Carnet du Pérou

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Carnet de Manu

Ecrit le 10 mars 2018, neuf mois après notre passage

Il ne s'est vraiment pas passé grand chose pendant notre dernière semaine et demie de grand voyage. Nous devions passer par le Pérou pour y prendre notre dernier vol nous ramenant en Europe, et l'idée est naturellement venue d'en profiter pour visiter quelques-uns des sites majeurs de la zone. Cependant, au moment où nous sommes arrivés sur place, nous étions fatigués puis malades (à tour de rôle), ce qui n'a fait que renforcer le sentiment d'une baisse générale de motivation à entreprendre quoi que ce soit de significatif. Par ailleurs, mon désintérêt pour les grosses machineries touristiques avait atteint un sommet, et je ne désirais désormais rien tant qu'éviter autant que possible tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à un piège à voyageurs, c'est-à-dire en fait la quasi-totalité de ce qui pouvait être proposé autour de Cuzco.

Cuzco était presque incontournable ne serait-ce que géographiquement, et comme base possible de repos, si ce n'est d'excursions. C'est donc là que nous avons passé l'essentiel de notre séjour au Pérou, qui s'est caractérisé par de nombreux allers-retours autour de la place centrale (Plaza de Armas), pour nous rendre dans un musée ou une église, tenter de manger un morceau sans nous intoxiquer davantage, ou retrouver nos vieux compagnons de voyage Jenny et Flo pour une dernière fois avant notre retour. Finalement, Cuzco se caractérise pour nous principalement par ce que nous n'y avons pas fait plutôt que par ce que nous y avons fait: nous faisons en effet partie des rares touristes de passage sur place à ne pas nous être rendus au Machu Picchu, et ceci sans regret, tant le spectacle sur place était prévisible, et les prix devenus élevés. Il ne s'agit d'ailleurs pas là d'un simple baroud d'honneur nous permettant de finir sur une pirouette notre boucle autour du monde, mais d'un projet d'évitement qui avait été pensé dès avant le départ.

Nous ne verrons donc probablement jamais le site le plus connu du Pérou, et cela n'a en fait à nos yeux aucune importance. Au moins avons-nous fait valoir notre libre-arbitre, et avons-nous su dire non tranquillement dans le monde presque exclusivement positif du tourisme, qu'on peut voir comme un miroir grossissant de certaines des tares les plus décourageantes de notre époque (je détaille ces aspects dans mon bilan général de notre voyage). Idéalement, il aurait tout de même fallu faire valoir le temps ainsi libéré pour faire quelque chose plutôt que rien (non que ne rien faire soit d'ailleurs nécessairement inutile ou mauvais en toutes circonstances, mais Cuzco n'est sans doute pas le lieu le plus indiqué pour le farniente ou la méditation). Mais faute d'espaces naturels immédiatement accessibles, faute d'options de photographie animalière hors d'un peu convaincant "tour des condors", faute de solution simple pour échapper à la mise en coupe réglée du réel par les dizaines d'agences locales, faute de motivation surtout, nous avons clairement fini notre grande boucle sur un faux rythme, un espace de temps un peu vide qui s'est presque transformé en simple attente.

La seule exception a consisté en une très belle excursion d'une journée à Vinicunca, qui nous a donné accès à nos derniers paysages spectaculaires du voyage. Pour ne pas donner l'impression de radoter, je n'insisterai pas sur la très lourde pression touristique sur ce site magnifique, où l'on voit tout de même davantage les centaines ou les milliers de touristes, en blouson "The north face" ou en chaussures "Quechua" (amusant clin d'oeil quand on y songe), devant et derrière soi sur la piste, que les quelques lamas pâturant sur les côtés, ou Péruviens en costume s'activant pour proposer leurs services de guides à cheval. Mais bon, au sommet, les couleurs sont au rendez-vous, le panorama dégagé, et l'on peut presque faire abstraction de la foule dense qui se presse en attendant d'être rappelée, groupe par groupe, pour un retour au pas de course vers le point de départ, de sorte que la chaîne de production continue de fonctionner au retour comme à l'aller. Un dernier coup d'oeil, comme une métaphore de notre voyage tout entier, et il était temps de rentrer...

Voilà, la fin de nos aventures se profilait inévitablement. Après Cuzco, il ne nous restait plus qu'à aller passer une journée de sécurité à Lima avant de prendre notre vol de retour. Notre tour du monde appartenait désormais au passé, et un avenir indéterminé s'ouvrait devant nous, dont il était difficile de savoir s'il ferait ou non une part significative à d'autres grands voyages, et encore moins d'en définir la nature.

Les "J'aime/J'aime pas" de Manu au Pérou

J'ai aimé:

J'ai moins aimé:

J'ai remarqué:

Si c'était à refaire: