Carnet de Komodo

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  • Carnet d'Isabelle

    Jeudi 1er septembre

    Nous sortons de l’hôtel à 5 heures moins cinq, le taxi est là 5mn plus tard. A l’aéroport de Leh, au contrôle des bagages, l’idée de leur prend de me confisquer mon savon. LE savon du Dr Bronner qui nous sert à tout ! Je râle un peu et elle finit par me le rendre. Ce vol qui nous conduit vers Delhi est très court et se passe sans difficulté. De belles vues sur la chaîne Himalayenne émergent parfois des nuages.

    A Delhi, nous devons changer d’aérogare mais nous avons le temps puisque nous repartons ce soir à 23h00 … Nous restons la première heure au terminal où nous sommes arrivés car Manu a essayé de se connecter à la Wifi de l’aéroport et nous avons 45 mn gratuites. Nous prenons un café (très cher). Nous nous faisons confirmer que le transfert en bus pour changer d’aérogare est gratuit et nous montons quasi immédiatement dans le bus « Red » censé arriver 30mn plus tard.

    C’est la mousson à Delhi. Il pleut et il fait une chaleur étouffante qui nous surprend par rapport à température de Leh. Une fois arrivés à notre terminal, il nous faut un peu de temps pour comprendre où nous pouvons trouver un endroit pour passer la journée. On se fait bien entendu attraper par un rabatteur qui nous propose une guest-house mais nous tenons bon. Nous réussissons enfin à atteindre un lounge où nous sommes autorisés à entrer. Nous avons beaucoup de chance car il y a deux « couchettes » l’une à côté de l’autre… Même si nous sommes très bien installés, l’attente est quand même assez longue. Manu passe beaucoup beaucoup de temps à essayer de trouver le moyen de se connecter à l’aéroport, même en payant, mais en vain. Il râle beaucoup et finit par s’endormir.

    Ce n’est que dans la salle d’embarquement, 5 heures avant, que nous récupérons la Wifi. Nous avons eu beau embarquer très tôt, nos sièges ne sont pas côte à côte. On nous assure que c’est le cas dans le premier vol (il manque juste un numéro de siège). En revanche, il nous faudra tenter d’échanger un de nos hublots dans le vol d’après, ce qui ne devrait (selon eux), pas poser de problème.

    Au contrôle des bagages, ma pince à épiler est repérée. Il faut que je fasse les yeux doux et que je dise que c’est un cadeau de mes filles. Je leur montre qu’elle s’allume, ce qui les faire rire et évite qu’ils me la confisquent. Ouf !

    Vendredi 2 septembre

    Le passager devant Manu appartient à la classe des sans-gênes, comme on peut malheureusement en trouver souvent dans les avions : siège baissé tout le long du trajet (y compris pendant le repas) n’écoutant pas les consignes demandant d’éteindre le téléphone dès la consigne audio (il les transgressera pas moins de 3 fois) et apostrophant les hôtesses pour leur demander toujours plus (deux verres de jus d’orange et un autre juste avec de la glace…) Pendant le vol, nous décidons de regarder tous les deux « les visiteurs 3 ». Il s’avère que je tiendrai environ 10mn (Manu seulement un peu plus) tellement ce film est un véritable navet !

    Nous atterrissons à Kuala Lumpur (Malaisie) 5h30 plus tard. Nous avons une escale de 2 heures avant de redécoller pour Bali. Contrairement aux prédictions indiennes, personne ne veut changer de place avec moi. Je me retrouve coincée entre une russe (qui n’a pas voulu échanger son hublot de droite contre mon hublot de gauche alors qu’elle va dormir tout le trajet) et un immense gars qui a du mal à positionner ses jambes. Je suis triste de décoller sans Manu, on a toujours notre petit rituel… Nous atteignons Bali à 12h30 (heure locale mais en réalité, après 3 heures de vol). Nous n’avons pas réservé notre billet suivant car nous avons lu dans les forums que le temps de transfert (surtout que nous devons récupérer notre bagage) était trop court. Le sac arrivant assez vite, nous décidons d’essayer quand même. Et là s’en suit une traversée de l’aéroport de Bali à toute allure. Manu est trempé de sueur mais nous arrivons à acheter notre billet pour Laban Bajo. Ils n’acceptent que du cash, ce qui nous oblige à aller retirer de l’argent en courant. En revanche, ils n’ont pas de change, nous le paierons donc un peu moins cher. Bizarre tout ça quand même …

    Finalement, nous décollons plus tard que prévu. Nous sommes de nouveau séparés pendant ce vol mais cette fois, juste par l’allée centrale et seulement pour une heure. Il est presque 16 heures lorsque nous atteignons le tout petit aéroport de Flores. Nous partageons un taxi avec un jeune couple autrichien pour rejoindre le centre de Labuan Bajo, la « grande » île de l’ouest de Florès. Il reste une chambre dans nos prix à l’hôtel Gardena qu’avait repéré Manu dans le Lonely Planet.

    Après dîner, nous faisons un petit tour des agences pour connaître les possibilités pour la suite. Manu est effaré : les prix ont triplé par rapport à l’édition que nous avons qui n’est pourtant pas si ancienne que ça ! Nous prenons un petit dessert au restaurant près de notre hôtel pour vérifier la Wifi car elle n’était pas opérationnelle au restaurant précédent. C’est moyen là aussi mais je peux quand même appeler Béa sur Skype. Manu a une otite, sans doute due à l’avion puisque nous n’avons pas encore plongé.

    Samedi 3 septembre

    Incroyable, nous avons du mal à croire qu’il est 10h45 quand nous ouvrons les yeux. Nous avons dormi plus de 12 heures l’un et l’autre. Il faut dire que nous n’avions presque pas dormi les deux jours de trajet précédents. Du coup, pas de petit déj mais tout de suite à la recherche d’une carte téléphonique (on trouve une boutique tout près, l’affaire est réglée en 30mn) et d’une agence pour la suite.

    On a fini par décider de privatiser un bateau pour nous deux seulement, pour essayer d’avoir un peu plus d’autonomie par rapport aux tours opérateurs classiques. Bien entendu, cela est confirmé par Vito, le type de l’agence. Il nous fait une proposition que nous allons étudier pendant le lunch. C’est un peu cher mais nous allons minimiser le coût en prenant un petit bateau sans cabine (nous dormirons sur le pont) et nous prendrons une partie de notre cagnotte Minibou pour avoir un peu de tranquillité. Après avoir réglé tout cela, nous attrapons un taxi collectif pour nous faire faire les deux kilomètres qui nous séparent de l’unique plage de Labuan Bajo. Nous paierons cette petite course le prix d’un taxi français (nous sommes outrés) pour arriver sur une plage qui ressemble plus à une décharge qu’à un endroit de repos. Je ne mets que les mollets dans l’eau, je refuse de me baigner, malgré la chaleur, parmi les bouteilles et les sacs plastique.

    Pour rentrer, on se fait prendre par un moto taxi (pour quasiment le même prix que l’autre). Heureusement que le trajet est court car Manu est super mal installé. Derrière moi, il n’a pas de repose pieds et passe le trajet à éviter de se brûler au pot d’échappement, à ne pas perdre ses crocs et à ne pas prendre une position fort inconfortable pour lui qui pourrait lui donner des crampes. Bref, il est content d’arriver. Après le dîner et une petite glace sur le coin d’une table, nous regagnons notre chambre car nous voulons vraiment profiter de la connexion du téléphone pour enfin mettre notre site en ligne. Ceci va nous entraîner à nous coucher vers 2h30 du matin ! Maman m’appelle sur Facetime, Papierre et Mimine sur Facebook.

    Dimanche 4 septembre

    Comme prévu, nous sommes à l’agence à 7h00. Comme souvent en voyage, les heures convenues ne sont pas forcément les heures de départ réelles … Je suis bien contente de me retrouver sur « notre » petit bateau pour naviguer entre les îles de la Sonde. L’équipage se compose d’un capitaine, d’un équipier qui s’occupe des manœuvres et de la cuisine, plus un jeune garçon en apprentissage. En montant sur le bateau, ce jeune m’appelle mamie… on sera donc, pour la première fois, papy et mamie pendant trois jours. Nous prenons un petit déjeuner et assez vite, nous nous arrêtons snorkeler près de l’île de Kanawa.

    C’est une belle surprise ! Les fonds sous-marins sont vraiment exceptionnels. Nous retrouvons avec bonheur beaucoup d’espèces de petits poissons que nous connaissons déjà. En revanche, nous nageons pendant un long moment, pour la première fois, avec gros et gentil calamar qui se laisse prendre en photo. Le corail est vraiment très beau et depuis bien longtemps, nous n’en avions pas vu d’aussi vivant. Nous avons la chance d’apercevoir une tortue et une raie aigle. Cette plongée va s’avérer fatale pour note peau qui n’a pas vu le soleil depuis de nombreux mois. En effet, vue l’heure matinale, nous avons commis l’erreur de plonger sans nos combis…

    De retour sur le bateau, nous avons la surprise de nous voir convier à manger. Nous ne savons pas trop à quoi correspond ce repas (deuxième petit déjeuner ? déjeuner ?) composé de nouilles, poulet, courgettes frites, riz, soupe de légumes, pastèque et bananes.

    Le deuxième stop se fera au spot de Karang Makassar, Manta Point. Comme son nom l’indique, c’est un endroit réputé pour voir des raies mantas. L’équipage tourne, scrute les fonds marins pendant de longues minutes jusqu’à ce qu’il nous commande d’aller à l’eau. Effectivement, nous avons la chance de voir une raie Manta. Ceci dit, elle va rester assez profond toute la plongée.

    La troisième étape se fera au niveau de Pantai Merah, Pink Beach, réputée pour son sable rose. Nous accostons pour profiter un moment de la plage et constater que le sable est effectivement composé de particules franchement roses. Les plus curieux pourront vérifier à l’avenir dans notre collection de sable, à Canouville. Le snorkeling local est encore plutôt riche, mais la visibilité moins bonne qu’à Kanawa. Au retour, on nous sert des bananes frites que nous apprécions fortement.

    Nous jetons l’ancre vers 17h00 près d’une antenne sans doute car nous avons une bonne connexion internet qui nous permet de joindre Charlotte (Emilie est en co-voiturage pour Paris) et Papy. Le dîner est composé des restes de ce midi. Rapidement (à peine 20h00) l’équipage nous fait comprendre que le moment de se coucher est arrivé. On pousse les banquettes en bois et la table et on nous donne un plaid pour mettre sur les matelas des banquettes qui sont alors mis par terre. Manu est réticent à l’idée de se coucher tellement il a mal à l’oreille au moindre mouvement de tête…

    Lundi 5 septembre

    L’otite en était sans doute à son point culminant hier soir car ce matin, Manu va mieux malgré une nuit très moyenne. En effet, les matelas ne sont quand même pas épais et le skaï n’a pas manqué de nous rappeler nos coups de soleil au moindre mouvement. Comme souvent, on a dû se rendormir sur le matin, et par conséquent, ce sont les bruits de l’équipage s’impatientant qui nous ont réveillés (il n’est pourtant guère plus de 6 heures mais sous les tropiques, on ne perd pas de temps avec le soleil). Des Pancakes à la banane nous attendent sur la table. Nous les dégustons pendant la route vers Komodo. En effet, on a eu beau insister sur le fait de ne pas tenir spécialement à l’arrêt sur Komodo, on voit bien là que c’est un passage obligatoire. On nous débarque donc sur l’île, on nous attribue un guide munie d’une fourche (à mon avis plus pour le folklore que pour lutter contre une éventuelle agressivité) qui baragouine un anglais peu compréhensible et on nous montre trois ou quatre gros lézards.

    Le deuxième arrêt se fait sur l’île de Padar. Il faut grimper un peu jusqu’à un point de vue magnifique où nous pouvons voir trois plages : une blanche, une rose, une noire. Il commence à faire très chaud mais il faut dire qu’il est presque midi.

    Après le déjeuner, conformément au circuit emprunté par tous les touristes, le bateau nous dépose sur l’île de Rinca. Vérification du fait qu’on a déjà payé le droit d’entrée dans le parc à Komodo avant de nous proposer plusieurs circuits. N’ayant aucune consigne particulière de notre capitaine, difficile de faire un choix. Nous optons donc sur un circuit de taille moyenne, nous permettant de voir des varans de toute façon près de la cuisine, des buffles et soi-disant un beau point de vue.

    Nous pouvons effectivement voir une femelle et 3 ou 4 gros mâles, sous la cuisine des guides, ces derniers n’ayant même pas pris soin de nettoyer les lieux alors que des hordes de touristes défilent ici tous les jours. Un peu plus loin, nous voyons une autre femelle, tout près de l’endroit de ponte. On peut y voir plusieurs trous. Un seul servira à déposer les œufs, les autres sont un leurre pour les prédateurs. Puis on nous dit qu’une fois les œufs pondus, la femelle revient quelques jours plus tard pour les manger… à quoi servent alors les leurres si ce n’est à s’assurer de pouvoir mieux se régaler ensuite, de sa propre progéniture… Heureusement que nous avons mis des vêtements couverts car il y a une partie de la promenade qui n’est pas sous la protection des arbres.

    De retour sur le bateau, je ne peux pas mentir au capitaine qui me demande comment on a trouvé Rinca. Je lui dis que c’est beaucoup trop touristique pour nous et je réponds positivement lorsqu’il me demande si on veut plonger. Nous profitons d’un 4ème stop pour mettre la tête sous l’eau et faire quelques photos. Je remonte 5mn avant Manu qui verra, pendant ce court laps de temps, un beau Scorpion fish.

    Privés de connexion internet (nous sommes sans doute trop loin d’une antenne), nous profitons de la soirée pour trier nos photos. Reste à vivre un moment unique à la tombée de la nuit, depuis le mouillage que nous avons fait devant une île couverte de mangrove : le départ de dizaines de milliers de mégachiroptères/roussettes (chauves-souris géantes) qui quittent leurs perchoirs à l’envers et s’envolent vers Florès afin de festoyer. Ces animaux se nourrissent uniquement de fruits ! Nous arrivons à tenir l’équipage éveillé jusqu’à 21h00.

    Mardi 6 septembre

    Levés à 6h30, nous partons dès nos bananes frites avalées et nous nous voyons proposer une plongée à 7h00 du matin… Nous affrontons la douleur ressentie par nos coups de soleil en enfilant nos combinaisons avant d’aller voir les petits poissons. Ce n’est pas un hasard si j’écris « petits ». C’est comme si on était dans une crèche. On y voit des centaines de tous petits exemplaires de nos poissons habituels, souvent gardés par quelques spécimens adultes devant les coraux où ils sont nés qui n’hésitent pas à nous intimider en nous regardant bien droit, certains même allant même jusqu’à tenter d’attaquer l’objectif de l’appareil photo ou à piquer le bras de Manu.

    Le 2ème arrêt plongée est près de l’île dont nous avons oublié le nom, peut-être Walilu ou quelque chose comme cela. Nous en faisons le tour, ce qui rend cette plongée un peu longue selon Manu. De mon côté, je trouve vraiment le spectacle très agréable, surtout concernant les coraux.

    Le déjeuner nous attend sur le bateau après notre plongée. Au moment de prendre une cigarette avec de la pastèque, je suis très étonnée du nombre de cigarettes restant dans mon paquet. Je l’ai acheté juste avant de partir et il en reste seulement 4… J’en fais la remarque à Manu en supposant que l’équipage se sert pendant mon absence mais bon, je n’ai pas de preuve. Juste après le déjeuner servi dès notre retour, le capitaine nous propose de rentrer à Labuan Bajo. Nous trouvons que c’est quand même un peu tôt (nous avions convenu avec l’agence de rentrer entre 17h et 18h) et Manu demande alors de nous conduire à Bidadari. Dans l’eau, en y allant, je me retourne et vois le capitaine prendre une cigarette dans mon paquet. Pris la main dans le sac, il me demande s’il peut la prendre.

    Il s’agit d’une plage essentiellement privée puisqu’elle est en partie occupée par l’hôtel Angel Island Resort mais nous réussissons quand même à nous abriter sous un arbre qui nous prêtera son ombre quelques temps. Manu plonge la moitié du temps de cette pause. Je préfère éviter de me mettre trop au soleil alors je vais lire. Quand il me rejoint, il a pris le soleil sur les mollets qui sont bien rouges à leur tour.

    Nous nous endormons un peu un l’ombre et nous profitons de la plage jusqu’à ce que le plus jeune des membres de l’équipage viennent nous chercher pour rentrer. Nous sommes un peu énervés. Il est seulement 14h30. Nous arrivons à Labuan Bajo à 15h00. De retour à l’agence, nous évitons de faire de commentaires, au risque d’être désagréables. Ceci dit, le responsable de l’agence est, maintenant qu’il nous a vendu son excursion, nettement moins jovial qu’au début. Il nous remet les billets qu’il a quand même acheté pour nous pour le ferry de demain.

    Avant de partir, il nous avait gentiment proposé de nous montrer une guesthouse un peu moins cher que le Gardena. Aujourd’hui, il nous l’indique du bout de la langue et des doigts. Nous allons donc en visiter deux qui, à quelques tous petits euros près de moins, nous offrent des chambres sans fenêtre, sentant le moisi. Nous rejoignons par conséquent le Gardena qui nous propose une nouvelle chambre. Je me dépêche de laver nos habits car nous partons tôt demain matin. S’ensuit ensuite une longue douche car bien entendu pendant ce séjour en bateau, impossible de se laver (contrairement aux promesses du vendeur).

    Ce soir, on en a tous les deux un peu marre du riz et des pâtes, nous allons donc manger une pizza. Très peu de connexion ce soir. J’ai à peine ouvert mon ordi que Catherine m’envoie un gentil petit mot sur Skype. Je me dépêche de l’appeler mais je suis rapidement obligée de mettre fin à la communication car c’est trop mauvais de mon côté. De retour à notre hôtel, nous profitons des bruits du lit et des cris de la jeune fille que son compagnon honore un long moment. Et oui, ça fait aussi partie des joies du voyage.

    Mercredi 7 septembre

    Nous prenons un petit déjeuner à l’hôtel (ce que nous n’avions pas eu le temps de faire avant notre excursion en bateau) et nous rejoignons le ferry censé partir à 8h00.

    Sur le bateau, qui contient quand même plusieurs centaines de personnes, nous sommes les seuls touristes. La connexion en avion était beaucoup trop chère alors nous entreprenons un long voyage puisque nous n’arriverons que demain midi, soit 28 heures pour rejoindre Labuan Bajo à Makassar. Il y a trois ponts réservés à la classe économique. Nous tentons de trouver deux couchettes parmi ces dortoirs remplis d’indonésiens, en vain. Nous nous trouvons une place par terre sur un pont à l’extérieur.

    Dès qu’une place se libère sur un banc, je me dépêche de la squatter le temps d’écrire un peu quelques pages de ce carnet. Mais je suis obligée d’alterner en allant faire quelques pas car j’ai mal au dos sur ces bancs inconfortables. Lors de notre passage dans les dortoirs, un indonésien (40 ans paraîssant 15 de moins) a tenté de nous expliquer que deux couchettes se libèreront lors du prochain arrêt, dans 6 heures. Il nous retrouvera quelque temps après, sur le pont pour converser avec Manu. Ceci dit, il nous explique le principe des repas : nous avons le droit à 3 repas avec notre ticket (7h : petit déj, 11h : lunch, 17h : dinner). Il faut prêter attention aux annonce sonores en indonésien. Il nous incite aussi à payer un peu plus cher mais à prendre une cabine. Manu va se renseigner (toujours accompagné de ce jeune homme) mais une chambre nous coûterait 1 million (soit 65 euros). L’annonce pour le lunch ayant eu lieu pendant cette escapade, Manu me rapporte un plateau repas, composé de riz, de quelques légumes sans goût et d’une tête de poisson. Franchement peu appétissant et vraiment pas bon. En chemin, il a croisé un rat et plusieurs cafards. Deux indonésiens squattant le banc près de nous (qui sommes par terre) avec leurs bagages nous offrent une saucisse de poulet chacun (je ne trouve pas ça bon du tout, Manu dit que cela a un goût de quenelle…).

    Le compagnon de Manu s’absente pour déjeuner mais refait très (trop) vite son apparition avec toujours le même problème en tête : Qu’est ce qui fait bouger le cours des changes de monnaies ? Existe-t-il un ordinateur central qui commande ces cours ? Et que se passe-t-il, théoriquement et pratiquement, si un individu retire des roupies d'une banque pour, ou bien les conserver en liquide, ou bien acheter un bien manufacturé à un fabricant étranger. Il reviendra littéralement pendant des heures, à intervalles réguliers, sur ces obsessions peu compréhensibles (il prétend être mi- employé, mi-charpentier). Bon, au moins, on est tout près du cabinet médical au cas où (malgré le nom, on est loin d’Atlantis !).

    Les indonésiens qui étaient sur le banc près de nous viennent nous inviter à les rejoindre sur le pont du dessus car ils pensent avoir trouvé une place d’exception. Manu n’en est pas convaincu du tout. De mon côté, je trouve une table libre au bar, sur le pont supérieur, ce qui nous permet de changer un peu de position.

    Toujours est-il qu’à l’escale à Bima, notre premier compagnon nous trouve bien 2 couchettes. Manu descend avec lui pour poser es sacs afin de les réserver. Il me prévient qu’il va rester un peu, le temps de la rotation entre ceux qui descendent et ceux qui montent. Il revient 30 mn plus tard, complètement paniqué, me demandant de descendre immédiatement avec lui car il y a tellement de monde que certains échauffements commencent à avoir lieu et qu’il craint ne pas pouvoir garder les deux couchettes. Le temps de descendre, tout cela s’est un peu calmé. Je me demande même s’il n’en rajoute pas un peu !

    Il y a des dizaines de vendeurs de tous ordres (Nassi Goreng, chips, pain, boissons cacahuètes et même éventails) qui sont montés. Nous achetons une brioche. Nous restons à ces places le temps de l’escale mais ces deux heures passent assez vite car nous avons de la connexion. Nous remontons ensuite sur le pont supérieur prendre une grande bouffée d’air. Pour le dîner, nous ne prenons pas les plateaux auxquels nous avons droit. Nous préférons terminer les gâteaux que nous avions achetés en Inde. Manu achète deux barres chocolatées pour le dessert et une boisson.

    Nous essayons d’aller nous coucher pas trop tôt (vers 20h00). J’entends des bruits d’oiseaux depuis notre installation mais nous croyons au départ qu’il s’agit d’un jeu sur un téléphone avant de voir qu’il y a bien un vrai perroquet, en liberté, à quelques mètres de nous, qui fait souvent ses vocalises.

    Jeudi 8 septembre

    Nuit hachée, il fallait bien s’en douter. Tout d’abord, nous sommes au niveau – 4. Il ne faut pas être claustrophobe car il n’y a aucune ouverture. D’autre part, il y fait une chaleur étouffante. Manu s’endort rapidement contrairement à moi. Je remonte deux fois dans la nuit sur le pont supérieur, comme une tortue qui remonte à la surface chercher de l’air. La deuxième fois, je m’endors par intermittence sur une table. Je redescends quand l’air commence à fraîchir.

    Troisièmement, et ça, c’est plutôt drôle, nous voyageons en réalité non pas avec un mais avec des dizaines de perroquets ! Il y a une quantité non définissable de jeunes dans des cartons à qui les revendeurs (là, j’extrapole mais je ne vois pas ce que cela peut être d’autre), donnent la becquée à la petite cuillère au petit matin. Ceci dit, les cages des plus gros ayant été recouvertes la plus grosse partie de la nuit, on n’a pas du tout à se plaindre du bruit.

    L’annonce pour le petit déjeuner se fait de bonne heure (6h30) … Nous faisons la queue avec tout le monde mais malheureusement, on nous sert un plateau du même niveau que le repas d’hier midi (riz, omelette, brique de lait chocolaté).

    Au moment d’accoster, Manu redoute l’afflux des porteurs et me recommande de rester sur ma couchette. Oh là, là, il n’exagérait pas du tout : nous assistons à une scène mémorable.




    Carnet de Manu

    Mercredi 14 septembre

    Lors de la définition de l'itinéraire, le choix de passer quelques jours dans le parc de Komodo s'est imposé largement sur la base des commentaires relatifs à la qualité de la plongée sous-marine locale, réputée l'une des meilleures du monde, et aussi et surtout du snorkeling alentour, d'un niveau proche de ce qui se fait de mieux en Indonésie. La présence des fameux varans n'a eu qu'un effet neutre, suscitant à peu près autant de curiosité que de crainte d'affluence touristique indésirable. Je savais que nous nous dirigions vers un petit port de plaisance et de commerce, et non vers une côte à plages, mais cela ne me dérangeait pas plus que cela, compte-tenu des nombreuses autres occasions de buller sur le sable que nous aurions au cours de notre long voyage.

    J'avais un peu sous-estimé notre envie de nous plonger à l'eau et de lézarder un peu après un premier mois et demi de voyage éprouvant et poussiéreux. Du coup, faute de pouvoir trouver la moindre plage acceptable à Labuan Bajo même, nous aurions au moins apprécié un début de promenade, un zeste de perré, un chouïa de corniche. Or de cela à Labuan Bajo, il ne saurait être question. La petite ville se résume à une seule rue animée et bruyante qui ne donne malheureusement pas directement sur la mer, pas plus que les restaurants qui la bordent. Parcourir cette rue n'est malheureusement pas très agréable non plus du fait de l'absence de trottoir, du passage incessant de véhicules en tout genre, et de la tendance au dépotoir qu'on retrouve malheureusement dans beaucoup d'endroits d'Asie, et singulièrement d'Indonésie, et ceci même quand il s'agit d'endroits touristiques, qu'au moins la raison économique, si ce n'est la raison écologique, commanderait de garder propres et avenants.

    Malgré cela, Labuan Bajo ne nous a pas paru entièrement antipathique. Au contraire, il se dégage de son atmosphère quelque chose de simple et joyeux, comme une invitation bon enfant à prendre la vie comme elle vient. Les autochtones sont souriants et blagueurs, même le racollage touristique se fait dans la bonne humeur. Il faut dire que pour la première fois depuis le début de notre tour du monde, nous avons pu jouir d'un beau temps établi, et même d'un climat idéal. Très chaud sans l'être trop, à la limite exacte où l'on peut se passer sans regret d'air conditionné la nuit, et une eau de mer à une température constante proche de 28 degrés, on ne saurait souhaiter mieux. Ceci dit, il n'y a pour ainsi dire rien à faire dans la ville même, si ce n'est profiter de l'excellente qualité du signal téléphonique pour se mettre à jour sur Internet, et donc il a été logique pour nous de partir rapidement chercher fortune dans les îles du large.

    La formule du bateau privatisé, que nous avons retenue, nous a en partie donné satisfaction. Nous avons bien sûr apprécié d'être chouchoutés, et notamment copieusement nourris, par le capitaine et surtout ses deux mousses qui nous ont rapidement surnommés "papi" et "mamie"; et aussi, égoÏstement, de n'avoir à subir aucune nuisance de la part de possibles compagnons de route. D'un autre côté, nous n'avons pas pu, ou su, saisir cette occasion pour échapper au parcours touristique le plus classique, nous ramenant invariablement vers les varans fatigués et les spots certes "scenic", mais toujours identiques, dont on trouve des dizaines de photographies sur le web. Il faut dire qu'en général les indonésiens parlent très mal anglais (par exemples nos mousses, pourtant jeunes et fraîchement sortis de l'école, ne savaient même pas désigner les choses les plus simples dont ils se servent tous les jours avec les touristes, comme la nourriture) et sont difficilement capables d'anticiper les attentes des occidentaux, auxquels ils offrent donc tous la même prestation pour se simplifier la vie.

    Dans l'ensemble nous avons bien optimisé l'organisation de notre passage à Labuan Bajo, à demi improvisée comme pour la plus grande partie du reste du voyage. Nous avons certes perdu un peu de temps à trouver un logement, le premier jour comme le dernier après notre retour des îles, et à hésiter au départ entre les différentes possibilités offertes pour les tours en bateaux. Il est vrai que l'extrême profusion des petites agences de voyage (peut-être entre 30 et 50, soit beaucoup plus que d'hôtels valables) n'aide pas à faire le tri. Notre choix d'hôtel (Gardena) était bon mais pas exceptionnel: un peu cher, mais central et propre, avec un restaurant moyen et un peu déserté: nous n'avons cependant pas trouvé mieux. D'une manière générale, la vie est chère dans cette partie de l'Indonésie, les prix se sont clairement alignés sur les standards occidentaux et l'affluence de plongeurs, comme toujours, amène à développer une économie artificielle pour cadres européens à hauts revenus.

    Il y a très peu de touristes âgés, pour ainsi dire pas de retraités, si bien que si le niveau de prix est élevé, l'atmosphère reste quant à elle décontractée et sportive, les cafés et restaurant jouent en général une alternance de standards de rock des années 70 ou 80, il y a des guirlandes et des lampions, bref, c'est sympathique, mais il manque tout de même clairement une plage et le bruit des vagues: à comparer, c'est nettement moins agréable que le sud de Koh Lanta, par exemple. J'étais content d'intégrer une petite ville portuaire à notre itinéraire, mais en fait on ne peut guère profiter directement du port lorsqu'on est sur place; il n'y a là que des navires de commerce, en général de faible tonnage, quelques grues de déchargement, un ou deux ferries par jour, et une noria de petits bateaux locaux qui pourraient certes donner du charme à l'ensemble, mais qui ne sont au fond guère accessibles aux touristes en dehors des excursions tarifées. Il n'y a pas de vie de marina comparable à celle qu'on peut trouver dans les bases nautiques occidentales, et pas plus de cafés/bars/restaurants sur la marina qu'il n'y en a sur l'(absence de) plage.

    La grande raison de venir à Labuan Bajo, l'unique raison même, c'est donc la qualité des fonds sous-marins. Et à la question: "finalement, cela en vaut-il la peine ?", nous ne pouvons malheureusement pas donner de réponse faute d'expérince de durée suffisante. Les quatre ou cinq snorkelings que nous avons faits, dans de bonnes conditions de soleil et de clapot, étaient beaux, pas forcément très spectaculaires mais vraiment très élégants, avec en particulier une excellente combinaison de coraux mous et durs et une bonne variété de petits poissons. Pour autant, ce n'était nullement supérieur à Embudu ou même à Dahab (on va dire que la supériorité du corail est compensée par l'infériorité en termes de poissons). La seule raie manta que nous avons vue, perdue dans le bleu au mileu d'autres bateaux, ne valait quant à elle pas le déplacement. Nous avons aperçu une tortue, une ou deux raies aigles, mais il s'agissait de visions fugaces. Dans l'ensemble nous ne pouvons guère tirer de conclusion définitive. Il aurait peut-être fallu aller aussi sur des sites de plongée dérivante, mais cela nécessite de passer par des clubs de plongée, ou d'être plus spécifique dans les demandes à faire lors de la privatisation du bateau.

    C'est donc sans regret que nous avons quitté Labuan Bajo, un peu précipitamment d'ailleurs, moins d'une journée après notre retour de croisière. Pour des raisons de coût, nous avons préféré prendre un ferry plutôt que l'avion, ce qui nous a donné l'occasion de comprendre par la pratique les conditions de transport usuelles des passagers indonésiens. Nous étions en effet les seuls blancs sur plusieurs centaines de passagers lors de la traversée vers Makassar, et le temps passé dans le bateau, au total 28 heures, a vite semblé se dilater, comme c'est souvent le cas sur l'eau, quel que soit le type d'embarcation. Nous avons partagé les fonctions vitales du navire avec les locaux - manger le repas commun servi dans des petits plateaux en plastique, utiliser des toilettes qui finissent par se boucher et manquer d'eau, dormir comme on peut sur des couchettes dans l'atmosphère étouffante des ponts inférieurs, attendre assis sur le pont ou sur de petits bancs durs que le temps passe, en prenant garde à ne jamais se laisser gagner par l'ombre mouvante des étages supérieurs-. On nous a bien proposé une cabine privée, mais à un prix qui commençait à se rapprocher du tarif du transport aérien que nous avions justement éliminé pour cette raison. Nous avons aussi eu l'occasion d'interagir avec certains passagers en général très affables et désireux de nous aider, en nous indiquant les meilleures places et la meilleure façon de se comporter à bord; et enfin, inévitablement, nous avons vécu quelques anecdotes relevant de l'imprévisible, comme cette rencontre avec un charpentier désireux de comprendre les mécanismes macro-économiques régissant le cours des changes, ou cette opération de nourrissage à la cuillère de dizaines de perroquets, cacatoës et autres perruches laissés en semi-liberté sur le pont intérieur, puis vite remballés en vrac dans toutes sortes de boîtes cartonnées et de sacs en plastique.

    Si nous tirons un bilan globalement positif de ce passage à Labuan Bajo/Komodo, c'est dans l'ensemble aussi parce que compte tenu des circonstances (fatigue accumulée après le Kirghizistan et le Ladakh, amélioration des conditions climatiques de notre périple), il était temps de passer pour nous à une phase de voyage de type tropical. Cependant, compte tenu de nos attentes, nous aurions sans doute aussi bien fait de nous poser directement à un endroit plus paisible et plus économique, plus loin sur l'île de Flores ou ailleurs...