture de près de 100 euros chez SFR pour conclure.

    Nous nous apprêtons donc à repasser une journée à Istanbul, une sorte de copier/coller de celle d’il y a 20 jours, sur laquelle je ne m’attarderai pas tant il y a peu de choses à dire: nous avons joué les touristes a minima, c’est-à-dire que nous avons bouclé à pied un petit tour du bazar à sainte-Sophie, des jardins du Topkapi au détroit du Bosphore, dans un pays tournant au ralenti et semé de restaurants désertés après les multiples attentats de ces derniers mois, et c’est à peu près tout.

    Puisque nous venons de le quitter, le temps est donc venu de dresser le bilan du pays secret, pays qui a finalement bien porté son nom puisqu’Isabelle n’en a su le nom (à peine connu auparavant, au moins dans son orthographe ou sa prononciation) qu’après en avoir découvert les premiers caractères structurant, à savoir le type ethnique de ses habitants, non seulement à Istanbul lors de l’embarquement, mais aussi à l’arrivée à Bichkek.

    Evidemment, presque personne en France ne sait que la capitale du Kirghizistan, puisqu’il s’agit de lui, se nomme Bichkek. Personne non plus n’en soupçonne l’étendue ni le niveau finalement assez élevé de développement, en particulier dans sa partie résidentielle centrale.

    Pour Isabelle, le mystère ne s’est finalement résolu que quelques heures après l’atterrissage, lorsqu’il s’est agi de tirer nos premiers soms (la monnaie locale, orthographiée “com” en cyrillique) dans un distributeur bêtement intitulé “Kirghiz Bank” ou quelque chose comme cela. Jusqu’alors, elle pensait se trouver dans une sorte de péri-Mongolie, ce qui n’est au fond pas tout à fait faux quand on considère à la fois la géographie physique et la géographie humaine du pays. C’est d’ailleurs bien sur ces critères que je l’avais choisi comme pays initial de notre tour du monde: les pays tropicaux, les destinations lointaines et les treks en haute montagne s’y trouvaient en quantité suffisante, mais pour plus de contraste, l’ensemble manquait un peu de steppes ouvertes, d’alpages d’altitude, et de vie nomade.

    C’est bien ce dont nous avons pu profiter pendant ces deux semaines dans ce pays qui est aussi celui du khymys (ou koumis, lait de jument fermenté typique de l'Asie Centrale), de la confiture de myrtille et d’abricots, des tables mises sans couteaux, et des Sharan verts.

    Pour nous, le premier étonnement est venu de l’isolement linguistique quasi-total, même dans les rares endroits du pays considérés comme touristiques (tout est relatif). Pour le faire comprendre simplement, on peut dire que parler anglais au Kirghizistan (ou a fortiori français), c’est à peu près aussi utile que parler chinois (ou a fortiori japonais) en France: cela ne sert à rien au quotidien. La seule langue véhiculaire qui compte, c’est le russe. Mais bon, le russe, cela ne s’apprend pas du jour au lendemain, et malheureusement, ma préparation avait été trop courte pour que nous nous munissions d’applications de traduction qui, tout bien considéré, auraient pu être bien utiles.

    De surcroît, les références culturelles sont tout de même très différentes (et le bon sens ne semble pas non plus correspondre), ce qui fait que jusqu’à la fin du séjour, nous nous sommes montrés incapables de faire comprendre aux passants ou aux chauffeurs de taxi (souvent improvisés), des concepts aussi simples et utiles que celui de “gare routière” (même en répétant à l’infini l’un des seuls mots retenus, celui de “Marshrutka” en montrant simultanément la photo aérienne d’un bâtiment entouré de dizaines de minibus tiré de Google Maps).

    Au final c’est plutôt amusant, car au moins, on sent que le pays n’a pas du tout été, jusqu’à présent, perverti par le tourisme. Le tout est de passer le cap des premières heures et d’arriver à trouver le premier CBT ou équivalent (sorte d’office de tourisme coopératif local), ensuite on comprend mieux le fonctionnement du pays et on s’adapte. Nous avons tout de même connu un grand moment de solitude à notre premier restaurant, devant un menu sans photo entièrement rédigé en cyrillique, sans aucune référence lexicale commune et dans l’incapacité même de distinguer les plats des boissons (sans parler des entrées et des desserts…)

    Notre périple a commencé par deux petits jours de repos à Tamchy, sur la rive nord (réputée la moins intéressante) du lac Issyk-Kul, qui sert de lieu de villégiature aux habitants de tout ce qui se trouve vers le nord justement, à savoir les Khirghizes relativement aisés, mais aussi les Kazakhs et les Russes. Je m’attendais d’ailleurs à voir davantage de Russes, d’après ce que j’avais lu, en fait ils sont en forte minorité, au moins à cet endroit. Je m’attendais aussi à ce la fréquentation soit plus importante, dans le genre Palavas-les-Flots version locale. En fait, Tamchy n’est qu’une sorte de bourg bordé d’une plage assez longue mais de qualité médiocre: c’est Cholpon Ata, situé 30 kilomètres plus loin sur la même rive, qui concentre de loin le plus gros des activités touristiques.

    J’avais lu que Tamchy était kitsch, et c’est vrai: vendeurs ambulants de sucreries bon marché (ou, plus étonnant, de poissons séchés), bouées en plastique criard, pédalos moulés en forme de cygne abondent, ainsi que quelque rares speedboats, jet skis, ou parachutes ascensionnels. On peut se baigner dans de l’eau entre 18 et 20 degrés en pataugeant sur un fond de plage tendant du sable vers le gravier, ce n’est pas terrible mais on ne trouve rien de mieux à moins de quelques milliers de kilomètres. Ici, c’est l’Asie Centrale, et le concept d’océan est inexistant. Nous devons d’ailleurs nous trouver pas très loin du point du globe le plus éloigné de toute côte maritime, il faudrait vérifier.

    Un peu reposés et ragaillardis, nous nous sommes ensuite dirigés vers Kochkor (à prononcer “KoTchkor”, à la russe), en faisant preuve de plus d’assurance dans le choix de nos Mastrutchkas, et en évitant sans peine les rares propositions de “taxi” opportunistes. La seule petite difficulté à consisté à changer de véhicule à Balytchy (ville morne flanquée d’une immense usine désaffectée), de marcher quelques centaines de mètres pour aller jusqu’à la bonne route, et de pisser derrière un buisson entouré de chiens errants.

    Kochkor est une petite ville sans charme mais assez typique d’où il est très facile d’organiser certaines des excursions les plus classiques du pays, et notamment celle qui mène vers le réputé lac Son Kul (ou Son Kül, ou Song Kül) et son collier intermittent de yourtes et de troupeaux de chevaux et de moutons. C’est aussi ce que nous avons fait, comme la quasi-totalité des touristes de passage. La principale source de variation tient à l’intermédiaire choisi. Pour ce qui nous concerne, il s’est agi de Shepherd’s Life, réputé localement plus sympa que le CBT, dont le “bureau” (il s’agit d’une sorte de petit Algeco local) se trouve à quelques mètres de distance. Shepherd’s Life est tenu par une petite bonne femme très abordable et énergique qui gère son business de main de maître, jonglant entre les différents intermédiaires, sa propre maison qui sert de guesthouse à quelques pas de là, et ses proches qui gravitent autour (sa soeur vient occasionnellement faire la cuisine, son mari sert de chauffeur -à moins que nous ayons mal compris). Tout le monde dans les parages semble connaître Ainura et son réseau. Au final, pour notre part, nous l’avons trouvée vraiment très efficace mais manquant un peu de chaleur, surtout par comparaison avec les personnes que nous avons eu l’occasion de croiser plus tard dans les yourtes.

    Aussitôt arrivés, Ainura a cherché à nous rabattre vers la proposition touristique de base, à savoir la montée à cheval en trois jours au Son Kul avec nuit en yourte avant le passage du col. L’affaire se compliquait un peu du fait de la tenue d’un grand festival de l’autre côté du lac seulement trois jours après notre arrivée à Kochkor. Du coup, mon plan initial, qui consistait à d’abord tester la résistance d’Isabelle (et surtout de sa hanche) sur une randonnée plus courte d’une ou deux journées tombait à l’eau. Bon; il faut savoir saisir les opportunités quand elles se présentent, et donc nous nous sommes lancés directement pour quatre jours au Son Kul commençant par deux de cheval, advienne que pourra… J’ai tout de même eu l’excellente présence d’esprit d’insister pour que nous passions par un autre col que le col habituel: celui que j’ai demandé, plus direct et plus raide, permet en effet d’atteindre la rive ouest du lac, plutôt que de passer par l’est plus fréquenté, ce qui s’est plus tard révélé crucial pour la réussite de notre séjour au Son Kul.

    Nous n’avons pas été gâtés par le temps. Il a fait anormalement froid et pluvieux à partir du moment où nous sommes partis, au point que notre guide accompagnateur, l’ambitieux et sympathique Amantur, a semblé nous trouver vraiment sous-équipés pour l’expédition.

    Emmitouflés dans nos doudounes et nos coupe-vents, nous sommes tout de même partis au pas de nos chevaux un peu récalcitrants et pas mal fainéants, juchés sur des selles de fortune et chaussés d’étriers pas très bien ajustés; nous avons appris à répéter inlassablement “tchuk….tchhh...tchhhu… tchhht” et à jouer occasionnellement de la cravache, seul moyen véritablement efficace pour lancer nos montures au trot sur quelques foulées. La montée a été raide, c’est vrai, mais moins que ce que j’attendais, et la randonnée à cheval n’a posé aucune difficulté (même pas mal aux fesses ou au dos, ou à peine, au bout de deux jours). Il suffit de bien s’accrocher au pommeau (quand il y en a) et se pencher en arrière puis en avant au passage des torrents, et le tour est joué. Parfois, le cheval dérape ou manque un pas, mais si on n’est pas en train de prendre une photo au même moment, en général, on n’est pas trop déséquilibré.

    Les premiers paysages ont été gâchés par un ciel très couvert et une pluie fréquente sur toute la première journée, si bien que même la première vue sur le lac n’a pas été aussi majesteuse qu’attendu.

    La première arrivée en yourte a en revanche été un grand moment: nous avons découvert ce qui est ensuite devenu notre quotidien pendant une petite semaine: tissus multicolores, chaleur du “chai” (thé) servi inlassablement par les maîtresses de maison, amas de matelas et couvertures pliés et repliés à chaque nouvel hôte de passage, proximité des chevaux et des troupeaux, nourriture abondante et savoureuse… et cabinet d’aisance consistant en un trou plus ou moins profond entouré de quatre murs de planches peintes, un peu comme une mini-cabine de plage plus ou moins nauséabonde.

    On sentait là une agitation inhabituelle liée à la proximité du festival, de nombreux kirghizes, famille éloignée, hôtes aidants (concept peu usuel en France, les “invités” payant leur passage en nature en participant aux tâches ménagères et agricoles), convergeaient vers la rive opposée du lac où devaient se tenir les festivités. Nous étions bien assez nombreux pour organiser un petit match de football sous le crachin, toutes générations confondues, dans une bonne ambiance et un air tout de même raréfié par l’altitude de plus de 3000 m. Altitude qui s’est rappelée à nous lors des premières nuits, d’abord sous la forme d’un froid glacial dès le soleil couché, puis sous la forme de manifestations légères de mal des montagnes (céphalées diffuses, insomnies à rallonge au milieu de la nuit malgré la fatigue accumulée).

    La seconde journée a été plus clémente, nous avons pu profiter par moments de panoramas superbes et grandioses, et la course des nuages, pour frustrante qu’elle pouvait être pour la photographie des paysages, nous mettait directement en relation avec le ciel, composante essentielle du décor, avec les rivages du lac, les montagnes tout autour, et les immenses pâturages semés de loin en loin de groupes de chevaux plus ou moins dispersés.

    Le cheval fait ici partie de la vie comme la télévision dans la vie des occidentaux ou le smartphone dans la vie des jeunes. Il est partout, petit ou grand, blanc ou brun, apprivoisé ou d’apparence demi-sauvage, mais presque toujours utile pour l’alimentation (la boisson institutionnelle locale, le khymys, est fabriquée à partir de lait de jument), le transport, le prestige ou l’activité de loisir (beaucoup de jeux et sports locaux sont basés sur l’agilité ou l’endurance à cheval).

    Le second jour, nous avons aussi eu la chance de tomber sur une famille d’accueil particulièrement chaleureuse et authentique (pour autant que nous ayons pu le mesurer) tous sexes et générations confondues. D’une manière générale, et bien que la répartition des tâches soit extrêmement “genrée”, la vie des nomades nous a semblé un exemple d’harmonie et de respect mutuel. Il y a en principe un ordre à suivre (par exemple, dans l’aménagement des yourtes, les femmes à droite, les hommes à gauche, l’utilitaire à l’avant, le prestige à l’arrière), et tout cela semble très naturel et source de paix.

    Le troisième jour c’était le festival. Pour être honnête, nous n’avons pas trop aimé. Les temps morts étaient nombreux et tiraient en longueur, nous n’avions aucune compréhension de la séquence des activités, et les spectateurs étaient peu disciplinés (nombre d’entre eux traversant la zone de spectacle à tout moment pour des raisons obscures) et pour certains bien enivrés et bien énervés (heureusement, la police était présente en grand nombre et visiblement habituée à contenir les débordements). Les activités à caractère sportif (lutte à cheval ou à pied, cavalcades) nous ont finalement moins intéressés que les spectacles de chant et de danse qui présentaient au moins l’avantage de nous montrer quantité de costumes magnifiques. Nous avons tout de même mitraillé dans tous les sens, la foule autant que les numéros, ce qui nous a par la suite occasionné pas mal d’heures de tri; le FZ1000 a commencé ici à justifier de son encombrement et de son prix.

    Le quatrième jour a été semi-avorté. Sous une pluie incessante, nous sommes redescendus à Kochkor pour une journée de transition, petits achats, douches et connexion internet pour donner de rares nouvelles et tenter de réparer les innombrables pépins techniques qui ont pourri le début de notre séjour, entre matériel incompatible, cartes mémoires défectueuses, et applications inutiles ou dysfonctionnelles.

    Après cette journée de transition, nous avons passé deux jours et demi (dont deux nuits en yourte d’altitude) aux lacs Kol Ukok et Kol Tor; Cette fois nous sommes partis à pied, d’une part parce que la randonnée équestre est de loin la source de coût la plus importante dans un voyage de ce type, et d’autre part parce que c’était là un moyen d’évaluer notre capacité de trekkeurs dans la perspective plus lointaine des expéditions dans l’Himalaya et les Andes. Assez peu documentés sur la randonnée en question, nous avons été un peu troublés de voir que presque tous les marcheurs (peu nombreux) rencontrés sur le chemin, et en particulier ceux avec lesquels nous avions partagé le taxi pour venir jusque là, étaient plus rapides et plus endurants que nous, ce qui a été l’occasion d’une assez grande remise en cause dès le premier soir… avant de rélaiser que la “grimpette” en question faisait tout de même 1000 mètres de dénivellé positif, et que peu nombreux étaient ceux qui, comme nous, enchaînaient dès le lendemain vers le lac glaciaire situé encore 400 mètres plus haut.

    Absolument ravis par le paysage, le soleil retrouvé et la compagnie d’une famille d’accueil adorable, nous avons choisi de rester deux nuits plutôt qu’une et n’avons jamais regretté ce choix. Mises à part les difficultés physiques d’Isabelle à monter, ou bien pour des questions d’endurance (environ 7 heures de marche le premier jour) ou bien d’agilité sur les passages de pierre, cette randonnée a été une belle réussite et l’occasion de contempler les paysages les plus spectaculaires du pays (du moins parmi ceux que nous avons vus). De plus, en dehors de la fatigue de la marche, nous n’avons eu que des problèmes physiques mineurs. Notre équipement, en particulier nos sacs, chaussures et vêtements, nous ont donné toute satisfaction, et nous nous sommes progressivement habitués à traverser plus facilement que d’autres pourtant plus expérimentés les différents torrents parsemant le parcours.

    A la suite de cette randonnée couronnée de succès, nous avons réussi le petit exploit d’enchaîner dans la même journée la redescente du lac (un peu plus de 5 heures), le retour à Kochkor, le réaménagement des sacs (à chaque fois que nous partons en excursion, nous laissons une partie de nos affaires à notre base de départ), et surtout un improbable trajet de plus de trois heures en deux voitures successives négociées à un excellent prix au bord de la route, le tout pour arriver dans un petit village niché entre deux gorges qui sera l’occasion de nous donner du pays une image encore différente de celles, pourtant déjà assez variées, que nous avions constituées jusqu’alors.

    Dans ce village de Kyzyl Oï nous finirons par rester deux jours et trois nuits: l’occasion de croiser quelques routards égarés dans cette cuvette, dans l’attente d’un improbable lift au bord de la route (camion, tracteur, berline ou break locaux), et se résignant parfois à rester une nuit supplémentaire pour retenter leur chance le lendemain; l’occasion aussi d’une nouvelle randonnée équestre, champêtre et solaire, en compagnie d’Idriss, personnage sympathique et liant, quoique pas plus anglophone que les autres, que nous retrouverons le lendemain officiant comme arbitre de jeux équestres du village; l’occasion aussi de découvrir une autre face du Khirghizistan, souriante et rurale, s’organisant dans le cadre grandiose des parois de montagne striées d’ocres et rouges, autour des travaux agricoles, de la vie de village et du tracé parallèle de la rivière grondante et de la route menant d’un nulle part à un autre nulle part.

    A trois ou quatre jours de notre billet d’avion suivant, j’ai pensé qu’il était sage de prendre le chemin du retour, d’autant plus que le trajet s’annonçait carrément incertain: après une matinée de jeux équestres s’étant déroulés dans une agréable ambiance très bon enfant (quoique gâchée sur la fin par une bande d’Israéliens sans-gêne déboulant d’une dizaine de 4X4 flambant neufs), nous étions prêts à attendre n’importe quoi entre 10 minutes et 2 jours, servis de thé presque d’autorité par la famille notre hôte et personnage central du village, Artyk.

    Nous avons eu de la chance; pour un prix très raisonnable, nous avons été convoyés par un conducteur mangeur de cassis et pisseur de bord de route, vers le village de Suusamyr dont nous ne savions pas grand chose et pour cause: il n’y a pas grand chose à en savoir. Nous avons eu du mal, malgré les panneaux du bord de route, à trouver l’unique “gastinitsa” (guesthouse en russe) du village, où nous avons été, pour la seule fois du séjour, mal accueillis et pas très bien nourris. Dans certains guides, il existe peut-être une confusion entre le village de Suusamyr, que nous ne conseillerions pas, et la vallée de Suusamyr, qui désigne la région alentour, que nous n’avons pas visitée, mais qui offre peut-être d’intéressantes possibilités de randonnée, entourée qu’elle est de chaînes de montagne (un peu lointaines mais bien visibles avec leurs chapeaux blancs) de tous les côtés.

    12/08/16

    Nous sommes partis de là aussi vite que nous y sommes arrivés, dès le lendemain matin, après nous être débarrassés d’un chauffeur de “taxi” un peu trop entreprenant. Marchant quelques minutes le long de la route, nous avons fini à l’arrière d’une vieille Audi comme il y en a tant dans le pays, serrés à quatre en compagnie en particulier d’un saoûlard impénitent gavé de khymys, s’endormant par intermittence, et se réveillant de temps en temps pour tenter d’entamer la conversation en russe ou pour se payer un coup de vodka au bord de la route.

    Du fait de ce départ précipité, nous nous sommes retrouvés bien en avance à Bichkek, pour trois nuits (croyions-nous) qui se trouveront en définitive être quatre. La première journée a été largement consacrée au repos, et au règlement (partiel, trop partiel) de nos pépins informatiques récurrents. La seconde nous a vus explorer les vallées proches du parc d’Ala Archa, pour une marche vers une cascade (Ak Saï) que nous n’aurons finalement vue que de loin, mais qui nous aura tout de même permis d’enchaîner avec facilité un dénivelé positif puis négatif de plus de 800 mètres; marche agréable mais peu différente de ce que nous aurions pu faire dans les Alpes ou les Pyrénées. La troisième journée nous a permis de ralentir un peu le rythme, pour la première fois depuis notre départ, et de récupérer in extremis, à quelques minutes de la fermeture, la plupart de nos photos perdues de Kyzyl-Oï, grâce au concours efficace mais pas désintéressé de deux sortes de hackers russes travaillant au sous-sol d’un magasin informatique. Le quatrième, horrible aura été intégralement (sans doute près de 21 heures sur les 24 que compte la journée) occupée à régler, d’une manière pas très satisfaisante d’ailleurs, les conséquences de l’annulation imprévue du premier des quatres vols enchaînés qui devaient nous permettre de poursuivre notre parcours. Le seul avantage (mineur) étant que cette extension forcée nous aura permis de prendre nos habitudes entre la petite guesthouse bruyante, mais plutôt sympathique et centrale où nous nous trouvions, et la cafetaria attenante, vendant des plats appétissants et très bon marché, et fréquentée d’une majorité de travailleurs locaux.

    L’heure du bilan au sujet du Kirghizistan est donc venue; et on ne peut pas dire que la destination nous ait surpris de manière extrême, par rapport à ce que j’en attendais et qu’Isabelle a pu commencer à en imaginer à partir du moment où elle a appris que nous nous trouvions dans une sorte de petite Mongolie. Au-delà de l’extrême isolement linguistique dont j’ai déjà parlé, et pour formuler les choses de manière synthétique, je dirais tout de même que ce pays nous a permis de prendre conscience que l’Asie existe; je veux dire, une Asie qui ne se réduit ni aux charmes de l’extrême-Orient, ni aux affres du proche-Orient, ni à la domination économique de la Chine. Une Asie qui mérite pleinement son nom d’Asie Centrale, ethniquement sino-mongole, culturellement nomade (on trouve là les descendants des Huns), et politiquement russe. Sur le plan religieux, le pays n’est pas bien cernable. Notre guide de Kochkor, Amaan(tur), qui venait de terminer des études d’anthropologie, nous a parlé d’un certain clivage (peu apparent pour nous) entre le nord, plus animiste, et le sud, plus musulman. Nous n’avons pas assez parcouru le pays pour confirmer ce point. Partout, nous avons vu des femmes dans l’ensemble peu voilées, des mosquées plutôt jolies, de larges cimetières sur les tombes desquelles figurent de belles gravures des défunts, et une vie de ville ou de village qui ne semblait que peu affectée par la religion. Apparemment, le pays est plutôt en voie de développement économique, et les infrastructures (téléphonie mobile, routes, électricité) progressent bien. On retrouve comme partout une opposition assez forte entre le monde des villes, plus affairé et plus artificiel, et le monde des villages, toujours très agricole et authentique.

    Nous n’avons senti aucun problème de sécurité. Les khirghizes semblent tout de même assez rudes (nous avons assisté, de loin, à plusieurs situations un peu tendues, pré- ou post- échauffourées) et occasionnellement passablement alcooliques. Mais dans les villages, et surtout dans les familles d’accueil, on se sent vraiment bien entourés: pas de harcèlement sur les marchés, pas d’hostilité ou de jalousie apparente envers les rares touristes.

    Sur le plan touristique justement, le pays est encore très peu développé, surtout eu égard à son potentiel. Pour des raisons peu expliquables, la grande majorité des voyageurs parcourant le pays (au-delà des Kazakhs et des Russes, qui s’y fondent) sont des routards français. On croise aussi quelques Israéliens, des Slovènes, puis toute une variété de nationalités qu'on trouve sur à peu près toutes les routes de voyage, dont nous n’avons rencontré que quelques représentants disparates (Australiens, Canadiens, Scandinaves, etc.) Ce qui est frappant est qu’on ne croise aucun touriste de plus de cinquante ans: il n’y a là presque que de jeunes backpackers plutôt cools, qui ne se différencient en apparence que selon leur expérience plus ou moins grande du trekking.

    Sur le plan gastronomique, le Kirghizistan est un pays agréable: beaucoup de viande (parfois un peu grasse, mais bien cuisinée, notamment lorsqu’elle est grillée), et des plats toujours à base de produits frais et locaux: légumes, fruits, fruits secs, laitages et servis en abondance, le matin comme le soir. Le khymys est à mettre à part: c’est un peu comme du lait mélangé à de l’alcool, du vinaigre et de l’Efferalgan: pour des palais peu habitués, cela agit comme un vomitif léger, mais au final, j’ai tout de même réussi à en boire une demi-tasse (Isabelle a abandonné plus vite). Il y a aussi cette curieuse habitude, plutôt plaisante, de toujours recouvrir les tables à manger de coupes de gateaux, pains, confitures et bonbons, ce qui donne un sentiment d’abondance et de bienvenue. Et bien sûr, s’il ne s’agit pas encore d’un pays de riz (le pain, parfois légèrement sucré, constitue la principale source de céréales), il s’agit incontestablement d’un pays de thé, ce “chaï” qu’on sert et ressert à l’occasion jusqu’à ce qu’un “Omén” accompagné d’un mouvement de mains, comme une petite prière, signifie que l’on a bu son content.

    Je ne considère pas qu’on trouve là les paysages les plus spectaculaires que nous ayons eu l’occasion de voir. C’est beau, assez vierge et intact (au-delà des pylônes électriques et des installations industrielles éparses), grandiose parfois, mais pas absolument délirant. Beaucoup de paysages de montagne nous ont rappelé le Maroc ou plus simplement les Alpes. Certaines scènes plus champêtres nous ont fait penser au Caucase, à la Roumanie ou la Moldavie (que nous ne connaissons pas, il ne s'agit donc que d'une correspondance au tableau imaginaire que nous nous en faisons). Nous avons aussi eu l’occasion de repenser, caricature mise à part, au film Borat, mentionné à juste titre par Papierre sur Facebook lorsqu’il a appris notre destination.

    La différence se fait sur les paysages ouverts de pâturages semés de troupeaux et de yourtes. C’est là l’image spécifique que nous garderons du pays. Certes, on peut dire que le principal espace de ce type, la zone générale du lac Son Kul, est devenu un petit peu touristique: il suffit alors d’éviter l’unique concentration de yourtes regroupées autour du campement du CBT, et ce sentiment de foule s’estompe rapidement. Ensuite, c’est une question de chance: comme sur la mer, le temps et les couleurs semblent souvent changer d’heure en heure, et la contemplation de la course des nuages et de celle des chevaux peut occuper autant d’heures ou de jours qu’on le jugera bon.

    Pour nous, mais cela n’a rien à voir avec le pays en lui-même, le Kirghizistan aura aussi été le pays de la fatigue, de l’impréparation et de la malchance. Rien qui soit de taille à gâcher complètement le voyage, mais nous avons tout de même enchaîné un nombre invraisemblable de petits pépins matériels et techniques sur lesquels je ne m’étendrai pas, ne serait-ce que pour éviter d’y repenser, mais qui nous auront longtemps empêchés de mettre notre site web à jour, voire de seulement imaginer pouvoir dérusher nos premières vidéos. Cette malchance ou cette maladresse, en partie attribuables au retard pris sur nos préparatifs de départ lors de nos derniers jours à Nantes, ont augmenté un stress et un épuisement physique en partie causés par une importante dette de sommeil initiale qui n’a fait que se prolonger au gré d’excursions tout de même assez exigeantes et d’insomnies nettement aggravées par l’inconfort relatif de nos couches et les premiers symptômes du mal des montagnes.

    Nous repartons satisfaits de cette première étape, en cours de rattrapage de notre décalage initial, et bien décidés à entrer, dans les semaines qui viennent, et dans tous les cas dès que nous arriverons près de nos premières plages indonésiennes, dans un rythme de voyage plus paisible et plus gratifiant.

    Les "J'aime/J'aime pas" de Manu au Kirghizistan

    J'ai aimé:

  • Pouvoir vraiment assister à et comprendre la vie dans les yourtes
  • Les yourtes elle-mêmes, très bien décorées, à la fois traditionnelles et chaleureuses, munies d'excellentes couvertures
  • Le contact avec les Kirghizes, facile partout malgré la barrière de la langue, et excellent dans les yourtes
  • La bonne ambiance de vie de village, nettement perceptible à Kyzyl-Oï
  • La faible densité touristique aux endroits que nous avons visités: du coup, on est presque content de rencontrer un autre voyageur de temps à autre
  • L'abondance des repas: on n'a jamais faim, on sait qu'on sera toujours bien nourris à la prochaine étape
  • Les coupes pleines de confiture et de bonbons à toute heure de la journée
  • L'omniprésence des abricots
  • La docilité des chevaux de randonnée, très faciles à mener même lorsqu'on n'a pas (ou peu) d'expérience
  • Le dépaysement complet du fait de l'isolement linguistique quand on n'a aucune notion de russe
  • L'absence apparente d'insectes nuisibles
  • La relative facilité et le coût très faible des liaisons en marshrutkas
  • Le coût très raisonnable des cartes SIM et du crédit téléphonique, permettant souvent de se connecter à internet lorsque les liaisons wifi sont défaillantes
  • La cafétéria totalement dépourvue de charme, mais très pratique, bonne et bon marché de notre hôtel de Bichkek (Apple hostel)
  • Le sentiment de liberté qui se dégage dans les alpages d'altitude, avec un mélange d'animaux sauvages et en semi-liberté
  • La beauté de certains paysages d'altitude (lacs, montagnes, alpages), avec une gradation progressive du champêtre/rural au naturel/grandiose
  • Kyzyl-Oï ++; Kol Tor ++; L'ouest du Song-Kül +++; Kol Ukok +++
  • J'ai moins aimé:

  • Le froid au-dessus de 3000 mètres (mais nous avons été malchanceux sur ce point, notre randonnée au Song-Kül ayant été marqué par le passage d'une dépression apportant pluie ET fraîcheur)
  • La quasi-impossibilité de faire comprendre la moindre destination aux taxis de Bichkek
  • Le festival auquel nous avons assisté au Song-Kûl: trop lent, trop haché, peu spectaculaire à l'exception des costumes
  • Le koumis, ses abus; la vodka bon marché dont on trouve régulièrement quelques bouteilles vides au détour des chemins; un alcoolisme le plus souvent maîtrisé, mais assez omniprésent tout de même
  • Les villes (Bichkek, Balytchy, Kara Balta), trop sales, bruyantes et peu compréhensibles pour nous
  • Le parc d'Ala Archa, certes proche de Bichkek, mais trop fréquenté à mon goût (peut-être dix fois plus que Kol-Ukok, pour donner un élément de comparaison) et trop peu dépaysant (très proche de ce qu'on peut voir dans les Alpes)
  • La plage de Tamchy - ; L'est du Song-Kül (mais il est vrai que nous l'avons vu sous la pluie) - ; Suusammyr -
  • J'ai remarqué:

  • Le type nettement sino-mongol des kirghizes, comme si le pays constituait la limite occidentale de la Chine
  • Le nombre élevé de Français parmi les backpackers, suivis des Israéliens et des Slovènes: un trio plutôt inattendu!
  • Si c'était à refaire:

  • J'irais directement à Kochkor en arrivant, je resterais une journée pour faire tranquillement le tour des agences, puis j'irais faire une boucle de 5 jours à cheval (et guide privé obligatoire) au départ et au retour de Kyzart en restant principalement sur le côté ouest du lac Song Kül (alternativement, je monterais en cheval en payant le retour au guide, et une fois en altitude j'essaierais de passer de yourte en yourte pendant 3 à 5 jours, avant de trouver un retour hypothétique en voiture). Je maintiendrais la randonnée pédestre à Kol Ukok avec une ou deux nuits en altitude dépendant du temps passé au Song Kül. Je reviendrais ensuite comme nous l'avons fait par Kyzyl-Oï en y passant 4 jours dont 2 de randonnée à cheval, mais sans m'arrêter à Suusamyr. Je ne resterais à Bichkek que durant le délai de sécurité avant le vol international de retour.
  • La durée totale serait d'environ 14 à 15 nuits.