Carnet de Polynésie

Pour consulter les albums photos complets avec une meilleure définition, les adresses sont les suivantes :

  • Album 1 (Moorea - Tikehau)
  • Album 2 (Rangiroa)
  • Album 3 (Fakarava)
  • Album 4 (Maupiti)
  • Album 5 (Huahine)
  • Album 6 (Bora Bora)



  • Carnet d'Isabelle

    Mardi 11 avril

    Nous quittons Perth la journée du 11 avril et nous avons une escale à Auckland. Nous prenons notre vol destination Tahiti en fin de journée. Nous quittons Auckland avec Air Tahiti, les tenues fleuries du personnel de bord diffuse déjà dans une ambiance exotique… Grande première pour nous, nous allons remonter le temps ! En raison du décalage horaire, nous arrivons à Tahiti le 11 avril dans l’après-midi ! Nous vivrons donc la journée du 11 avril 2 fois ! Après 15 heures de voyage dont 12 heures de vol, 1 escale, 2 repas en vol et 2 films, nous voici enfin arrivés en Polynésie, destination visée par Manu depuis tellement d’années. Je n’en reviens pas d’atterrir ici, à Papeete !

    Les 118 îles (34 îles hautes volcaniques et 84 atolls) qui composent la Polynésie française sont éparpillées sur une aire maritime de quelque 5,5 millions de kilomètres carrés. Tahiti, avec 1042 km², occupe à elle seule plus du quart de superficie des terres émergées. Les 84 atolls, quant à eux, ne représentent que 660 km² !

    Les îles de la Polynésie française sont regroupées en cinq archipels dont l'individualité physique et culturelle est bien marquée. Le premier, l'archipel de la Société, compte 14 îles (9 îles hautes, 5 atolls), divisées en îles du Vent (Tahiti, Moorea, Tetiaroa) et îles Sous-le-Vent (Huahine, Raiatea, Taha'a, Bora Bora, Maupiti). A 300 km au nord-est de Tahiti, 76 atolls, égrenés sur 600 km2, composent l'archipel des Tuamotu, prolongé par les Gambier (8 îles hautes, 1 atoll). A 600 km au sud de Tahiti, l'archipel des Australes est formé de 6 îles hautes et d'un atoll. Enfin, à 1500 km au nord de Tahiti, 12 îles (11 îles hautes, 1 atoll) se rassemblent pour constituer l'archipel des Marquises. La Polynésie française s'étend sur 4167 km².

    Les îles de la Polynésie française sont pour certaines d'entre elles des îles hautes, caractérisées par un relief montagneux dont la partie centrale est souvent effondrée. Tahiti culmine à 2241 m au mont Orohena. Plus les îles sont anciennes, plus leur relief est atténué par l'érosion : érosion aérienne qui s'attaque aux sommets et érosion marine qui ronge les côtes. Les îles hautes de Polynésie française se distinguent les unes des autres par leurs paysages côtiers, cernées ou non d'un lagon et d'un récif-barrière. Stade ultime d'évolution d'une île haute, l'atoll se présente sous la forme d'un anneau plus ou moins circulaire. On en compte 84 en Polynésie, qui présentent des caractéristiques identiques en dépit de formes différentes. Ces anneaux de terre émergée encerclent un lagon, qui peut mesurer plusieurs dizaines de kilomètres de long (le lagon de Rangiroa contiendrait l'île de Tahiti entière !) Ils ne sont pas continus, mais entrecoupés de hoa (entailles peu profondes de la couronne corallienne) que délimitent les motus, petits îlots, et une ou plusieurs passes les font parfois communiquer avec l'Océan. Les atolls, identiques dans leur structure, diffèrent selon leur degré d'ouverture : certains en Polynésie possèdent plusieurs passes (Rangiroa).

    Quand nous sortons de l’avion, il est plus de 16h30 et Manu craint que l’antenne d’Air Tahiti à l’aéroport ne soit fermée, le temps de faire les formalités de sortie. Effectivement, elle fermait à 17h00 : il est donc trop tard pour prendre le pass aérien inter-îles. Je prends le temps d’acheter des cigarettes en Duty free puis nous allons au bureau d’information pour savoir comment rejoindre le centre-ville et nous nous renseignons pour un éventuel Wifi. La réponse est sans ambiguïté : il n’y a plus de transport aérien à cette heure-ci et pas de possibilité non plus de se connecter à Internet ce qui était pourtant nécessaire pour trouver un endroit où passer la nuit.

    Nous sommes sauvés par Robert, un tahitien qui nous propose de nous emmener au centre-ville. Nous chargeons nos bagages dans le pick-up et nous montons tous les deux à l’arrière, son petit garçon étant installé devant. Il fait un premier arrêt au « Fare Suisse » qui propose des chambres d'hôtes à dix minutes de l'aéroport. Tout est complet alors il nous conduit à l’hôtel Teamo qui nous propose une chambre à 70000 francs pacifiques, ce qui est bien plus cher que prévu mais on n’a de toute façon pas trop le choix. Manu est content de me faire découvrir les roulottes, sur le port de Papeete. Nous voici donc plongés de suite dans la bonne humeur et l’accueil chaleureux de la Polynésie ! Malgré leur rénovation, les places du bord de mer ont gardé leur tradition et à la nuit tombée elles deviennent le lieu de rassemblement populaire de Papeete. Elles se remplissent des fameuses roulottes, lieu de restauration populaire et généralement d’un bon rapport qualité, quantité, prix. En peu de temps une vingtaine de camionnettes s’installent sur les places et déploient tables, tabourets et autres ustensiles pour un petit dîner sous les étoiles. On peut profiter d’une large gamme de cuisines d’horizons différents. C’est l’endroit le moins cher de la ville pour dîner et en quantité plus que généreuse ! Effectivement, nous prenons une seule assiette de poulet/frites pour deux sur les conseils de notre logeuse et cela suffit largement. Il n’y a pas moins de trois morceaux de viande dans l’assiette pour 12€.

    L’hôtel ne se situe qu’à dix minutes du centre-ville et pourtant nous réussissons à nous perdre en rentrant. Un jeune se propose de nous raccompagner et nous demandera de l’argent en retour. Nous lui donnons une petite pièce au lieu du gros billet qu’il demandait. Sur le chemin du retour, nous avons l’occasion de passer à côté de quartiers populaires, on voit que tout n’est pas rose pour tout le monde sur cette île. Même s’ils ont un peu d’argent, les locaux préfèrent souvent dépenser leurs économies dans un gros 4×4 plutôt que dans la maison. Ainsi, il est courant de voir des maisons faites de tôles, au confort très sommaire, avec un gros pick-up flambant neuf garé devant… Autre priorité pour les ménages ici : la nourriture. La plupart des produits valent au moins le double comparé à la France (sauf pour les fruits tropicaux et le poisson), ce qui fait vite grimper l’addition au supermarché. Le prix des plats dans les snacks ou restaurants sont aussi onéreux, ce qui ne freine pas les locaux qui n’hésitent pas à dépenser une partie conséquente de leur revenu dans les snacks de bord de route plutôt que de cuisiner. La bière Hinano, très bonne d’ailleurs, a aussi un grand succès en Polynésie et les locaux en boivent sans compter !

    Depuis notre arrivée à Papeete, nous sommes en relation via Facebook avec Stéphanie (la nièce de nos amis français Sylvie et Patrice qui est mariée avec un polynésien, Mate). Depuis la France, ils essaient d’organiser pour nous un accueil dans la famille à Fakarava et à Maupiti.

    Mercredi 12 avril

    Comme chaque nuit qui suit un long voyage en avion, nous avons bien récupéré puisque nous avons dormi presque douze heures. Dans la chambre, nous avons une bouilloire à disposition avec un petit sachet de café. Comme il nous reste du pain de mie d’Australie et quelques gâteaux, nous petit-déjeunons ici avant de partir réserver notre pass aérien.

    Nous commençons par nous arrêter dans une agence Vini -l'équivalent local d'Orange- pour nous renseigner sur les cartes Sim nous permettant d’avoir des données Internet, avant de rejoindre Air Tahiti. Nous ne restons pas moins de cinq heures dans l’agence car il est difficile de concilier tous nos vœux. A chaque fois, nous devons prendre un ticket, nous rendre à un guichet où les agents nous pressent de prendre une décision rapide, ce que nous sommes incapables de faire puisque nous souhaitons aller dans l’Archipel des Tuamotu puis dans l’archipel des îles de la Société en intégrant Maupiti. Nous arrivons juste avant le week-end de Pâques (les avions sont pleins) et juste au moment du changement des horaires d’avion entre l’hiver et l’été. Les horaires ne sont pas encore sortis en version papier, il leur faut donc à chaque fois faire une simulation sur leur ordinateur. A chaque fois que c’est notre tour, nous arrivons avec une batterie de questions, ce qui doit les stresser, puis nous retournons réfléchir etc. Bref, on a l’impression d’user les agents un par un. Nous finissons par nous en sortir en prenant deux pass inter-îles. Le premier avion étant prévu dimanche, nous décidons d’aller passer les trois prochains jours à Moorea. Manu veut saisir l’occasion de m’emmener sur cette île, nommée petite soeur de Tahiti, la plus proche et qui sera pour moi la première découverte des lagons turquoises et des reliefs escarpés superbes des îles hautes.

    Nous retournons à notre hôtel pour prolonger notre séjour d’une nuit mais malheureusement, notre chambre est déjà réservée. Il reste seulement de la place dans le dortoir. Nous allons donc à l’office du tourisme (où nous sommes très bien accueillis par Manu) pour organiser les prochains jours. Il téléphone pour réserver pour nous au moins la première nuit à la pension Teataura. Les appels précédents ont été voués à l’échec car les polynésiens profitent eux aussi de leur grand week-end ! Nous regardons le soleil se coucher derrière les bateaux et nous retournons à l’hôtel Teamo pour nous installer dans le dortoir. Pas de nouvelle arrivée, nous avons donc le choix des lits. Il y a une mini-chambre en mezzanine dans le dortoir. Nous nous y installons pour être tous les deux avant de retourner dîner aux roulottes. A notre retour, le propriétaire nous dit qu’il y a une dame installée dans le dortoir. Nous entrons sans faire de bruit. Elle se réveille pour nous saluer, ce qui me permet de l’avertir que je me lève la nuit…

    Jeudi 13 avril

    Alors que je descends de l’échelle pendant la nuit pour aller aux toilettes, la dame se réveille et me demande gentiment si ça va. Nous ne la voyons pas le matin car elle est déjà partie (elle avait un avion très tôt). Les mauvais matelas et le décalage horaire ont rendu cette nuit très moyenne. Malgré tout, nous nous levons de bonne heure car nous voulons retourner à l’agence Vini acheter une carte qui nous permette de téléphoner avant de prendre le bateau. Il nous reste aussi à passer confirmer l’option et payer à Air Tahiti avant de retourner chercher nos bagages pour prendre la direction du port. Nous prenons un café en guise de petit déjeuner au bar du nouveau port avant de monter dans le ferry. Suivant les consignes de Manu de l’office du tourisme de Papeete, nous prenons un bus en face du port à notre arrivée qui va nous déposer à la pension Teataura. Lorsque nous arrivons, nous ne sommes malheureusement pas attendus et il n’y a plus de place en raison du week-end de Pâques. Nous insistons car nous avions pourtant réservé hier et nous précisons que nous avons une tente. Alors il n’y a plus de problème, on nous propose la table de la mamie pour dormir. Au début, nous pensions pousser la table pour nous mettre à son emplacement mais non, non, l’emplacement, c’est bien sur la table ! Nous déplions notre nouvelle petite tente et nous essayons de l’attacher aux arbres qui nous entourent.

    Nous rencontrons Eva, une autrichienne de 83 ans. Elle a voyagé pendant 20 ans jusqu’à 76 ans jusqu’à ce qu’un cancer l’ait forcée à s’arrêter. C’est la première année qu’elle reprend la route. Elle doit depuis être très prudente avec la nourriture et elle a choisi de commencer par Moorea car elle est rassurée par la présence d’un hôpital sur l’île.

    A la pension, il y a une cuisine extérieure dans laquelle il est possible de cuisiner mais ce midi, nous nous contentons de nos restes (une boite de thon, des chips et des cacahuètes). Nous avons à peine terminé qu’on nous indique une épicerie juste à côté. Nous allons y faire un tour pour acheter des oranges, du jus de fruit et du café. A peine rentrés, j’enfile mon maillot de bain pour prendre un long bain dans l’eau turquoise pendant que Manu va repérer ce qu’il est possible de voir sous l’eau.

    Autour de moi, les polynésiens forment des petits groupes et restent des heures dans l’eau à boire, fumer … Après la douche nous faisons la connaissance de Jimmy (un des neveux de la mamie qui régente tout ici). Il nous raconte, entre autres, qu'il doit venir à Nantes en juillet pour suivre une formation de thanatopracteur. Nous traversons la rue pour aller dîner à la Paillotte. Nous discutons longuement avec le patron, Richard, un popaa installé ici depuis 12 ans. Avant d’aller nous coucher, c’est avec l’employée de notre pension que nous discutons un moment. Il fait très chaud une fois sous la tente alors nous ouvrons la porte en grand mais nous sommes très vite réveillés par une grosse averse !

    Vendredi 14 avril

    Bien que nous ayons dormi sur nos matelas de mousse achetés quelques jours avant en Australie, nous avons beaucoup de courbatures quand nous sortons de notre tente. L’avantage de ce campement, c’est que nos sacs étant bien à l’abri sous la table, toutes nos affaires sont sèches malgré la grosse pluie de cette nuit. Pendant que nous prenons notre petit déjeuner, Donald vient se présenter à nous. Il a été appelé par la mamie pour venir aider en raison du grand nombre de touristes pendant ces trois jours. Il a la quarantaine, est séparé d’avec une française (rentrée en France depuis leur rupture) à cause d’un gros problème d’alcoolisme le concernant. Ils ont une fille d’une dizaine d’années.

    Un peu à gauche de la pension, il y a un motu artificiel autour duquel nous allons plonger. Il y a un peu plus de poissons que juste en face mais la visibilité n’est pas très bonne. Dans l’eau, nous voyons Eva qui, un peu plus loin, regarde aussi les petits poissons, munie de ses palmes, masque et tuba ! Ce soir, Donald nous sert des poissons qu’il a fait griller car beaucoup de membres de la famille sont là également pour le week-end. On a également droit à quelques verres de Rhum.

    Samedi 15 avril

    Il a encore beaucoup plu pendant la nuit. Nous avons réservé un scooter pour aujourd’hui par l’intermédiaire de Donald dans le but de faire le tour de l’île. Stéphane arrive donc à 7h30, comme prévu. Nous enfourchons le scooter vers 10h30 après avoir transporté nos sacs. Une cabane face à la mer s’étant libérée, nous déménageons nos affaires pour en profiter cette nuit. Nous prenons la route vers le côté opposé de l’île. La route, en très bon état, laisse découvrir de très beaux paysages sur l’océan, le lagon et l’intérieur de l’île, montagneuse et verdoyante. Nous prenons des petites rues qui mènent à la mer qui nous permettent de voir de jolies petites habitations. Nous prenons la direction du Lagoonarium qui se situe sur un motu, côte ouest de Moorea, à quelques kilomètres des quais. Tout d’abord, ce n’est pas évident de le trouver. Etant donné sa notoriété, on s’attend à voir un bâtiment bien indiqué mais on ne trouve qu’une petite cabane sans la moindre signalétique. On fait demi-tour, on cherche aux alentours avant de revenir nous garer sur le parking en terre et d’oser rentrer dans la cabane où l’accueil est très chaleureux. Nous sommes reçus par une femme entourée de ses deux filles dont la plus petite a juste un mois. C’est son mari qui propose d’emmener les touristes dans leur pirogue à moteur qui fait le trajet île-motu-île pour un tarif assez élevé (3000 cpf par personne). Il s’agit d’un petit motu à quelques centaines de mètres du bord entourés de coraux qui foisonnent de poissons que nous demandons d’atteindre à la palme, ce qui ne pose pas de problème. Elle nous recommande juste de ne pas laisser les casques en vue.

    Le trajet jusqu’au motu est inintéressant : il n’y a vraiment rien à voir. Nous palmons sans relâche jusqu’à l’îlot pour atteindre le Lagoonarium. Pour que la découverte soit facilement accessible à tous, un parcours de cordes tendues permet de se déplacer en sécurité car le courant est très fort dans le lagon. Il y a une grosse averse à l’extérieur. Si ce n’est d’habitude pas gênant lorsque nous sommes sous l’eau, les gouttes déversées par l’énorme nuage noir finissent pas nous glacer le dos. La luminosité n’est du coup pas très bonne ce qui nous attriste car la visibilité est exceptionnelle. On voit tout de même beaucoup de poissons, deux requins et une raie pastenague.

    A notre retour, tout est trempé. Les casques et le sac avec nos habits ne sont plus sur le scooter. Malgré les recommandations reçues, nous ne pouvions pas tellement faire autrement que les laisser là. C’est la dame de l’accueil qui nous a tout mis à l’abri quand il s’est mis à pleuvoir. Nous nous arrêtons au Champion, un peu plus loin sur la route, pour nous acheter de quoi nous faire une petit pique-nique bien français (saucisson, camembert et baguette). Abrités sous le car Park, nous attendons la fin d’une nouvelle averse pour aller nous installer devant la mer pour manger. Nous sommes abordés par un marginal qui commence par nous proposer du pain avant de nous demander un morceau de fromage puis 1000 cpf. Il se contentera du fromage, ce qui est déjà un bel effort pour nous car ce n’est pas si souvent qu’on se fait ce petit plaisir. Passant devant le port, nous nous arrêtons pour nous assurer qu’il y a bien un bateau demain puisqu’on est le dimanche de Pâques. Rassurés, nous continuons notre route jusqu’à une belle plage de sable blanc située à gauche de l’aéroport, la plage publique de Moorea où des arbres font office de parasols naturels en bordure du lagon. Il y a beaucoup de vent et nous n’y restons pas très longtemps.

    Nous prenons de l’essence avant de poursuivre notre route. La pluie en profite pour faire son retour et ne s’arrête malheureusement pas jusqu’à ce que nous rendions le scooter à 17h00. Nous sommes trempés. Manu a du mal à ouvrir les yeux pour voir le chemin. Ce mauvais temps met un terme à tout ce que nous avions prévu (la route du Belvédère entre autre qui offre un point de vue magnifique sur les 2 baies : Opunohu et Cook, avec au centre l’éperon rocheux du mont Rotui). Quand nous arrivons, Donald est attablé devant un verre, sans doute depuis longtemps vu son état… Ce soir, nous retournons diner à la Paillotte. Nous sommes tristes car nous n’avons pas pu dire au revoir à Eva.

    Dimanche 16 avril

    Levés à 5h45, nous plions la tente que nous avions mise à sécher sur le petit balcon et nous refermons nos sacs. Jimmy et Donald sont déjà sur la plage. Donald nous donne gentiment son café. Nous accompagnant sur la route où nous devons attendre le bus, Donald nous propose une voiture qui pourrait nous emmener au port pour 5000 cpf. Jimmy aussi nous propose aussi de nous accompagner. Nous déclinons ces propositions après qu’ils nous aient assurés l’un et l’autre que le bus allait bien passer. Selon leurs recommandations, nous sommes dès 6h15 sur la route. Le bus doit passer à 6h30. Nous attendons 6h40 et nous voyons l’employée arriver en voiture avec son mari. Elle nous dit que le bus ne passera pas puisque nous sommes dimanche. Je rêve, tout le monde savait qu’on partait ce matin, chaque dimanche c’est la même chose, le bus ne passe pas et personne ne nous a prévenus. Oh non !!!

    Une jeune femme de la famille qui est à la pension avec nous nous propose de nous emmener. Ce qui est surtout surprenant, c’est qu’elle nous le propose gentiment, sans contrepartie, ce qui est une première depuis que nous sommes à Moorea ! Nous avons le temps d’arriver avant le départ du deuxième bateau. Puisque nous avons raté le premier bateau, nous devons racheter des billets pour le second. Nous offrons nos deux précédents billets à notre conductrice puisqu’ils sont valables un an. Nous embarquons sur le bateau de 8h00 qui s’avère moins cher et plus rapide que celui que nous avions réservé. Il est donc seulement 8h30 quand nous accostons à Papeete. Nous déposons nos sacs à l’office du tourisme pour être plus libres et nous cherchons la cathédrale pour essayer d’assister à la messe de Pâques. Nous arrivons au moment même où les fidèles sortent de la cathédrale. Nous avons tout de même l’occasion d’apercevoir le père Christophe (appelé ici père "Jésus"), le vicaire de la cathédrale de Papeete, natif de Fréland en Alsace. C’est une figure emblématique de la capitale car chaque année, l’homme d’église poursuit ses actions en faveur des démunis et notamment des sans domicile fixes. Il a aussi embarqué des professionnels de santé à bord de son truck de la miséricorde (servant habituellement à distribuer des repas) pour une tournée de prévention et de dépistage auprès des populations à risques que sont les SDF et les prostitués.

    Nous suivons les panneaux indiquant une autre église dans le Quartier de l’Evêché où nous arrivons à temps cette fois-ci. Nous assistons à l’office sympathique, accompagné de chants particulièrement mélodieux et joyeux.

    Nous retournons à l’office du tourisme profiter pendant 45 minutes de la connexion wifi et de la clim avant de rendre à la gare de taxi. Nous sommes le dimanche de Pâques, il n’y a qu’un taxi, conduit par une mamie, qui nous emmène à l’aéroport, pour un prix égal au prix habituel. Nous mettons beaucoup de temps à refaire nos sacs car le poids autorisé varie sur Air Tahiti. Nous avons le droit à 10 kilos par personne en soute et un bagage à mains de 5 kg, ce qui est un peu juste du fait que nous sommes toujours équipés de notre valise contenant la tente et les matelas. Arrivés pour enregistrer, nous avons pesé nos bagages et nous sommes contraints de devoir tout ré-agencer. A l’enregistrement, nous avons affaire pour une fois à un employé vraiment conciliant qui arrondit le poids de tous les sacs au poids autorisé alors qu’ils sont tous en excédent d’1,5 kg. Pour gagner 2 kg, Manu met mes poids de plongée dans ses poches, mais la douane nous oblige à les laisser quelques minutes plus tard. Pour ma part, je mets presque tous mes habits sur moi. Tout cela est en fait inutile car nous apprendrons plus tard que la détention d'une carte de plongée nous autorise à emporter gratuitement 5 kilos supplémentaires. Après un court vol au départ de Papeete, nous survolons notre île de destination : Tikehau. Tikehau est peu touristique : pas d'hôtel, 586 habitants recensés et quelques pensions.

    Nous sommes accueillis à l’aéroport avec un collier de fleurs traditionnelles qui embaument par Jean-Louis, le propriétaire de la pension Coconut Beach. C’est la première fois que nous avons droit à des colliers de tiaré. Il nous conduit à la pension qui se trouve tout au bout de la partie nord de l’atoll et nous installe dans un bungalow à quelques mètres de la plage. L'emplacement face au lagon est magnifique. Le cadre de la pension est enchanteur. Nous sommes heureux.

    Nous empruntons les vélos en libre-service pour aller à la boutique pour prendre de l’eau. Difficile de se perdre ici, une seule route droite centrale va de l’aéroport au village et c’est tout. Le reste de l’après-midi, nous le passons à la plage près de la pension. Baignade pour moi, avec masque et tuba pour Manu. Il suffit de faire quelques pas pour se baigner avec une dizaine de bébés requins qui vivent là. Heu... pas si petits que ça d'ailleurs puisque les plus grands font près d'1,20 m. Nous dînons avec les autres résidents : un couple d’amis Noémie (médecin) et Jérémie (dentiste), de Brest et Stéphane, un Québécois travaillant pour les impôts. Nous nous sommes mis d’accord avec Jean-Louis : nous attendons une fenêtre de beau temps pour aller faire une petite robinsonade de deux nuits sur son Motu.

    Lundi 17 avril 

    Nous avons vraiment très bien dormi dans notre petit bungalow. Nous n’avons pas eu besoin de mettre le ventilateur car nous avons laissé la porte de la chambre grande ouverte pour profiter du vent et du bruit des vagues. Nous prenons le petit déjeuner tous ensemble avant de partir explorer les fonds marins, Manu et moi, pendant deux heures. Il y a vraiment très peu de poissons à part les requins. En revanche, les motus sont vraiment beaux et encore une fois, il n’y a personne.

    Après avoir enfourché nos vélos pour aller déjeuner au snack, nous trouvons la porte fermée… à cause du lundi de Pâques. Nous n’avons plus que le snack de l’aéroport qui est ouvert par chance puisqu’il y a une arrivée/départ d’avion à 14h00, avion d’ailleurs qui emmène Stéphane vers d’autres îles. Nous embarquons deux paninis que nous rentrons manger à la pension. Je profite du calme de la pension pour faire une petite sieste d’une demi-heure avant de retourner me baigner entourée de requins. Nous allons nous promener en longeant la mer, jusqu’aux pierres volcaniques.

    Après quelques photos de coucher de soleil, nous dînons tous les quatre, Jean-Louis à côté de nous à nous faire rire de ses talents de conteur et de son sens de l'humour très original. Chaque soir, avec Jean-Louis comme cuisinier, il y en a autant pour les yeux et les papilles. Il apporte beaucoup de soin à la présentation des plats et desserts et tout ceci est bien agréable. Noémie et Jérémie nous initient ensuite au « deutsch ». J’écris les règles pour ne pas les oublier d’ici notre retour :

    Un joueur mélange les cartes à distribuer et en donne quatre à chaque joueur; il pose la pioche au centre, face cachée. Chaque joueur dispose ses 4 cartes devant lui en carré. Chaque joueur doit prendre connaissance uniquement des deux premières cartes devant lui et doit les retenir avant de les reposer face cachée au même endroit, avant que le jeu ne commence. Le joueur situé à la droite (ou gauche, à définir en début de partie) du donneur commence le tour. Il pioche une carte et peut, selon son choix :
    • la reposer dans la défausse (située à côté de la pioche, face visible) en utilisant, ou pas, le pouvoir de cette carte le cas échéant.
    • la placer dans son jeu face cachée à la place de n'importe quelle autre de ses 4 cartes et défausse ensuite la carte ainsi remplacée (face visible comme toujours dans une défausse). Le joueur suivant a le choix :
    • soit prendre la dernière carte de la défausse pour l'intégrer à son jeu;
    • soit piocher une carte et effectuer une des actions précédentes.

    Il faut 4 cartes retournées face vers la table, on en regarde deux et les deux autres inconnues. Seuls les valets et les dames ont des pouvoirs : les valets permettent d'échanger une de ses cartes avec celle d'un autre joueur, et les dames de regarder une de ses cartes. Lorsqu'un joueur défausse une de ses cartes au cours de son tour, n'importe lequel des autres joueurs peut poser sur cette défausse la même carte issue des cartes disposées devant lui. Si plusieurs joueurs ont une carte identique à poser sur la défausse, le plus rapide l'emporte, le plus lent remet sa carte dans son jeu. Si le vainqueur d'une défausse est le joueur devant poursuivre la manche, celui-ci peut évidemment continuer son tour et piocher une carte. Si un joueur se trompe de carte à défausser sur une autre, il remet sa carte dans son jeu et est pénalisé en prenant la première carte de la pioche sans la regarder et en la disposant face cachée devant lui, se rajoutant ainsi une nouvelle carte à gérer. Au fur et à mesure des tours, les joueurs doivent abaisser la valeur de leur main (cartes disposées face cachées devant eux) en les remplaçant par des cartes piochées, en les jetant dans la défausse le cas échéant, ou en échangeant ses cartes avec celles de ses adversaires en cas de pouvoir. Le joueur ajoutant la valeur de ses cartes et obtenant un résultat inférieur ou égal à 5 points annonce ensuite le « Deutsch ». À ce moment-là le tour s'arrête. La manche est terminée.

    Chaque joueur retourne alors ses cartes devant lui et additionne ses points qui seront comptabilisés et notées pour la manche suivante. La logique voudrait que l'annonceur du Deutsch soit celui qui ait le moins de points dans son jeu. Si c'est le cas il ne marque aucun point. Si un joueur a moins de points ou autant de points que l'annonceur du Deutsch, il ne marque pas de points, comme l'annonceur. Dans cette variante, les valets valent 11 points, les dames 12 et les rois noirs 20 et les rois rouge 0. Tout joueur peut annoncer "Deutsch" lorsque c'est son tour. La manche est alors terminée, et le joueur qui a le plus faible score de la table a gagné.

    Mardi 18 avril

    Il a beaucoup plu et le vent a tellement soufflé fort toute la nuit que l’excursion est annulée. Nous avions prévu de partir toute la journée en bateau, avec un arrêt pique-nique et un autre à un spot de raies mantas. Je reste à la pension pendant que Manu entreprend d’aller plonger côté océan. Il me dit que la visibilité est meilleure et les poissons plus nombreux. Je comptais y aller un peu plus tard mais le mauvais temps a été plus rapide que moi. Jérémie et Noémie, quant à eux, vont visiter l’usine de coco. Nous nous mettons à l'abri une partie du reste de la journée et nous avançons dans notre travail car dehors, il pleut des cordes et le vent ne faiblit pas. Les prévisions météorologiques ne sont guère optimistes pour les jours à venir...

    Mercredi 19 avril

    Malgré le mauvais temps, nous sortons quand même faire une sortie snorkeling. Jérémie et Noémie partent en fin de matinée. Nous pédalons vite jusqu’au snack où nous nous mettons à l’abri des parasols pour manger. Nous restons à travailler tout l’après-midi. Manu aide plusieurs fois Jean-Louis qui rencontre des problèmes sur Internet. En fin de journée, une éclaircie nous permet d’aller marcher un peu le long de la plage. J'organise des courses de bernards l'hermite !

    A notre retour, Jean-Louis nettoie le poisson dans l’eau de mer, les requins et les mouettes affluent pour avoir les restes.

    Ce soir, Jean-Louis est fatigué et il a envie de regarder un film alors il nous sert notre repas sur la petite table de notre terrasse vue mer, juste devant notre bungalow. Il faut comprendre que ce n'est pas vraiment une pension mais plutôt la maison de Jean-Louis avec plusieurs chambres. On partage vraiment son espace, notre journée est rythmée par le quotidien et parfois les humeurs de Jean-Louis.

    Jeudi 20 avril

    Il y a toujours autant de vent ce qui engendre de la houle et donc une impossibilité de prendre la mer. Nous voyons notre souhait de saisir l’unique occasion d’aller nous isoler deux jours sur un motu s’éloigner chaque jour un peu plus… Nous devons quitter notre chambre car elle est réservée à partir de ce soir. Nous nous installons dans une petite chambre (avec une bonne literie, deux fenêtres, un ventilateur et une moustiquaire) avec la salle de bain que nous partageons avec Jean-Louis. Jean-Louis dort sur un lit dans sa cuisine. C’est une nouvelle expérience que nous trouvons plutôt sympathique. Nous prenons les vélos et nous décidons d’aller jusqu’à la pointe sud, de l’autre côté de l’aéroport.

    A notre retour, nous faisons brièvement la connaissance de Corinne et Stéphan (ils habitent en Seine-et-Marne et travaillent tous les deux chez Air France. Corinne au réapprovisionnement des avions (des petites cuillères au papier toilette) et Stéphan dans la maintenance technique des avions). Nous filons au snack très vite afin de leur rapporter les vélos pour qu’ils puissent aller déjeuner à leur tour. Nous avons fait un quart du chemin quand je vois que le vélo de Manu a crevé. Nous laissons son vélo près d’un arbre, je monte sur le porte-bagage et nous nous dépêchons d’aller manger. Manu rentre à la pension à vélo, attrapant mon vélo au passage. Mais en chemin, il rencontre Jean-Louis qui, se doutant de quelque chose, a pris l’initiative d’emmener ses nouveaux hôtes en voiture avant que le snack ne ferme. Nous barbotons tous les quatre une partie de l’après-midi avec les requins.

    Pendant le dîner, Jean-Louis se met en scène et nous fait de nouveau l’animation. Ce soir, il nous raconte quelles célébrités il a hébergé : Dolph Lindgren (l’adversaire de Stallone dans Rocky 4), Poehere Hutihuti Wilson (miss Tahiti 2010), Christophe Bonet (réalisateur série Adam recherche Eve, Caméraman « Pékin Express » et sept « Koh-Lanta » à son compteur), Stéphanie de Monaco et un de ses amants. Nous croisons les doigts pour qu’il fasse beau demain pour que nous puissions faire l’excursion tous les quatre.

    Vendredi 21 avril

    Cinquième jour à Tikehau, le dernier possible pour une excursion dans le lagon qui est une nouvelle fois annulée pour cause de mauvais temps. En fait, le temps sera un peu meilleur que prévu, mais le lagon moutonne beaucoup, ce qui rend difficile sa traversée (une trentaine de kilomètres tout de même). Nous décidons d’aller snorkeler avec Corinne et Stéphan aux pierres volcaniques où nous sommes très proches de la barrière de corail. Le problème, c’est que la mer est très basse et qu’il y a vraiment énormément de courant. Corinne et moi ne restons pas longtemps dans l’eau et nous attendons les garçons sur la plage.

    Au bout du motu principal, la vie s'écoule doucement en cette fin d’après-midi et la plage est quasiment déserte, sauf moi qui me promène sur la bande de sable bordant la passe. Ce soir, Jean-Louis nous a à nouveau concocté un excellent dîner.

    Samedi 22 avril

    Jean-Louis n’est pas en forme ce matin. A notre lever, nous le trouvons assis sur le pas-de- porte de la cuisine. Il dit qu’il ressent une forte douleur au niveau de la poitrine depuis 5 heures du matin. Manifestement, il a très peur. Nous bouclons nos sacs, prenons le petit-déjeuner avec nos amis à qui je remets mes échantillons de sable qu’ils ont accepté de me ramener pour les poster une fois arrivés en France. Jean-Louis trouve quand même la force de nous raccompagner à l’aéroport, suivi de très près comme d’habitude par ses deux chiens Bichette et Mam. Un cercle de 26 km de diamètre, une seule passe entre l'océan et le lagon plus la chaleur et la gentillesse de Jean-Louis et l'emplacement de sa pension nous ont conquis. L’accueil local plus que chaleureux avec les colliers de fleurs, les colliers de coquillages en partant, les très bons moments passés ensemble, les pointes noires qui défilent a 50 cm du bord devant le bungalow resteront gravés dans notre mémoire. C’est avec beaucoup de regret que nous quittons Tikehau avec le sentiment de ne pas en avoir profité à sa juste valeur à cause des conditions climatiques.

    Nous décollons à 9h00 pour continuer l'aventure en direction de Rangiroa. Rangi, comme on dit ici, c'est le deuxième plus grand atoll au monde. Mais au fait, c'est quoi un atoll exactement ? Eh bien c'est un ancien volcan qui s'est affaissé, dont le sommet est immergé mais la barrière récifale subsiste, ne laissant plus qu'un grand bassin d'eau, protégé de l'océan par cette barrière naturelle. C'est donc différent des îles comme Tahiti, Huahine ou Bora, où le volcan est encore au-dessus de l'eau, formant une île. Un jour en revanche, ces îles seront des atolls, à cause de l'affaissement naturel. Celui de Rangiroa est si grand qu'il pourrait contenir toute l'île de Tahiti. Ici, donc, pas de grande île, mais un vaste cercle rempli d'eau, et de petites parties émergées tout autour. L’atoll de Rangiroa a une forme elliptique avec une longueur de 80 km et une largeur maximale de 32 km. La ville principale est Avatoru, mais nous avons logé de l’autre côté. On y trouve un peu tout : épicerie, pensions, médecin, pharmacie, église, club de plongée, snack…

    Une voiture vient nous chercher pour nous conduire à la pension Teina et Marie, située au bord de la passe Tiputa, renommée auprès des plongeurs. Une seule route existe, longiligne, reliant les deux extrémités. Ici, il n'y a pas de supermarché, peu de voitures, et tout est ravitaillé par bateau. C'est très calme, tout le monde se connait, et de chaque côté, la mer se perd sur l'horizon, aussi bien côté lagon que côté océan. Contrairement à Bora ou Huahine, où le lagon n'est pas très profond (quelques dizaines de mètres maximum par endroits), et permet du coup d'offrir des couleurs hallucinantes, à Rangiroa, la profondeur atteint 80m.

    Nous sommes accueillis par Nani, la belle-fille de Teina (le maire de Rangiroa) et Marie. Elle nous conduit à notre bungalow mais ne nous fait pas visiter. Elle se contente de nous dire qu’elle va nous envoyer les numéros de téléphone des personnes qui organisent les tours par texto. Elle semble triste et fini par se confier : elle est de Papeete et vit ici depuis qu’elle s’est mariée. Ses deux enfants qui sont encore petits vivent à Papeete chez ses parents car l’école est meilleure selon elle. On sent une profonde tristesse chez cette fille.

    Snorkeling d’emblée : nous louons un kayak juste à côté de la pension (1000 cpf pour 2 heures) pour aller sans tarder admirer l'aquarium naturel au pied du bungalow. A certains endroits le courant nous aspire à l’extérieur du lagon alors il faut ramer fort pour éviter de dériver à grande vitesse. Les paysages sont beaux, le corail est riche en poissons multicolores et les petits requins à pointe noire très nombreux.

    Nous passons acheter des sandwiches que nous dégustons avant d’aller voir le coucher de soleil à la passe de Tiputa. Le soir, des dauphins viennent jouer dans les vagues. Vous voyez l’image un peu kitsch du dauphin qui saute en arrondi devant le soleil couchant ? Et bien c’était ça ! À vivre, c’est juste magique. Ce soir, c’est le dépouillement du 1er tour de l’élection présidentielle à la mairie d’Avatoru. Il n’y a pas d’autre moyen pour nous que de nous y rendre en stop. Je lève le pouce (Manu n’aime pas faire ça), quelques voitures s’arrêtent mais ne vont malheureusement pas jusqu’au village (il y a quand même 10 kms) jusqu’à ce qu’une jeune femme accepte de nous emmener puisque justement, elle va voter (elle travaille à la boutique de perles du luxueux hôtel Kiaora). Comme en métropole se trouvent dans la salle la table de décharge, la table de vote, les isoloirs, et la table de dépouillement. Le dépouillement se fait en présence des délégués des candidats dans le calme et sans interruption jusqu'à son achèvement. Nous sommes les seuls avec un jeune français (étudiant à Berlin, dont la mère habite Moorea, sans doute une déléguée quelconque) à assister au dépouillement des votes. Avec nous, deux policiers qui sont présents pour des raisons de sécurité attendant les résultats : c’est François Fillon qui est arrivé en tête à Rangiroa avec 41,08% des suffrages exprimés. Les quatre positions suivantes, au terme du dépouillement, sont les suivantes : Marine Le Pen (36,39%), Emmanuel Macron (9,07%), Jean-Luc Mélanchon (5,38%), Nicolas Dupont-Aignan (2,29%). Le taux de participation a été de 37,69%.

    Une fois les résultats annoncés, nous nous renseignons pour savoir comment rentrer. Les policiers ne nous rassurent pas car selon eux peu de voitures prendront le chemin vers Tiputa ce soir. Nous ne perdons pas de temps à rejoindre la route principale. Nous nous arrêtons à une pension dont le snack est encore ouvert. La gérante n’est pas bien optimiste. Selon elle, il est trop tard pour trouver un taxi. Elle est surtout préoccupée car son mari, apte à évoluer à de grandes profondeurs a été immédiatement mobilisé par les autorités en tant que plongeur bénévole de Rangiroa pour tenter de remonter les corps de trois plongeurs décédés aujourd’hui à Ahe lors d'une plongée sous-marine profonde (60 mètres), comprenant l'exploration d'une grotte sous-marine, qui a mal tourné. J’arrête quelques voitures mais personne ne va aussi loin. Nous commençons vraiment à nous demander ce que nous allons faire. Rentrer à pied ne nous semble pas envisageable car il n’y a plus de lumière dès la sortie du village. En revanche, les chiens devant les maisons sont toujours actifs et malheureusement, c’est une nuit sans lune ! Nous commençons vraiment à être découragés quand un homme accepte de nous emmener jusqu’à notre pension, même s’il n’allait pas jusque-là initialement. Ouf !

    Dimanche 23 avril

    Nous sortons acheter de quoi prendre notre petit déjeuner dans la cuisine de la pension avant de répéter l’expérience de location de kayak car au programme on recommence le snorkeling à l'aquarium dans la passe de Tiputa. En effet, il ne fait pas encore assez beau pour prévoir une excursion et nous savons qu’à cet endroit, nous pouvons retrouver avec joie les petits poissons.

    Ce midi, nous allons déjeuner au snack d’à côté où nous sommes servis par la pétillante Lili. Nous retrouvons le jeune popaa et sa mère qui déjeunent ici aussi, accompagnés de la femme gendarme. Nous sommes contents de l’entendre dire qu’ils ont regardé s’ils ne nous voyaient pas hier soir sur le bord de la route en rentrant à 23 heures, ils nous auraient ramenés le cas échéant. La vie ici est donc plutôt douce. Après une petite sieste, nous retournons à la passe de Tiputa car c’est au moment où le soleil vient caresser l’horizon que les dauphins viennent de nouveau sauter dans les vagues. Le spectacle attire d’autres touristes mais aussi des locaux curieux et amusés !

    L'atoll en lui-même est un petit peu moins agréable que Tikehau, car plus développé et plus touristique. Ceci dit, les gens sont accueillants, et nous y avons fait la belle rencontre de la gérante du snack situé, comme celui de Lili, près du quai de l’embarcadère pour Tiputa dont la cuisine pas forcément diététique mais à des prix attractifs nous a conquis.

    Lundi 24 avril

    Ce matin, il fait beau et nous sommes contents car nous avons réservé l’excursion pour aller à l’île aux récifs avec Léon de Pa’ati Excursions. Pour 7500 cpf, Léon (dont le grand-père est breton) nous à fait passer une journée de rêve et avait toujours un mot pour rire ! Nous embarquons dans un bateau dans lequel nous ne sommes que six, Corinne et Stéphan avec qui nous avons déjà passé quelques jours à Tikehau que nous retrouvons avec plaisir, un couple d’Estoniens (la femme est le sosie d'Uma Thurmann) et nous. Nous partons avec un autre bateau qui est beaucoup plus chargé. Dans notre bateau, les femmes se voient remettre un chapeau en feuilles de palmier tressées. Après 1h45 de traversée de lagon, on arrive sur un motu paradisiaque...

    Direction le récif à quelques centaines de mètres : les chaussures plastiques sont indispensables car le récif coupe, nos Crocs sont encore une fois très adaptées. Les coraux sortent de l'eau pour former un jardin naturel. Stephan fait de nombreux plongeons des plongeoirs naturels des récifs.

    A notre retour, nous avons droit à une collation : boisson et noix de coco coupées pendant notre absence. Nous reprenons le bateau jusqu’à un motu aménagé où nous prendrons le déjeuner. Nous traversons à pied jusqu’au premier motu, puis jusqu’au second. Le capitaine en profite pour tresser d’autres chapeaux et des sacs à mains toujours avec des feuilles de palmier. A l’heure au rendez-vous pour déjeuner, nous prenons notre apéro dans l'eau avec un ballet de requins à pointe noire autour de nous avant de déjeuner sur ce motu. Les choses les plus simples (une Hinano – oui, la bière – dans l’eau, en Polynésie… peut-être une idée de la simplicité…) sont souvent les meilleures ! Au menu : riz, poisson cru, poulet grillé, poisson grillé, pain coco et cake à la noix de coco.

    En ce qui concerne la vaisselle, les plats et les couverts sont jetés à l'eau. Les requins pointes noires font le boulot… Nous attendons par sécurité qu’ils aient fini leur repas avant d’aller snorkeler. Sous l’eau, les poissons sont vraiment très nombreux et en cherchant bien j'ai trouvé un joli nudibranche.

    Nous faisons la connaissance de Philippe (commissaire de police à Lyon) et de sa femme qui sont venus avec leurs deux plus grands enfants (de 8 et 5 ans). Le petit dernier (2 ans) est resté à Lyon. Avant d’arriver, petit tour dans la passe de Tiputa pour voir des dauphins… mais nous ne sommes pas très chanceux car il y n’y en a pas beaucoup ce soir. Il y en a tout de même un qui vient surfer dans les vagues de notre bateau.

    Nous retournons à pied pour voir les dauphins avant d’aller dîner au snack d’hier où nous discutons longtemps avec la gérante. De notre table, nous observons les requins pointes noires, les requins dormeurs et les requins citrons. Quelle belle journée !

    Mardi 25 avril

    Nous retrouvons Corinne et Stéphan ainsi que Philippe et sa famille pour une nouvelle excursion pour la journée consacrée au Lagon Bleu à une heure de bateau du village de Rangiroa. Nous montons tous dans le même bateau (il y a également un Allemand un peu âgé qui, chose rare, ne parle pas anglais). L’eau est agitée alors on nous remet des cirés en nous prévenant que ce soir, ça devrait bouger pas mal… Environ 1 heure de bateau pour rejoindre l’endroit. La passe d’entrée est étroite et peu profonde. Elle nécessite une bonne connaissance de l’endroit, mais notre capitaine est un expert. Encore quelques dizaines de mètres et le bateau jette l’ancre. Dès l'approche du Lagon Bleu, nous avons écarquillé nos yeux et la curiosité a laissé place à l'éblouissement. Véritable lagon à l'intérieur du lagon, le Lagon Bleu est un endroit magique, d'un bleu étincelant. Nous avons passé la journée au cœur de ce qui sera probablement l'un des plus beaux décors de notre voyage ...

    Nous rejoignons le motu à pied avec de l’eau jusqu’à la ceinture. Les requins à pointe noire nous accompagnent. Une fois sur l’île, le paysage s’ouvre sur le magnifique lagon bleu, des langues de sable blanc et de superbes dégradés de bleu. L'eau en bordure de plage presque blanche couvre le sable de corail, puis elle devient turquoise, mais aussi bleu outremer et bleu-noir (eau profonde) au large. Le ciel donne également une autre couleur à l'eau qui peut prendre, par exemple, des tons turquoises presque fluorescents avec un ciel très sombre. Tout le monde est déjà sur le motu où nous avons rendez-vous pour manger alors qu’il reste beaucoup de temps avant le rendez-vous. Pourtant les paysages sont à couper le souffle et l’eau vraiment transparente. Nous, on reste tous les deux et on en profite à fond.

    Aujourd’hui encore, nous prenons un très bon repas sur un motu paradisiaque. Après déjeuner, les organisateurs (j’ai oublié leurs noms) ont joué de la guitare et du ukulélé accompagnés d’une sorte de contrebasse à une corde (du même type que celle que nous avons déjà vue à Bunaken) et ont chanté avant de proposer un atelier tressage de feuilles de palmier.

    Nous avons le temps de mettre la tête sous l’eau parmi les très nombreux requins avant de prendre le chemin du retour.

    Une fois la passe franchie, le retour est sportif, le vent et la houle se sont effectivement levés. Le bateau saute et tape sur les vagues. Heureusement, notre capitaine est un expert et il restera concentré pendant ce trajet bien agité (environ 1 heure). J’ai beau être à l’avant du bateau et regarder l’horizon pour ne pas avoir le mal de mer, je suis tout de même bien malade. Il y a un dernier arrêt prévu pour faire un snorkeling dérivant dans la passe d’Avatoru. Une fois arrivés à la passe, le courant sortant est très fort. Se mettre à l’eau me semble dangereux et je n’y vais pas, je reste avec les enfants sur le bateau. J’ai des nausées incroyables qui ont du mal à se calmer. Il me faut une bonne quinzaine de minutes après l’arrivée pour m’en remettre. Ce soir, les dauphins font le spectacle.

    Mercredi 26 avril

    À l’heure de quitter l’atoll de Rangiroa, nous visitons une ferme perlière. Selon les recommandations de Nani, nous sommes dès 7h45 sur le quai pour attendre le minibus qui doit nous emmener à cette ferme. L’information était erronée, le chauffeur n’arrive qu'à 8h15. Nous retrouvons Corinne et Stéphan avant que tous les secrets de la perle de Tahiti nous soient dévoilés : les perles de culture, très foncées, sont une grande spécialité de la Polynésie française. Les huîtres viennent du Mississipi, et grandissent dans le lagon pendant trois ans avant de recevoir leur greffon. Au bout de deux années passées dans une nacelle au fond de l’eau, les huîtres sont collectées et les perles extraites. Si les perles sont belles, les huîtres recevront un nouveau greffon et repartiront à l’eau pendant encore deux ans. Sinon, ces dernières seront utilisées pour faire de la nacre et pour se nourrir (Korori). La visite de la ferme est gratuite. Les propriétaires comptent sur les achats lors du passage quasiment obligatoire à la boutique. Je m’achète une perle que Corinne rapporte en France. J’espère qu’elle s’intégrera sur la monture que Manu m’avait offerte il y a fort longtemps qui contenait autrefois une perle de culture blanche.

    La mer est trop agitée ce matin, ce qui nous empêche de louer un kayak pour retourner une dernière fois à l’aquarium. Du coup, nous allons plonger près du petit port local, où seuls quelques bateaux mouillent chaque jour. Nous avalons les sandwiches achetés ce matin (sandwich à l’omelette, berk, et un hamburger) avant de dire au revoir. Nani nous remet un collier de coquillages avant que nous la quittions. Nous retrouvons Corinne et Stéphan à l’aéroport qui rentrent retrouver leur petit Manoé (2 ans) qui les attend avec impatience en France. De notre côté, nous avons simplement 40 minutes de vol. Nous reprenons l'avion quelques dizaines de minutes en direction d'un nouvel atoll, Fakarava. C'est le 2ème plus grand atoll de Polynésie française. Fakarava fait partie des 7 atolls classés « réserve de la biosphère » par l’UNESCO en 2006. De forme rectangulaire (60 km de long sur 25 km de large), Fakarava comporte deux villages principaux, Rotoava, au nord-est où se trouve l’aéroport et près de la plus grande passe Garuae, et Tetamanu, village principal au début des années 1900 et situé au sud de l'atoll au bord de la passe de Tumakohua. A l’aéroport, nous sommes attendus par Heidi, la cousine de Mate qui est venue nous accueillir avec Tuhiani, son mari et leur fille cadette, Heivanui. Nous avons de la chance d’arriver un mercredi après-midi car Heidi étant professeur des écoles, elle ne travaille pas cet après-midi et peut venir nous chercher. Stéphanie nous avait respectivement envoyé des photos pour nous aider à nous reconnaître. Colliers de fleurs odorants autour du cou, nous déposons Tuhiani chez eux car il est l’heure pour lui d’aller faire son entraînement quotidien de trois heures de rames. La pirogue tahitienne est le sport national et est très populaire ici. Heidi nous fait faire un tour en voiture pour que nous ayons des premiers repères, via la superbe route goudronnée de 15 kms construite en 2003 pour que Jacques Chirac, alors président de la République, puisse rendre visite à son copain Gaston Flosse, alors président de la Polynésie Française. Au final Chirac n'est pas venu (!) mais grâce à lui on gagne quelques minutes sur le temps de circulation... La route se termine en cul-de-sac. Pour finir, elle nous dépose chez sa tante Sirena chez qui nous allons loger.

    A notre arrivée, nous sommes chaleureusement accueillis par Sirena et sa sœur Kilda. Kilda est venue passer quelques jours à Fakarava et dort chez sa fille Heidi (c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous ne pouvons pas loger chez Heidi). Anihei, la fille aînée de Heidi est là aussi. Sirena habite une petite maison très bien située, en plein centre de Fakarava. Elle vit seule (car divorcée depuis longtemps) avec sa fille Moerai, 23 ans, déjà maman de deux petits garçons Marutea (3 ans) et Onoea (2 ans) qu’elle a eus avec le fils du maire de Fakarava. Ils ne sont plus ensemble. Nous dormons dans une petite pièce munie seulement d’un lit, dans le jardin. Il y a aussi papy Rape qui est là mais là, le situer dans la famille est compliqué. Il faudra que je me renseigne auprès de Mate. Nous passons le dîner à faire connaissance. Avant d’aller nous coucher, Moerai va emprunter deux vélos en bon état au « Relais Marama » qui vont nous permettre de découvrir les environs dès demain. Nous les aurons tout le temps de notre séjour, et gratuitement car Moerai a de très bonnes relations avec Jean-Claude, le propriétaire de la pension. Nous sommes vraiment contents de vivre cette expérience dans la famille qui va nous permettre d'avoir un autre regard sur la vie Polynésienne.

    Jeudi 27 avril

    Nous prenons le petit déjeuner avec Sirena qui a arrêté de travailler pour garder ses motuas (ses petits-enfants) Moerai est déjà partie travailler au GOD où elle travaille depuis septembre sous la forme d’un contrat aidé. Nous enfourchons les vélos et partons à la découverte de l’île. Le premier arrêt ne se fait pas attendre car au bout de la rue, nous voyons un attroupement au port. En nous approchant, nous voyons plusieurs personnes en train de pratiquer la pêche à l’aiguillette. Quelle chance, elle n’a lieu qu’une fois par an, pendant deux ou trois jours. Nous nous arrêtons sur différents spots pour prendre des photos.

    Nous continuons notre tour (avec pour but d’aller voir les clubs de plongée qui doivent savoir comment faire les excursions que nous avons prévues). Nous suivons le chemin conduisant au centre de plongée Dive Spirit où nous ne trouvons que deux plongeurs qui ne peuvent pas nous aider. Sur le ponton, une autre plongeuse nous apprend que Mathias est parti plonger en mer alors que sa femme Ariane est juste devant avec des plongeurs moins expérimentés. Nous attendons vraiment longtemps jusqu’à ce qu’Ariane puisse nous rejoindre. Elle nous accueille avec beaucoup de gentillesse et nous dit que nous devons nous adresser à Fred, un prestataire qui organise les excursions. Elle prend même le temps de nous donner son numéro de téléphone. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons au niveau d’un bateau comportant un numéro de téléphone. Une jeune femme sort de chez elle en nous voyant et nous informe que ce n’est pas le bateau de Fred mais elle nous indique sa maison. Nous trouvons effectivement l’endroit mais la maison est vide. Fred habite une maison tout au bord de l’eau sur une toute petite plage de sable blanc… L’endroit est magnifique. Nous en profitons pour nous baigner avant de reprendre la direction du village.

    Nous repérons tout à fait par hasard une petite maison qui s’avère être l’office du tourisme. Nous rencontrons Lionel (un popaa) marié à Tuia, qui tentent de mettre en place bénévolement cet office du tourisme. Nous passons un moment avec eux qui finissent par nous donner la même information : il faut contacter Fred. Puisqu’ils ont un téléphone, ils se permettent d’appeler pour nous. Fred est actuellement au secteur et ne peut pas se rendre disponible. Il nous demande de nous adresser à sa femme qui travaille au bureau de poste. Quand arrive notre tour, la femme de Fred prend effectivement nos coordonnées en nous promettant que son mari va nous rappeler ce soir pour nous confirmer qu’il fait demain la sortie à la passe nord. Contents de ce début, nous allons déjeuner dans un snack (chez Nicole). Manu a envie d’une glace et nous nous rappelons avoir vu un autre snack un peu plus loin. Nous reprenons la route dans l’autre sens mais nous nous arrêtons quelques dizaines de mètres plus loin lorsque nous voyons une jeune fille, les pieds dans l’eau, en train de nettoyer le seau d’aiguillettes auquel elle a eu droit en participant à la pêche de ce matin. Elle jette les têtes dans la mer et est entourée de cinq requins dormeurs. La scène est assez marrante. Teroro est habituée. Elle dit que parfois, ils sont dix, allongés sur le fond, à attendre de récupérer les restes. Ils sont totalement inoffensifs car dépourvus de dents. Elle me dit que je peux même essayer de les caresser. Il ne faut jamais me dire ce genre de chose deux fois. En deux temps trois mouvements je suis dans l’eau avec eux. Teroro nous invite à venir demain matin sur le port pour participer nous aussi à la pêche à l’aiguillette. Le rendez-vous est pris !

    Nous continuons la route jusqu’au snack mais nous trouvons porte close. En revanche, juste à côté, quelqu’un propose une excursion pour aller explorer le récif. Nous sommes en train de lire la proposition quand nous voyons arriver Enoha qui nous explique un peu plus en détail en quoi consiste sa proposition. Il s’agit d’aller découvrir pendant deux heures, une fois la nuit tombée, la faune sur le récif. Enoha est un de ces personnages originaux et hauts en couleur qu'on rencontre plus facilement à l'étranger qu'en France. Survivaliste de l'extrême, inspiré pour le reste de sa vie par un amérindien rencontré dans le désert, marié plusieurs fois à des femmes de nationalités et de cultures diverses, il est aussi beau parleur et charmeur. Nous prenons sa carte avant de terminer à l’épicerie pour acheter deux glaçons maison servis dans des gobelets en plastique que nous dégustons en regardant la mer. Ici les habitants sont joyeux, accueillants, ils nous sourient et nous saluent d’un geste de la main. Nous sommes sur le chemin du retour quand nous croisons Tuhiani qui se rend à son entrainement. Nous attendons que tous les rameurs de pirogues arrivent et nous assistons à leur départ avant de regagner la maison.

    Nous confirmons par téléphone auprès de Fred l’excursion de demain et auprès d’Enoha pour samedi soir (pas d’autres possibilités pour lui).

    Vendredi 28 avril

    Notre petit déjeuner pris, nous allons attendre Fred qui doit venir nous chercher devant le terrain de sport pour aller passer la matinée au lagon vert et à la plage de sable rose, à Teahatea, à la passe nord. Nous sommes 15 sur le bateau de Fred ce qui est vraiment le maximum. Nous embarquons de chez lui avant d’aller chercher tous les autres aux pontons de leurs pensions respectives. En dernier, c’est un couple de jeunes autrichiens qui embarque avec un tout petit bébé (Léa, 10 mois), ce qui ne réjouit apparemment pas le capitaine, sans doute pour des questions de sécurité. Le bateau fait un premier stop « snorkeling ». Il y a beaucoup de courant alors Fred recommande de plonger à un endroit bien précis, même si c’est un peu plus loin qu’il est préférable d’aller d’habitude. Nous lui disons que nous sommes habitués, alors il nous dépose un peu plus loin avec une autre personne et il nous recommande de rester groupés. C’est effectivement un bel endroit, avec un peu de courant mais rien de bien difficile. Le lagon vert ne se défend pas mal du tout comparé au lagon bleu de Rangiroa. L’endroit est vraiment splendide.

    Fred est un personnage haut en couleur qui carbure à la bière pour pouvoir assumer son rôle avec autant d’ardeur à chaque fois : toujours être très accueillant et agréable, répondre volontiers aux questions des clients, et sensibiliser la population à la protection de l'environnement. Fred est très investi dans l'association de la biosphère. Avant de prendre le chemin du retour, nous avons droit à une collation de haute qualité. La petite Léa est adorable. Nous ne l’entendons pas de la journée. Fred est secondé par sa nièce. Elle nous dit qu’elle organise elle aussi des excursions avec son mari mais que leur bateau est actuellement hors d’usage. Ils attendent de pouvoir le réparer pour reprendre leur activité.

    Nous demandons à Fred s’il prévoit d’aller demain à la passe sud. Il ira en fonction du nombre de demandes. Le retour est assez difficile car la mer est agitée et le bateau « tape » beaucoup. Le temps de déposer tout le monde, après consultation et un peu de lobbying de notre part, le bateau de Fred est déjà plein pour le lendemain. En nous ramenant à la maison Fred nous montre le Banana Split, le bateau d’Antoine, qui est très souvent ancré à Fakarava. De retour à terre, nous grimpons sur nos vélos et nous partons en direction de la paillotte, le petit snack que nous avions trouvé fermé hier, où nous nous installons au bord de l’eau pour déjeuner. Un bateau accoste à leur quai. Ce sont des pêcheurs qui rentrent avec pas moins de 6 mahi mahi (ou dorade coryphène, gros poisson très commun ici) que le propriétaire de la paillotte nous invitent à venir voir. Les requins dormeurs sont aussi au spectacle mais n’ont pas faim aujourd’hui. Les propriétaires du snack (des popaas - c’est la sœur de l’infirmière - qui ont les visages marqués par une trop forte consommation régulière de cigarettes et d’alcool) achètent du poisson. Nous faisons de même et nous en ramenons 3,3 kg pour Sirena.

    Nous retournons nous baigner et jouer les paparazzi. Nous attendons un moment avant de voir Antoine rejoindre son bateau avec son annexe.

    De retour à la maison, je m’apprête à recoudre le sac de plongée dont les réparations successives de Manu lâchent mais Kilda insiste pour le faire.

    Heidi et Tuhiani nous rejoignent après une réunion qu’ils avaient à la mairie. Ils sont heureux car la possibilité de créer un club de rameurs vient d’être validée. Ils vont ainsi pouvoir avoir une deuxième pirogue. Il leur reste encore à motiver les jeunes. Après dîner, nous allons nous connecter devant l’office du tourisme mais la connexion est très mauvaise (nulle pour moi).

    Samedi 29 avril

    En voulant me lever faire pipi pendant la nuit, j’ai très peur car je peux à peine marcher tellement j’ai mal aux reins. Malgré le médicament que je prends pour atténuer la douleur, je dors très peu car le moindre mouvement me réveille. Sirena me rassure en me disant que c’est à cause du bateau. Je reprends un médicament avant de partir et Moerai me donne un baume à base de camphre qui me fait du bien. Même lieu et même heure qu’hier pour le rendez-vous avec Fred qui vient nous chercher pour nous conduire aujourd’hui à Tetamanu, à la passe sud. Nous commençons par nous arrêter à l’endroit où il y a le fameux mur de requins pour recenser les gens intéressés pour faire une plongée ici en début d’après-midi. Nous en faisons partie, nous allons donc payer notre plongée avant faire un snorkeling de très bonne qualité. Il y a une grande densité de poissons, notamment un immense banc de perches pagaies à l'entrée de la passe.

    Un gros Napoléon et deux plus petits séjournent dans l'eau proche du village de Tetamanu. Belle bête que les Polynésiens nourrissent affectueusement. On nous raconte qu’il remplace Calin-calin son prédécesseur encore plus gros dégommé au fusil sous-marin dans 80 cm d'eau par un touriste. Autant dire que ce dernier n'a pas pu terminer son séjour au village !

    Nous reprenons le bateau pour aller déjeuner sur un motu que Fred appelle le motu squelettes car quand ils ont voulu s’installer sur l’île, il y avait de nombreux squelettes dans l’eau et sur terre. Le repas, préparé par la femme de Fred est excellent : sashimis, poisson grillé, et brochettes de Mahi Mahi, un vrai festin. Nous retournons à Tetamanu où nous en profitons pour saluer Sabrina, la grande copine de Sirena, chez qui Heidi va souvent et où elle aurait tellement voulu nous emmener.

    Une fois équipés, nous voilà partis voir ce célèbre mur de requins. C’est l'une des plongées les plus mythiques du Pacifique... Nous voyons effectivement des requins pointes noires, au moins un requin aileron blanc de lagon (triaenodon obesus), et surtout, l'un des plus grands bancs de requins gris au monde (carcharhinus amblyrhynchos) qui avancent face au courant. C'est le fameux "mur de requins de Fakarava", que nous avons pu facilement observer à une vingtaine de mètres de fond dans le fort courant de la passe. Nous voyons aussi de très belles raies aigles.

    Nous apprenons en remontant que ceux qui n’ont pas plongé ont aussi vu de nombreux requins, en snorkeling… Pour le retour, Fred, qui a vu que j’avais mal aux reins, me propose de m’installer sur une chaise plutôt que sur le banc. C’est effectivement beaucoup moins traumatisant.

    Nous avons juste le temps de nous changer et nous avons à peine terminé de dîner que nous entendons la voiture d’Enoha devant le terrain de sport, qui vient nous chercher pour une sortie de nuit sur le récif. Nous nous arrêtons près de chez lui car son voisin Antony vient avec nous. Nous roulons un moment avant de trouver un endroit où laisser la voiture d’Enoha. Nous montons alors tous dans celle d’Antony pour quelques kilomètres (qui nous paraissent assez longs sachant qu’il faudra faire cette distance à pied). Et nous voilà partis à la recherche de la faune que nous pouvons trouver à marée basse du côté de l’océan. En réalité, nous comprenons très vite qu’il s’agit uniquement d’une partie de pêche à la langouste. Nous nous mettons en ligne tous les quatre, chacun muni d’une lampe électrique, à la recherche des yeux lumineux des langoustes. La mer est agitée et à un moment, une grosse vague passe le récif et m’emporte, Enoha qui cherche à me protéger se retrouve par terre aussi.

    Enoha nous a prêté des chaussures pour pouvoir marcher sur le récif. Manu a des chaussures en plastique et moi une vieille paire de basket dont la semelle se désolidarise du reste à force de marcher dans l’eau. Je suis obligé d’en faire part à un moment. Enoha me solidarise les deux parties avec un morceau d’élastique. Nous voyons un oursin crayon, plusieurs crabes multicolores. Quant aux langoustes, Enoha en attrape 6. Je commence à souffrir du dos et il faut encore marcher longtemps avant de retrouver la voiture. Au bout d’un certain temps, Enoha nous propose de l’attendre sur la route pendant qu’il part en courant chercher sa voiture. Nous l’attendons juste en face la propriété de Gaston Flosse. Un partage de langouste a lieu entre les deux compères. Nous acceptons d’en rapporter une à Sirena, il nous donne alors la plus grosse. Sur le chemin du retour, Enoha nous raconte rapidement les grands traits de sa vie tout en réussissant à éviter une voiture dont le chauffeur semble bien imbibé d’alcool. Cette petite escapade aura duré beaucoup plus longtemps que prévu et quand nous arrivons à la maison, tout le monde est déjà couché.

    Dimanche 30 avril

    Ce matin, nous avons droit à un vrai petit déjeuner du dimanche tahitien : des frifris (beignets), du korori (muscle de l’huitre perlière haché en petits morceaux + aïl, échalotte et persil émincé, le tout mélangé avec du sel, du poivre, de l’huile d’olive et une pointe de jus de citron).

    Nous passons la matinée au calme avec Moerai, Sirena, Papy Rape et les enfants. Jacob (le voisin) me donne des perles de Tahiti qui ont quelques défauts car il travaille dans une ferme perlière. Nous n’osons pas trop bouger car on se dit que Heidi va sans doute appeler ou venir pour passer du temps avec nous. Elle appelle effectivement pour dire qu’elle viendra nous chercher juste après la sieste. Je finis par aller m’allonger moi aussi (pas longtemps à cause des moustiques) et quand je me lève, seul Jacob est présent pour regarder la télévision car la sienne est cassée. Il m’apprend que Sirena et Moerai sont parties à l’anniversaire d’un copain. Quant à Manu, je ne me trompe pas en allant le chercher près de l’office du tourisme car je pensais bien qu’il était parti pour essayer de se connecter. Je le trouve bien là mais Lionel et Tuia étant là, je le trouve en grande discussion avec eux. Tuia installe ses productions artisanales dans la salle d’à côté. On lui achète un bracelet et un collier.

    De retour, nous attendons encore un moment avant qu’Heidi arrive. Elle nous propose de nous emmener de l’autre côté de l’ile, après l’aéroport. Ce côté est beaucoup plus hostile : la plage est constituée en grande partie de morceaux de corail et les vagues qui se brisent sur le récif forment des rouleaux qui sont impressionnants. Nous ne restons pas très longtemps car en quelques secondes, le temps change et la pluie monte… Une première bourrasque de vent. La vitesse avec laquelle le mauvais temps est arrivé est impressionnante… Quand nous arrivons chez Heidi, seule Kilda est sur la terrasse. Tuhiani et les filles sont encore à la sieste. Heidi s’empresse d’aller les réveiller. Ils avaient prévu de faire un barbecue ce soir mais étant donné le mauvais temps, ils changent leur plan et nous proposent d’aller dîner au snack. Heidi nous redépose à la maison et nous donne rendez-vous à 18h30 au snack. Quand nous rentrons à la maison, Moerai est rentrée avec les petits alors que Sirena est encore en train de faire la fête. C’est l’heure du bain …

    Nous prenons nos vélos et allons au snack où nous ne retrouvons que Heidi, Tuhiani et Heivanui. Kilda a une cheville qui la fait beaucoup souffrir et Anihei est restée avec sa grand-mère. Heidi commande pour elle et emporte des petites boîtes contenant les repas. Manu offre le repas à tout le monde.

    Lundi 1er mai

    Nous sommes en train de prendre le petit déjeuner que Heidi appelle déjà. Elle arrive sans tarder pour nous emmener voir un atelier de tressage. Nous passons un très bon moment avec la sœur de lait de Tuhiani qui nous apprend à tresser des chapeaux au bord de la route. Elle est très douée et a d’ailleurs déjà gagné plusieurs concours de tressage. Nous repartons chargés des chapeaux, d’un très beau panier et de nombreux objets de décoration (tressés par sa sœur). Nous leur donnons un petit billet en retour.

    Ce midi, en l’honneur de notre départ, tout le monde est réuni chez Sirena pour déjeuner. Je fonce à vélo jusqu’à l’office du tourisme car je dois récupérer un bracelet pour Manu que nous avons acheté à Tuia. Les adieux sont difficiles. Je suis triste de quitter cet endroit où je me sentais vraiment bien. Les petits nous passent des colliers de coquillages autour du cou, nous embrassons tout le monde et nous montons dans la voiture car Heidi et Tuhiani nous accompagnent à l’aéroport. Dans notre chambre, nous avons laissé une enveloppe avec de l’argent pour Moerai et Sirena.

    La voiture s’arrête à l’atelier de tressage. Alors que je croyais que c’était pour leur dire au revoir, je vois la sœur de lait de Tuhiani qui nous apporte deux nouveaux superbes chapeaux, commandés en toute discrétion tout à l’heure par Heidi. Sur la route, Heidi reçoit un coup de téléphone : la housse de l’appareil photo est restée sur la table. Ils nous déposent et repartent la chercher. Arrive le moment de les quitter eux aussi. Nous courrons embrasser Tuhiani qui est resté dans la voiture car Heivanui s’est endormie (tout comme son père d’ailleurs). Juste avant d’embarquer, Heidi m’accroche un joli ras-le-cou en coquillage.

    Avant d’atterrir à Papeete, nous avons un court arrêt à Rangiroa. Rapidement on nous demande de descendre à cause d’un problème technique avant de nous annoncer un changement d’appareil. Il faut faire venir un nouvel avion de Tahiti ce qui prévoit un départ d’abord vers 19h repoussé à 19h30. Le temps de diagnostiquer tout cela, on nous sert une boisson. Le concierge de l’hôtel de luxe Kiaora propose un charter jusqu’à l’hôtel pour nous permettre de patienter dans de meilleures conditions. Nous sommes nombreux, il faut faire plusieurs tours. Nous décidons de profiter de cette occasion pour retourner voir les dauphins à la passe de Tiputa située à 15 minutes de marcheset nous proposons à Babis Happyglow et son amie (Fifi De Montory, avec lesquels nous avons fait connaissance à l’aéroport) de nous suivre. Babis et Manu échangnte à propos de l’état politique de la Grèce – Babis est Grec) et je discute avec son amie qui travaille dans la culture et aimerait passer le concours d’EJE. Malheureusement pour eux pour qui cela aurait été une découverte, les conditions ne sont pas favorables et nous ne voyons pas la queue d’un dauphin.

    Il est déjà 20h50 quand nous arrivons à Papeete. Un ami de Babis est venu les chercher en voiture et accepte de nous emmener en centre-ville. Il nous dépose juste devant l’auberge de jeunesse « Mahana Lodge » où nous avons réservé deux lits dans un dortoir de 4 mais nous avons de la chance car la personne ayant réservé un 3ème lit n’est finalement pas venue. Nous avons la chambre pour nous, ce qui nous permet de profiter de la connexion jusqu’à minuit. Papeete sera devenu notre quartier général, l’endroit où flâner entre deux vols, faire un peu de shopping et se remplir la panse de poissons crus aux roulottes de la place Vai’été.

    Mardi 2 mai

    Nous ne sommes que tous les deux à prendre le petit-déjeuner dans la cuisine. Maui Shan, le propriétaire, nous invite à goûter le dernier pot de confiture de son grand-père. Manu met ce qu’il considère comme étant ses meilleurs vêtements pour faire bonne figure à l’ECT (école de commerce de Tahiti). Nous allons nous présenter et visiter l’école, on ne sait jamais que Manu puisse trouver un partenariat dans l’avenir… J’utilise les quelques minutes restantes pour acheter un sac en toile chez Tati car je commence à être sacrément chargée avec tous les cadeaux que nous recevons. Nous repassons récupérer nos sacs au Mahana Lodge, nous félicitons Maui de son travail (il sort d’ailleurs de l’ECT, et a lui-même fait un tour du monde il y a peu) et nous attrapons un bus quelques rues plus loin qui nous conduit à l’aéroport pour reprendre l’avion, mais seulement pour 50 minutes de vol en direction de Maupiti dans l’archipel de la Société. Le vol est agréable, il y a tellement de choses à découvrir à travers le hublot, les îles de l’archipel s’enchainent sous les ailes de l’avion. L’atterrissage sur cette petite piste de Maupiti en début d’après-midi, au milieu du lagon, est simplement surprenant : lorsque le pilote approche de la piste de seulement 900 mètres de long, par le hublot nous ne voyons que de l'eau. Nous avons l’impression de nous poser dans le lagon, la piste étant sur le motu, mais dépassant dans le lagon. L’aéroport est microscopique cette fois encore.

    Maupiti est une des plus petites et la dernière des îles de l'archipel de la Société avec ses 11 km2 de superficie. Elle n'est éloignée que de 50 kms de Bora Bora. L'île compte un peu plus d'un millier d'habitants répartis sur l'île haute et les divers motus sur lesquels on cultive principalement la pastèque et le coprah.

    Les odeurs de fleurs de tiare ne nous quittent plus, nous sommes bel et bien en Polynésie ! Kilda a donné son accord pour que nous soyons logés ici aussi dans la famille. Nous allons être accueillis chez Rava et Tereitua. C’est Ravahere, dite Rava, la sœur de Mate qui nous attend avec des colliers de fleurs. Elle semble ne pas comprendre pourquoi nous n’avons jamais répondu aux nombreux appels téléphoniques de sa part depuis ce matin. Nous lui expliquons que nous ne les avons tout simplement pas reçus. Après avoir récupéré nos bagages, débarqués sous nos yeux, nous rencontrons maintenant Terei qui nous attend dans son bateau (qui est plus exactement celui de son père car le leur est cassé). A peine 10 minutes de bateau plus tard, nous accostons devant leur maison.

    Rava nous installe dans la chambre de Mate et nous montre le fonctionnement général de la maison. Très rapidement, Alexandra, leur petite fille de 8 ans rentre de l’école accompagnée de Maroa (le petit garçon de 4 ans tout rond et très rigolo de la cousine de Terei qu’ils élèvent le plus possible. Ils auraient souhaité l’adopter complètement mais elle n’a pas voulu). Après avoir salué le Papy (le père de Mate) qui habite juste en face (sa femme a le diabète et est désormais la majorité du temps à Tahiti pour ses dialyses) nous partons tous ensemble faire le tour de l’île en voiture. A Maupiti, il n'y a aucun hôtel. On n'y trouve que des petites pensions. Les habitants les ont refusés par référendum. Quelle belle idée… tout est préservé. Ils nous montrent la maison tout en coquillage de Akhy Firuu, un chanteur polynésien connu, la plage de Tereia … Ici, on dîne vers 17h00. Nous passons le reste de la soirée dehors, face à la mer (parce que nous sommes là mais la télévision joue un rôle très important sinon, comme à Fakarava). La première soirée est tendue. Il faut un temps d’adaptation à chacun. Rava arrive à s’exprimer aisément en français mais Terei moins, ce qui ne facilite pas les choses. Quand nous allons nous coucher, nous nous disons que les dix jours à Maupiti risquent d’être compliqués. Pour éviter de mettre tout le monde mal à l’aise, nous irons dès que possible passer quelques jours sur un motu.

    Mercredi 3 mai

    Nous nous apprêtons à sortir de la chambre quand Rava frappe, le téléphone à la main. C’est Mate qui appelle pour savoir si tout se passe bien. Nous lui parlons quelques minutes avant d’aller prendre le petit déjeuner. Aujourd’hui, Rava et Terei nous emmènent voir les raies mantas. Tous les matins, elles passent devant la maison entre 8h et 10 heures pour aller se faire nettoyer dans le courant de la passe.

    Dès que nos hôtes les repèrent, nous nous immergeons dans l’eau le plus discrètement possible et nous voyons ces immenses raies nager autour de nous. Les raies mantas sont de la même famille que les requins et sont généralement accompagnées de poissons-pilotes (les rémoras) qui nagent sous elles. Leur taille est tout simplement impressionnante, celles que nous avons observées faisaient dans les 3 ou 4 mètres, mais il parait que les plus grandes atteignent 8 mètres d’envergure et peser plus de 3 tonnes ! Elles sont parfois surnommées “diables des mers”, à cause de leurs deux cornes situées de chaque côté de leur bouche, qui leur servent à canaliser le plancton. Elles sont peu farouches et se laissent approcher d’assez près quand tout est calme. Manu, voulant en photographier une, est allé se poster au fond de l’eau et s’est trouvé à quelques centimètres du ventre de la raie qui passait son chemin. Quand les bateaux arrivent chargés de touristes qui plongent dans l’eau et fond beaucoup de remous avec leurs palmes, un tout petit battement de nageoire leur permet de se mettre à l’écart à plusieurs dizaines de mètres.

    Pendant que nous nous émerveillons devant les raies, Rava s’occupe des bénitiers. Elle les nettoie dans l’eau pour le plus grand bonheur des poissons papillons. Une fois dans le bateau, nous les dégustons avec du citron, un peu comme les huitres mais il faut mâcher un peu plus.

    Terei, lui est un peu plus loin à guetter les trous de varos. Manu lui a dit hier qu’il voulait en voir. Il arrive à en attraper quelques-uns.

    Quand nous rentrons, il est déjà temps de préparer à manger. Nous sommes rejoints par Alexandra qui patientait chez son papy. Nous faisons la connaissance du congélateur qui est là depuis … 50 ans. La différence entre le réfrigérateur et le congélateur n’est souvent pas très nette, nous l’avons déjà vu aux Philippines par exemple. Mais bon, nous ne serons pas malades !

    Ce soir, nous sommes contents car nous sentons nos hôtes beaucoup plus détendus. Ils nous expliquent qu’ils pêchent dans le lagon, cueillent des fruits et que c’est bien suffisant pour vivre. Puis ils passent la soirée à nous décrire la vie à Maupiti. Ce peuple de fort caractère ne s’est ouvert au tourisme que récemment, refusant l’installation d’hôtels et d’animations touristiques, à l’opposé de sa voisine Bora Bora; on ne trouve ici que quelques pensions de famille. Les 1200 habitants vivent du tourisme qu’ils logent dans ces jolies pensions familiales; ils vivent aussi de la pastèque qu’ils font pousser sur les motus. Les liaisons par avions se font avec Bora, une fois par semaine, ou Tahiti et Raiatea. L'approche maritime de l'île est difficile car il faut emprunter la passe Onoiau peu profonde (souvent moins de 5 m), très étroite entre les motu Pitiahe et Tiapaa, et encombrée de passes de coraux, ce qui explique le relatif isolement de Maupiti, lequel a toutefois diminué lors de la création de son aérodrome. Les liaisons maritimes sont rares puisque l’administration centrale envoie un petit cargo d’approvisionnement tous les mois. Le cargo à peine déchargé dans les quelques petits magasins de l’île, et les provisions manquent déjà.

    Manu photographie la lune et toute la famille est émerveillée de voir comment le grossissement permet d’en voir les détails. Cela va devenir une habitude et nous répéterons dès lors l'observation chaque soir. Chacun s’amusera à la prendre en photo jusqu’à la pleine lune.

    Jeudi 4 mai

    Terei remet en état deux vélos pour nous avant que nous partions à la découverte de l’île. Le temps est couvert mais nous comptons tout de même essayer d’en parcourir sa circonférence de 9 kms. Nous commençons par remplir notre bouteille à la fontaine. A Maupiti, l’eau de pluie est recueillie par chaque maison dans de grandes citernes. Encore une opportunité de se rencontrer pour cette population de 1200 âmes, et de renforcer la cohésion sociale : autour des fontaines d’eau. Chacun pousse sa brouette chargée de bouteilles et bidons pour faire le plein d’eau potable.

    Pour nous donner un but, nous essayons de retrouver Eva (la vieille dame autrichienne dont nous avons fait la connaissance à Moorea). Pour cela, nous nous arrêtons dans toutes les pensions. C’est un peu comme un jeu de piste. Certains pensent l’avoir vue et nous conseillent d’aller demander un peu plus loin. Lors d’un arrêt, nous rencontrons Albert, un guide conteur bien connu ici avec qui nous échangeons un moment. Une première averse nous oblige à nous abriter un moment. Manu me montre ensuite le grand Marae de Maupiti, lieu de cérémonie religieuse traditionnel. Aujourd'hui encore, les habitants de Maupiti vénèrent cet endroit qui leur assure une pêche fructueuse. En garant mon vélo, je me mets de la graisse partout que nous nettoyons avec des feuilles.

    Nous découvrons ce délicieux village des Iles-Sous-Le-Vent. Les maisons sont soignées jusque dans le détail, des rideaux fleuris font écho aux jardins qui regorgent de fleurs aux teintes éclatantes, les faapu (plantations) croulent sous les fruits, les ruelles sont proprettes. Nous ressentons un puissant désir que l’étranger de passage se sente bien; les sourires et les saluts abondants, l’accueil polynésien chaleureux… Après une belle montée, sans dérailleur, ce qui nous oblige à descendre des vélos, une descente assez sèche suit. N’ayant pas de système de freinage autre que le rétropédalage, nous mettons parfois les pieds à terre, c’est plus prudent, mais assez mauvais pour les Crocs.

    Cette île à taille humaine (11km2) gère elle-même son budget depuis 1972. Nous découvrons une île prospère, à la fois simple et moderne; elle gère intelligemment son eau douce peu abondante et ses déchets; elle possède un quai flambant neuf, une école bien entretenue, un nouveau dispensaire en construction, un rivage en pierres qui longe le village et sert en outre d’agréable promenade. Nous pédalons sur la route côtière, traversant les beaux champs de fleurs de tiare et d’ananas. Nous faisons une petite pause dans un snack où nous nous partageons un coca avant de remonter sur nos vélos. De nouveau, la pluie nous oblige à nous arrêter. Nous mangeons nos caramboles et le pamplemousse que nous a donné Rava avant de partir ce matin. Nous sommes ici aussi en pleine campagne présidentielle mais à l’inverse de la métropole où les gens sont plutôt discrets concernant leurs votes, ici, l’affiche du candidat préféré des familles est collée sur la porte de leur maison.

    Après 9 km, 3 averses, l'air redevient chaud et les nuages semblent définitivement vidés de leur eau. De retour à la maison à 14h00 (sans avoir trouvé la moindre trace d’Eva), Rava est sous la douche car elle vient tout juste de terminer de faire le ménage chez son père. Nous prenons un café ensemble avant d’aller faire une courte sieste jusqu’au retour de l’école d’Alexandra.

    Nous apprenons ensuite à râper des noix de coco car Rava veut en extraire ensuite le jus. Nous dînons dès le retour de Terei à 17h00. Il est fatigué car cette nuit, ne dormant pas, il est allé pêcher et aujourd’hui, il est allé travailler le coprah sur son motu. Il ne tarde pas à se coucher ensuite. Nous passons la soirée à discuter et rire avec Rava.

    Vendredi 5 mai

    Rava doit aller travailler aujourd’hui (elle fait la cuisine dans une pension sur le motu juste en face de chez eux). Terei nous sert de guide pour monter tout en haut du Mont Teurafaaitu. Nous grimpons pendant presque deux heures pour gravir les 380 mètres de dénivelé qui permettent de s'approcher du point culminant de Maupiti. Pour les derniers mètres, une corde est installée à poste pour aider à nous hisser plus facilement vers le haut. Au sommet de l’île, le Mont Teurafaatiu nous offre un panorama incomparable. Sur les flancs de la montagne cascade une végétation aussi luxuriante qu’inextricable. Et au-delà… Un méandre de bleu et blanc tapisse le lagon, puis le regard se perd sur la semi auréole de motus qui encerclent l’île, dernier bastion avant la frange écumeuse frappant la barrière de récif; et enfin le large, le bleu infini, palette de couleurs étincelantes qu’on ne trouve qu’en Polynésie ! Du haut, on peut même voir les mantas et au loin, on aperçoit la silhouette de Bora-Bora.

    Nous passons le reste de la journée au calme, à profiter de la terrasse des nuances de bleu que donne le soleil au lagon. Terei propose à Manu de l’accompagner pour une courte partie de pêche. Manu revient ravi : trois minutes d'une sorte de pêche miraculeuse grâce à un filet tiré au bord de l'eau ont produit une bonne dizaine de kilos de petits poissons que Tereitua et Ravahere ont ensuite mis près de trois heures à écailler et éplucher. La plus grande partie a fini en petits beignets consommés dès le dîner. Ici, les produits sont consommés très frais...

    Samedi 6 mai

    Aujourd’hui, c’est le jour du vote en Polynésie pour le deuxième tour de l’élection présidentielle. Nous accompagnons Rava à la mairie. Ce qui nous donne l’occasion d’admirer les femmes qui ont revêtu leurs beaux habits de fête pour l’occasion.

    Toute la famille va ensuite au motu Tuanai pour le coprah après nous avoir déposés un peu plus loin sur le motu, afin que nous puissions profiter Manu et moi des fonds sous-marins du jardin de corail. Le lagon s’étale, vaste, pur et translucide. Un univers en bleu et blanc. Les plages immaculées sont ivoire, la lagune turquoise, l’océan bleu profond, le ciel lapis-lazulis, les nuages qui reflètent la couleur du lagon turquoise.

    Rava et Alexandra nous rejoignent pour pique-niquer. Les garçons sont restés pêcher. Nous emmenons Alexandra snorkeler. Nous réussissons à lui montrer un placobranche et une murène (pui) qui la fait hurler de peur malgré son tuba. Pendant ce temps, Rava pêche des porcelaines (matamimis) pour sa tante qui fait des bijoux.

    Bien que les raies mantas passent tous les jours devant la maison, Rava et Terei n’ont jamais emmené Alexandra. Nous insistons un peu depuis plusieurs jours auprès d’eux pour pouvoir lui faire vivre cette expérience. Du coup, elle est surexcitée à l’idée de nous accompagner demain. Elle est également ravie de nous montrer les grands oiseaux noirs qui survolent la maison presque tous les soirs à la même heure, qu’elle appelle des canicanis.

    La vie est belle en Polynésie et nous continuons de nous faire dorloter par Rava et Terei, nos charmants hôtes qui nous préparent encore une fois un repas typiquement polynésien. Une fois la nuit tombée, nous photographions la lune, comme tous les soirs. Ce soir, nous sommes tous couchés à 19 heures après que Rava et Terei nous aient parlé de leur île, de l’abandon de certaines lignes de fret qui rend la vie parfois compliquée. Malgré tout, pour préserver leur île du tourisme de masse, la population continuera de refuser la construction d’hôtels comme on peut en voir partout sur Bora Bora.

    Dimanche 7 mai

    Je me réveille toute fraîche après une nuit de onze heures ! Après le petit-déjeuner typiquement dominical, Manu accompagne Terei qui part chercher de l’essence pour le bateau, ce qui nous permet de contribuer un peu aux charges du ménage. Nous partons tous ensemble en direction des mantas. Quel bonheur pour Alexandra qui les voit pour la première fois. Nous sommes tranquilles car aujourd’hui, c’est dimanche, et les pensions n’organisent en général pas de sortie en bateau. Tous les trois, nous observons tranquillement les déplacements harmonieux des raies. La plus grosse se rapproche souvent de nous et finalement, alors que nous tendons notre main pour la toucher, elle passe son chemin paisiblement, d’un mouvement d’aile lent et ample, comme pour dire : “la prochaine fois peut être…” J’arrive tout de même à lui faire une petite caresse lors d’un de ses rapprochements.

    Alors que nous sommes entourés de raies mantas, Manu me montre quelqu’un dans l’eau qui profite aussi du spectacle : Eva ! Nous sommes tellement contents de nous retrouver quelques instants seulement car elle repart demain matin pour l’Autriche. Nous allons ensuite dans la passe de Onoiao mais notre sortie est écourtée à cause d’une grosse averse. Quelques minutes plus tard, le soleil est déjà de retour, ce qui permet à Alexandra et son frère d’entamer une partie de pêche arrivés à la maison. Ramo (le chien) est même autorisé à jouer quelques instants dans l’eau.

    Ce soir, nous avons proposé de commander des pizzas. Rava part les commander pendant que Terei est parti tenter de repêcher des varos. Pendant ce temps-là, un héron vient se poser tout près de nous. Alexandra qui adore prendre des photos avec notre appareil l’immortalise.

    Le cousin de Terei vient passer la soirée avec nous. Nous partons nous coucher avant eux et nous nous endormons, bercés par le bruit des bouteilles entassées pour la consigne et des cannettes jetées dans un carton.

    Lundi 8 mai

    Aujourd’hui, Rava est appelée pour travailler à la pension. Dès 8h00, nous embarquons avec Terei et les enfants sur le bateau en direction du motu sur lequel ils ont leur maison car ils doivent s’occuper du coprah. Sur le motu, les habitants sont rares, ici c’est le pays de milliers de cocotiers (le coprah est une des principales activités des îliens). Les palmiers bordent une plage de rêve, sauvage. Terei nous montre comment traverser le motu afin de retourner au jardin de corail. Nous allons observer les poissons et nous les rejoignons vers 14 heures. Nous sommes accueillis avec des morceaux de coco et de l’eau de coco pour nous hydrater.

    Sur le chemin du retour, les enfants jouent à traîner des morceaux de bois qu’ils se sont fabriqués en guise de petits bateaux. Rava revient du travail quasiment en même temps que nous regagnons la maison. Nous prenons un petit encas (des frifris avec du pâté !) Un atelier coiffure est improvisé avant la quotidienne séance d’observation de la lune.

    Pour le dîner de ce soir, ce sera steak/frites et Chao-Meng commandés au snack.

    Mardi 9 mai

    Nous n’avons plus de carte téléphonique et par conséquent plus de données internet. Terei et Manu partent sitôt le petit déjeuner à la poste où elles sont vendues mais il y a déjà 65 personnes en attente. Heureusement, le cousin rasta de Rava informe Manu qu’il peut passer si c’est juste pour acheter une carte. Au retour, Terei regarde comment réparer sa baffle (la musique est primordiale pour eux, à la maison mais surtout pour leurs bringues) avant de nous emmener faire le tour de l'île en nous montrant les quelques sites des pierres de légendes incontournables. Nous longeons des maisonnettes égarées ici et là et quelques marae (lieux de culte ancestraux). Nous découvrons une tortue gravée dans la pierre ainsi que d’autres dessins primitifs : ce sont les pétroglyphes de Haranae enfouis dans la forêt tropicale. Ici, le moindre caillou est prétexte à légendes et parfois, il faut beaucoup d’imagination pour reconnaitre ce que ces roches sont supposées représenter.

    De retour à la maison, Terei se précipite chez le papy pour nous rapporter le Penu qu’il a taillé il y a bien longtemps pour son petit-fils. Il a beaucoup de valeur et est gardé bien caché chez le grand-père. Il faut dire que nous avons la chance d’être maintenant de la famille DU tailleur de penus de Maupiti (pilon à trois têtes, sculpté en basalte. Cet objet, qui symbolise l’âme de l’île, servait à la préparation du popo'i, aliment de base de Tahiti.) Nous prenons un café en guise de repas en attendant le retour de Rava puis nous passons l’après-midi au calme à la maison. Nous nous habituons bien au rythme des îles, surtout sur ce petit bout de caillou planté au milieu du pacifique.

    Mercredi 10 mai

    Aujourd’hui mercredi, Alexandra n’a école que le matin. Nous attendons son retour pour aller à la plage. Il faut lui trouver un vélo mais il suffit de demander à quelques voisins et cinq minutes plus tard, elle arrive en pédalant. Dans l’eau, elle retrouve un copain d’école. Sur la plage, son maître arrive avec femme et enfants pour faire du kitesurf. Il grée son matériel mais renonce aussitôt car le vent a baissé. Manu fait des châteaux de sable avec Alexandra. Nous savourons tous les trois ce moment privilégié. Sur le chemin du retour, Alexandra est très fière de nous montrer les arbres fruitiers (manguiers, ananas etc.) Pour terminer, nous nous arrêtons à l’épicerie acheter quelques gâteaux et bonbons. Alexandra est affamée mais je la retiens car je sais qu’ici, le maa (repas) est servi très tôt. Après le repas, Tereitura, leur fils de 17 ans, pêche directement de la terrasse, et attrape beaucoup de poissons. De nouvelles grosses averses ponctuent la soirée. De nouveau ce soir, en parlant avec Rava et Terei, souvent au travers d'anecdotes, nous nous imprégnons de l'atmosphère locale.

    Jeudi 11 mai

    Après l'orage de la nuit, ce matin, la pluie s'est installée et tombe presque sans discontinuer. Nous profitons d’une éclaircie dans la matinée pour aller poster un colis avec Terei. Il nous devance en scooter afin de gagner quelques places dans la longue file d’attente de la poste. Nous avons reçu tellement de cadeaux, dont certains volumineux (sacs et chapeaux en feuilles de palmiers tressés) qu’il est inenvisageable de les emporter dans nos sacs. Nous n’aurions de toute façon pas pu les transporter en avion, puisque la plupart du contenu du paquet est en matière végétale, ce qui est rigoureusement interdit. Nous optons donc pour la solution du bateau, en croisant les doigts pour qu’il arrive un jour.

    Un peu plus tard, nous faisons la connaissance de Tati Tania, une autre sœur de Kilda et Sirena. Le temps maussade dure tout l’après-midi. De plus, le vent se lève, nous passons donc le reste de la journée à la maison. Malheureusement, les nuages sont encore trop présents ce soir pour espérer voir la lune une dernière fois. Mais la soirée est toute autre aujourd’hui. Rava revient chargée de fleurs et toute la famille se met au travail pour nous confectionner couronnes et colliers. La Polynésie, c'est aussi les fleurs et plus particulièrement la fleur de Tiaré. Elle embaume partout. On la reçoit en collier à son arrivée, à son départ, on en trouve à mettre dans les cheveux à longueur de journée. La fleur de Tiaré Tahiti est vraiment un emblème d'ici. On trouve aussi les non moins suaves fleurs de Frangipanier et d’Hibiscus. Elle aussi offre une senteur incroyable et inoubliable. Nous faisons ensuite une longue séance photo avant une « mini bringue », obligée avant de partir.

    Vendredi 12 mai

    La nuit a été sous le signe de l'eau et ce matin, le ciel est gris. Nos sacs sont prêts quand nous sortons de la chambre. Le petit déjeuner à peine terminé, nous voyons le papy arriver. Il a traversé la route pour venir nous offrir des cadeaux de départ. J’ai droit à un collier de coquillages et Manu un penu miniature.

    Rava qui, pendant ce temps, avait disparu, revient aussi avec des cadeaux qu’elle était partie acheter : un collier avec une épine d’oursin crayon pour Manu et une parure (collier, bague et boucles d’oreilles) pour moi. Ici aussi, les adieux sont difficiles. Il nous faut pourtant embarquer sur le bateau pour que Terei nous emmène à l’aéroport même s’il n’est pas nécessaire d'arriver une heure avant ici. Les contrôles de sécurité sont très différents. La vérification d'une pièce d'identité suffit et on peut embarquer avec sa bouteille d'eau, ce qui est devenu inenvisageable partout ailleurs. Nous partons le cœur gros, comblés de cadeaux. Nous quittons cette famille qui est maintenant un peu la nôtre. De l'avion, nous voyons les grands signes que Terei fait sur le chemin du retour.

    Nous nous arrêtons à Raiatea où nous avons une escale de quatre heures. Dans l’aéroport, une affiche fait la publicité pour un loueur de voitures et de scooters. Manu appelle et quelques minutes plus tard, on vient nous chercher pour nous conduire à l’agence de location. Le temps de remplir les papiers et nous partons tous les deux à la découverte de l’île, sous un ciel malheureusement plombé. Nous prenons la route traversière qui passe par-dessus la montagne et promet de beaux points de vue sur le lagon autour de l'île. Et bien non !! La végétation ne permet pas de voir quoi que ce soit. Arrivés tout au sud de l’île, nous faisons de nouveau une belle rencontre puisqu'en passant par hasard devant la propriété d’un habitant qui nous avait indiqué le chemin quelque temps plus tôt, il nous reconnaît et nous invite à partager quelques instants de son quotidien. Il a 37 ans et vit ici tout seul avec ses vaches qui, au départ sauvages, lui permettent désormais de vivre de son élevage.

    Avant de rendre le scooter, vous faisons quelques courses (pain, saucisson et vache qui rit) qui vont nous permettre de pique-niquer sur un banc à l’aéroport en attendant notre avion. Depuis l’avion, à travers les nuages, on découvre ce petit paradis qu’est Huahine : une île composée de quelques collines, entourée d’un lagon protégé par la barrière de corail. La carte postale ! Débarqués de l’avion, ici aussi l’aéroport est minuscule, c’est assez désert à l’extérieur mais heureusement, nous sommes accueillis par Jérémie qui est venu nous chercher pour nous faire traverser l’île car le seul camping de l’île est tout au sud alors que l’aéroport et le village principal sont tout au nord. Il s’arrête tout d’abord au seul village de l’île où il nous propose de faire des courses car le camping dispose d’un espace de vie couvert qui nous permettra de cuisiner un peu.

    Jérémie nous conduit ensuite jusqu’au camping situé dans le sud de Huahine-Iti, la petite île. Huahine est en fait constituée de deux îles jumelles reliées par un pont d'une cinquantaine de mètres qui ferme ainsi 2 baies : la baie de Maroe (à l’est) et la baie de Bourayne (à l’ouest). Mais l’île du sud est assez loin, et surtout peu fréquentée. Nous traversons une île sauvage avec une végétation luxuriante et une atmosphère qui nous paraît calme. Une toute première approche qui donne envie de découvrir le reste de l'île... Avant d’arriver dans une île, nous cherchons toujours à réserver nos hébergements. C'est principalement par l'intermédiaire des blogs et forums sur internet que les recherches sont faites et arrêtées par Manu. Nous sommes des touristes "sacs à dos" plus que des touristes « haut de gamme ». Nos choix répondent à plusieurs critères : nous faisons attention à nos dépenses et n'avons pas les moyens de nous payer la majorité des hôtels en Polynésie Française, nous cherchons à être assez proches d’un spot de snorkeling et nous nous référons aux avis des internautes. Pour Huahine, nous avons choisi le camping Hiva Plage. Sur la route, nous croisons la voiture de Christelle qui, selon Jérémie, se rend à une réunion à la mairie.

    Arrivés au camping, nous découvrons trois petits bungalows agencés dans un petit jardin très vert qui permet d’accueillir des campeurs. Nous nous installons dans notre chambre et nous entamons la discussion avec Jérémie : il est venu à Huahine il y a huit ans et avait séjourné au camping Hiva Plage. Il est depuis toujours resté en contact avec les propriétaires. Revenu depuis février, il est en train de racheter une entreprise de climatisation. Il est pour le moment hébergé gracieusement au camping contre quelques services de maintenance. Il envisage de construire un petit bungalow sur le terrain de Teri et Christelle (les propriétaires du camping). Il faut dire que le camping se trouve au bord d’un lagon parsemé de coraux et à 500 mètres vers le large se trouve la barrière de corail sur laquelle s’abattent d’énormes vagues. Manu s’empresse d’ailleurs d’aller faire un tour pour terminer la journée. Dans le camping, nous faisons la connaissance de deux autres couples : Yoann et Maéva (logés dans la chambre d’à côté, se sont mariés en octobre dernier et sont partis tout de suite après faire un tour du monde. Cette petite parenthèse en Polynésie correspond à leur voyage de noce) et un couple d’anglais (logés sous une petite tente, qui arrivent de Nouvelle-Zélande où ils ont travaillé dans un lodge près du Milford Sound. Ils s’apprêtent à aller faire la même chose en Afrique du sud après leurs vacances en Polynésie. Entre deux contrats, ils voyagent…

    Samedi 13 mai

    Nous décidons de prendre les vélos pour aller explorer les environs, mais le temps est à la pluie. Lorsqu’une éclaircie pointe le bout de son nez, nous tentons un départ mais les vélos sont tous inutilisables ! On décide tout de même de partir explorer les alentours à pied en longeant la propriété de Gaston Flosse (eh oui, il en a une ici aussi !) dans le but de revenir le long de la plage. Malheureusement, la loi "littoral" ne s'applique pas en Polynésie : le bord de mer est majoritairement privatisé, donc souvent inaccessible. On marche le long de la plage jusqu’à ce que les rochers nous empêchent d’aller plus loin. Nous essayons de passer en longeant une habitation mais nous rebroussons vite chemin quand les chiens chargés de garder la propriété se mettent à hurler en nous voyant. Même s’il y a beaucoup d’eau, nous n’avons pas d’autre choix que de passer par la mer.

    Dimanche 14 mai

    La pluie se remet à tomber, c’est un peu une journée sinistrée qui s’annonce. Finalement, pour toute la matinée, on ne trouve pas meilleure activité que celle de regarder la pluie tomber du toit du fare qui sert de coin détente. C’est ici aussi qu’il y a la cuisine. Si l'endroit correspond à ce que nous cherchons, sommes très déçus par l'état de l'ensemble des ustensiles de cuisine, de la vaisselle, de la gazinière, des plans de travail... Même si nous cherchons des hébergements pas trop chers, il faut un minimum d'hygiène. Nous ne disposons même pas du moindre torchon pour nous essuyer les mains alors pour la vaisselle, n’en parlons pas. Quand nous voyons le ciel s’éclaircir dans l’après-midi, nous ne perdons pas de temps pour aller explorer l’autre côté du camping, en espérant cette fois pouvoir passer. Nous passons devant un grand marae en longeant la mer mais, une nouvelle fois, nous nous retrouvons bloqués, obligés de passer dans le jardin d’une très belle propriété. Manu photographie une sauterelle verte qui est venue se poser sur mon dos quand le propriétaire nous interpelle, furieux. Il est hors de lui car il croit que nous avons pris des photos de chez lui. Nous le rassurons en lui montrant nos photos et, rassuré, il nous explique qu’il a déjà été victime d’une fausse annonce sur Airbnb qui, photos à l’appui, avait loué son bien, encaissé l’argent alors qu’il habite ici avec sa famille.

    Nous reprenons fissa notre promenade pendant que le temps nous le permet. Nous constatons avec tristesse que nous sommes en Polynésie depuis 33 jours déjà et que nous avons seulement eu 11 jours de soleil… Je m’étais donné comme objectif de chercher le catamaran de Pierre Cosso. Oui, Pierre Cosso, l’amoureux de Sophie Marceau dans La Boum 2. Dents blanches et yeux délavés. Je sais bien que le gamin de La Boum 2 a pris trente ans, mais moi aussi et je suis sûre qu’il est resté élégant et sportif. Nous savons que le comédien naviguant dans les eaux polynésiennes depuis de nombreuses années a désormais jeté l’ancre à Huahine. Il a eu le coup de foudre pour cette petite île paradisiaque. Il y a même scolarisé son fils Lino. Jérémie nous apprend à notre retour que malheureusement, il a dû quitter Huahine pour se rapprocher de Tahiti pour des raisons liées à son divorce.

    La route est bordée de Kahaias. Le Kahaia est un arbre indigène en Polynésie française que l’on trouve uniquement dans les atolls des Tuamotu. Il fait partie de la même famille que le Tiare Tahiti. Ses petites fleurs blanches sont disposées en grappes sur de longues tiges. Elles sont très odorantes et servent à confectionner des couronnes. De retour au camping, nous assistons à un spectacle vraiment étonnant : les Anglais ont accroché aux arbres des accessoires leur permettant de faire leur sport. Nous sommes impressionnés de les voir sauter dans tous les sens, enchaîner des pompes et des exercices d’abdominaux pendant de très longues minutes malgré la pluie. A la plus petite éclaircie, nous courons à l’épicerie située en face du camping qui vend des produits de base, pour acheter de quoi dîner. Nous trouvons porte close : nous avons juste oublié que nous étions dimanche ! Heureusement, il nous reste des crackers avec de la Vache qui rit ! De nouveaux campeurs sont arrivés en fin de soirée : une famille (Laëtitia et Philippe -gendarme aux Antilles avant d’arriver à Papeete - et leurs deux filles, Perrine et Prune) ainsi qu’un groupe de trois filles Jeanne, Angélique et Camille.

    Lundi 15 mai

    La journée ne se prête encore pas à la découverte de l’île. Depuis cette nuit, nous sommes de nouveau sous le déluge de nombreuses averses tropicales. Toute la journée, la pluie s’abat sans discontinuer et notre seule protection est de passer presque toute la journée sous l’abri. L'avantage du mauvais temps, c'est qu'on avance dans notre travail d'écriture et de photos. Une éclaircie nous permet tout juste d’aller réserver un scooter au resort d’à côté pour demain.

    Mardi 16 mai

    Contre toute attente, il fait beau ! Nous enfourchons joyeusement le scooter et nous constatons rapidement que Huahine est effectivement une petite île très nature qui offre de beaux paysages, même si le temps n'est pas forcement au grand soleil. La route côtière du sud qui longe le lagon, bordée de très belles plages que l’on découvre virage après virage, nous offre de belles images et nous conduit de la baie d’Avea à la baie… d’Avea (on sort par où on est entré).

    Une image de magazine, de carte postale... Un endroit de rêve ! Un endroit rêvé Et nous y sommes quasiment seuls car il y a juste, un peu plus loin, Yoann et Maéva qui ont eu la même idée que nous en louant un scooter pour aujourd’hui. Nous profiterons de l'endroit à notre guise pendant le temps que nous jugeons nécessaire ... Rien, ou presque, ne pourrait venir troubler ce tranquille séjour ! Pas même les nuages qui assombrissent le ciel…

    Nous prenons notre temps, après tout 60 kms, même en roulant tranquillement ça n'est pas très long. Les paysages que nous traversons, finalement révélés par le soleil qui a enfin bien voulu se montrer, sont de plus en plus beaux.

    Nous nous arrêtons souvent prendre quelques photos, et découvrons au fil de la route des endroits vraiment reculés où la vie s’écoule paisiblement devant de beaux spectacles naturels.

    Nous nous arrêtons dans une roulotte pour déjeuner à l’entrée de Fare, le village principal. Entre les couleurs infinies de bleu dans le lagon, le blanc du sable des plages, le vert de la dense végétation de l’île, les odeurs des roulottes qui préparent aussi bien des hamburgers que du poisson à la vanille, les cris des enfants qui jouent après l’école, les tahitiens sur la place à l’ombre des palétuviers : ici, comme partout en Polynésie, l’expression “prendre le temps de vivre” prend tout son sens ! Nous entrons ensuite dans l’agence d’Air Tahiti. Nous avons décidé d’avancer notre vol de Bora Bora à Papeete d’une journée (le 21 mai au lieu du 22). Nous préférons avoir une journée de sécurité à Papeete afin d’assurer le vol vers l’île de Pâques. Il s’agit de ne pas le rater, il n’y en a qu’un par semaine !

    Nous poursuivons notre tour de l’île plein gaz, c’est à dire à 40 kilomètres heure maximum, le scooter de location étant bridé. En suivant un chemin bien entretenu où des chevaux apparemment plus très en forme nous regardent passer, on se retrouve dans la zone de l’ancien Sofitel, abandonné depuis une bonne dizaine d’années suite à un cyclone. L’hôtellerie est autant la pépite que le poison de la Polynésie. Comme le Club Med, à Bora-Bora, qui laissa pourrir son village sur place en construisant plus loin son nouvel hôtel, le cadavre du Sofitel à Huahine est le point noir d’une figure qui sans cela aurait été parfaite. L’endroit est désert, nous avons pourtant franchi la barrière du Sofitel pour avoir accès à la plage. Nous avons osé braver les panneaux d’interdiction qui affirment pourtant le contraire pour y éviter trop de curieux. Dommage que nous n'ayons pas poussé jusqu'à snorkeler à cet endroit (ne l'ayant pas correctement identifié sur le moment), car il paraît que la faune sous-marine y est magnifique.

    Manu me propose de conduire. Je prends alors le guidon et je suis envahie par un incroyable sentiment de liberté. Nous passons par une rivière où se trouvent d’énormes anguilles aux yeux bleus, sacrées pour les polynésiens, et qui font bien 30cm de diamètre. Deux petites filles jouent en chantant dans le lit de la rivière. C’est une très jolie scène.

    Nous continuons la boucle en vue de retourner vers Huahine Iti au sud, qui, à l’image de Tahiti Iti, est la partie plus sauvage de la sauvage Huahine. Ici la route monte et descend comme des montagnes russes, parfois avec plus de 20% de montée qui nous obligent à progresser mètre par mètre pour réussir à grimper. Après le Mont Tur, qui nous offre un beau panorama au niveau du belvédère, notre scooter plonge en roue libre vers Huahine Iti mais là, c’est Manu qui conduit car la descente me fait un peu peur. De ce côté-ci les habitants sont encore moins nombreux contrairement aux palmiers. Dans notre rétroviseur, pas une voiture à l’horizon, pas un panneau indicateur, pas un poteau électrique, juste l’infini bleu du ciel qui malheureusement commence à se recharger de nuages. Je reprends les commandes du scooter pour rentrer.

    Pour terminer notre tour de Huahine, nous allons découvrir une plage dans une baie toute proche du camping, située près de l’hôtel Relais Mahana où nous avons loué notre scooter. D’ici, nous longeons la mer le plus longtemps possible jusqu’au camping, ce qui me permet de piquer une tête pendant le coucher du soleil.

    De retour au camping, nous apprenons qu’une grève des pompiers bloque l'aéroport de Tahiti depuis hier. Les pompiers en grève demandent la création de primes et l'instauration d'un accord d'établissement spécifique à leur service, ce que refuse la direction d'ADT (aéroport de Tahiti). Les vols inter-îles sont fortement impactés. En dehors des liaisons entre Tahiti, Raiatea, Bora Bora et Rangiroa, la compagnie inter-îles Air Tahiti a annulé tous ses vols pour les autres destinations de Polynésie française en raison de la grève des pompiers des 43 aérodromes territoriaux. Une organisation parallèle (à des prix exorbitants) s’est très vite mise en place afin de permettre aux touristes d’éviter de rater leur correspondance. Il y aurait possibilité d’atteindre les îles proches détenant un aéroport à bord d'embarcation de pêches, en espérant regagner Tahiti par les peu de vols qui sont encore maintenus.

    Mercredi 17 mai

    Des kayaks sont disponibles au camping, alors on se lance dès ce matin dans une petite expédition sur le lagon. Il y a un peu de courant, il fait beau mais le ciel est menaçant, et à deux sur le kayak monoplace, nous rejoignons le motu juste en face car nous voulons profiter de l’éclaircie pour aller voir les petits poissons et le corail en dessous. Plus loin, on voit les vagues se fracasser sur la barrière de corail.

    Je crois avoir oublié de parler du corail jusqu'ici. Il est vrai que nous sommes tellement captivés par le ballet incessant des poissons et par les incroyables couleurs des organismes qui nous entourent, que je ne me suis jamais attardé sur le corail. Alors, c’est à cette étape du récit, que je choisis de faire un petit aparté sur le corail. Parce qu’on en voit souvent au cours des plongées, parce que c’est joli, parce que c’est fragile et parce qu’il est une structure importante des îles polynésiennes…

    Dans la classification des espèces, il se situe au niveau de l’embranchement des Coelentérés et appartient à la classe des Anthozoaires, mais les familles sont très différentes. Le corail est un animal microscopique (appelé aussi polype) qui passe le plus clair de son temps à construire son squelette extérieur. Cependant, tout seul, il ne pourrait pas vivre, car il lui manque certains éléments nécessaires à la construction de son squelette. Il a donc passé une sorte de pacte avec une algue microscopique : la zooxanthelle (dans les mers chaudes, sinon c’est avec le plancton dans les mers froides). Le corail fournit donc à l’algue un support pour se développer et l’algue en retour donne au corail des éléments nécessaires à son propre développement. En biologie, on appelle ce phénomène d’apport mutuel entre deux espèces : la symbiose. Ils sont considérés comme étant animaux du monde dotés de la plus grande longévité (certains vivent depuis plus de 400 ans, et même 1000 ans pour certaines espèces !)

    On distingue des coraux durs et des coraux mous et tous peuvent prendre différentes formes : en roses, en tubes, en branches, voire formant des grottes. Quant aux couleurs, elles sont aussi très variées : rouge, vert, orange, rose, jaune, noir (et aussi du corail blanc… mais là, ce n’est pas bon signe du tout…), on distingue aussi le “corail de feu” qui a la particularité d’être extrêmement urticant pour celui qui le touche ! Cependant, ils sont très fragiles et leur population est en danger. Parmi les causes, souvent mal connues, du dépérissement, nous pouvons cependant aisément lister : la pollution, les grosses variations de température (et le fameux réchauffement climatique), la variation rapide du niveau des océans (et la fameuse fonte des glaces, liée au phénomène précité), l’acidité de l’eau, les pesticides… (et il y’en a plein d’autres) ! Le dépérissement se traduit par le blanchissement du corail, conséquence visible du départ de l’algue (et donc de la perte des couleurs) avec laquelle il vivait tranquillement en symbiose. Les espèces sont d’ailleurs inégalement confrontées à ce phénomène. Ainsi, les coraux de l’archipel de la société sont les plus sensibles (30% sont morts en 1991). Bonne nouvelle en revanche : une recolonisation par les zooxanthelles de coraux blanchis est parfois possible ! Certains coraux, comme le corail rouge ont d’abord été menacés par leur exploitation pour la bijouterie, puis ils ont été victimes à la fin du 20è siècle du chalutage dans les zones froides du plateau continental.

    Mais il n’y a pas que l’homme qui s’attaque au corail. Un autre féroce prédateur est une grosse étoile de mer, recouverte d’épines (dangereuses pour l’homme en cas de contact) : l’Acanthaster. Elle possède de 12 à 19 bras rayonnants autour du corps, peut atteindre 40 cm de diamètre, et peut se déplacer à la vitesse de vingt mètres par heure. De plus, elle est douée d’un gros potentiel destructeur du corail : un seul individu peut manger jusqu’à 6 m² de coraux par an. Leur prolifération serait due à des problèmes de pollution, de surpêches (donc moins de prédateur) et donc à l’homme. Rappelons aussi que le corail est le seul animal classé au patrimoine mondial de l’Unesco, puisqu’il constitue « la grande barrière de corail » en Australie. Fin du cours… retour au récit.

    Hier, Jérémie a vu de nombreuses raies alors Manu ne peut évidemment pas résister à l’envie de le suivre. Ils partent donc tous les deux plonger en fin de journée mais rentrent sans en avoir vues. Nouveau briefing de la part de Christelle ce soir à propos de la grève : les négociations entre les syndicats et la direction de l’aéroport de Tahiti sont au point mort. Sur les 32 pompiers de l’escadron de Tahiti-Faa’a, 28 sont en grève ou en arrêt maladie. Un fond d’activité est provisoirement maintenu grâce à quatre non-grévistes et au secours volontaire d’agents des autres aérodromes d’ADT. Manu entreprend un touriste américain isolé qui a un mode de vie particulier : il est neurologue, travaille 15 jours et part ensuite 15 jours découvrir le monde. Il vient de s’acheter un van aménagé pour visiter les grands parcs américains. Nous passons la soirée à jouer à des jeux de société avec Perrine et Prune. Prune est une petite fille assez étonnante. Elle est précoce intellectuellement et donc très curieuse. Elle profite de chaque occasion pour étancher sa soif d’apprendre. Elle s’intéresse sans cesse à des sujets qui ne semblent pas forcément de son âge. La mort, les origines de la vie, l’espace, sont autant de sujets de discussion qui la passionnent. Elle a des oreilles qui traînent partout, un avis sur tout et surtout, elle n’arrête pas de parler. Elle passe beaucoup de temps à regarder nos photos et à nous interroger sur ce qu’elle découvre.

    Jeudi 18 mai

    Nous sommes réveillés dès 7h15 par Christelle qui vient frapper au bungalow de Yoann et Maeva pour les prévenir qu’aucun avion ne décollera encore aujourd’hui. Ils sont prioritaires si la situation se débloque car ils ont un vol international en direction du Chili. Nous commençons la journée en allant nous acheter quelques victuailles à l’épicerie. Dès le petit déjeuner, l'inquiétude se fait sentir au camping. La grève des pompiers en est à son 4ème jour. Nous passons la matinée tous la matinée les yeux rivés sur les téléphones à se demander comment poursuivre nos différents chemins ...

    Pour nous changer les idées, après avoir avalé un sandwich, nous retournons tous les deux au motu en kayak voir les petits poissons dans l'eau transparente. On voit un joli poulpe apparaître dans notre champ de vision. En notre présence, il fonce se cacher sous une roche. Nous le guettons un long moment mais devant notre grossière insistance à rester devant lui, il refuse de sortir. Nous comprenons le message : nous sommes des intrus et il se sent en danger. Nous sommes obligés de nous arracher malgré nous à notre contemplation béate pour laisser cet animal tranquille. Un peu plus loin, nous voyons un petit poisson coffre blessé par un hameçon… L’eau est très agitée, il faut s’accrocher au corail pour progresser. Un moment d’inattention et je me pique à un oursin. Waouh, la douleur est vive …

    Mon regard est attiré par quelque chose d'incroyablement bleu turquoise. Je me rapproche en tentant de ne pas embrocher une nouvelle fois mes doigts sur les nombreux oursins présents ici. C’est un bénitier à la chair bleue marbrée... tout simplement splendide ! Les récifs en sont farcis. Accrochés au corail, arborant des couleurs turquoises, mauves, beiges, jaunes moutarde mouchetés de brun, noir, gris marbré...qui se rétractent. Leur mécanisme de défense est à toute épreuve : fermeture de la coquille lorsque nous faisons un mouvement un peu brusque à leur niveau et accrochage avec force par le fond. Il est impossible de les déloger - à moins de les blesser. On doit se contente de les observer en paix sauf les tahitiens qui en font une grande consommation comme nous le témoignent les nombreuses coquilles vides que nous trouvons au fond de l’eau.

    Les coquillages... Lors de ce grand voyage, je ne peux malheureusement pas me charger de souvenirs. Mais souvent, quand je suis en snorkeling, je ne peux pas m’empêcher de ramener ma propre "prise" car c’est encore plus significatif pour moi. J’ai d’ailleurs toujours à la taille une petite bourse en filet qui me permet de rapporter mes trésors. Ainsi, par exemple, lors de cette sortie, je crois apercevoir, niché dans l'ombre d'un creux de récif et caché derrière un corail, un joli coquillage. Quelques manœuvres périlleuses de dégagement plus tard, je découvre un Mauritia mauritana. Mis à part son ouverture, il arbore une robe léopard. Les bords sont d'un marron foncé à la nuance miel. Le coquillage dans son intégralité est d'une brillance et d'un lissage incroyable qui fait presque croire que cela a été fait de la main du meilleur joaillier. Ce coquillage, je l'ai relâché une première fois à Tikehau mais le lendemain même de cette bonne action, j’en ai trouvé de nombreux sur la plage. Le raisonnement peut paraître simpliste, mais j'y ai vu là le signe qu'il s'agissait d'une offrande de la Polynésie. Et une offrande, ça ne se refuse pas... D'autres petits coquillages sont venus - en nombre raisonnable je précise - le rejoindre : Lyncina lynx, Monetaria annulus, Monetaria, (tous des genres de mollusques gastéropodes de la famille des Cypraeidae -les « porcelaines »), Conus, Leopardus, Mitra mitra et les nombreux magnifiques squelettes d’oursins…

    Vendredi 19 mai

    Levés dès 7 heures, nous apprenons qu’Air Tahiti ne cède pas au chantage des pompiers et affrète un bateau pour desservir Huahine, Raiatea et Bora. Manu appelle Air Tahiti puis prête son téléphone à l’américain pour qu’il envisage les jours prochains. Philippe et Laëtitia nous disent au revoir car ils partent se promener et nous serons très probablement partis à leur retour. Manu veut me montrer un champ d’anémones de mer tout près alors nous partons pour un dernier snorkeling.

    Nous rentrons préparer nos sacs sous le soleil (c’est normal, nous partons…) et nous recevons un appel d’Air Tahiti qui nous demande d’être à 10 heures au port. Au moment de partir, nous sommes retardés par les filles qui ont perdu un de leurs téléphones qu’on retrouvera finalement... dans la poche d’Angélique ! Entassés dans le pickup de Christelle, nous rejoignons le port où un bureau d’Air Tahiti est improvisé. Manu va chercher une nouvelle carte de téléphone et des sandwiches. Je sens que je dois m’assoir d’urgence car j’ai des symptômes qui ressemblent à une chute de tension. Je m’isole à l’ombre un peu plus loin.

    A 12h30, on embarque enfin sur le Maupiti Express pour deux heures de traversée. A l'arrivée du bateau à Raiatea, nous sommes accueillis par de la musique et des fleurs de tiaré. Les polynésiens ont la culture de l’accueil, et c’est contagieux ce qui permet un peu de faire oublier tout ce désagrément. On nous donne même une fleur à mettre dans les cheveux. Manu est interviewé par une chaîne de télévision avant de saluer nos amis français rencontrés ces derniers jours et de monter dans un bus envoyé par Air Tahiti pour nous conduire à l’aéroport. D’ici, nous prenons un avion pour Bora Bora.

    Nos sièges sont sur la droite de l’avion, dommage donc pour la vue sur le lagon, côté gauche. Soudain, entre les choux de nuages, on aperçoit quelques îles et l'incroyable "halo" bleu turquoise qui les entoure. Pour moi, c'est tout simplement féerique. Nous arrivons sur l’île des “voyages de noce”, la perle du pacifique : Bora Bora ! Avec Tahiti, Bora Bora est probablement le nom le plus évocateur pour se figurer le paradis en Polynésie… L’île mesure à peine 29 km², mais son lagon est trois fois plus étendu (82 km²), avec de nombreux motus sur son pourtour. Surnommé "la perle du Pacifique", l’île est réputée pour avoir l’un des plus beaux lagons du monde. L’avion atterrit sur le Motu Mute sur une piste bordée de cocotiers, sur une bande de terre à à peine dix mètres du turquoise et une fois nos sacs récupérés (pas de tapis roulants ici non plus, juste un gars qui tire un chariot et les pose sur une grande table), nous rejoignons l’île par le ferry qui assure la liaison entre l’aéroport et la capitale et principale ville de l’île : Vaitape. Les autres ne sont d'ailleurs que de petits villages, sans véritables commerces. Quelques entassements de maisons en fait, au milieu de la végétation. Généralement, les touristes sont sur les motus, à l'écart, dans les hôtels de luxe, tout autour de l'île.

    Une fois nos bagages récupérés, nous appelons notre hôte. Loana, qui gère dorénavant la pension « Robert et Tina » arrive avec son véhicule pour nous conduire à notre logement. Nous, nous allons tout au sud, à la pointe Matira, le dernier petit bras de terre avant le lagon. Comme pour les autres îles, nos recherches d’hébergements pour Bora Bora ont été faites par Manu sur internet avant notre arrivée. La pension Robert et Tina revenait souvent et le couple d’anglais rencontré à Huahiné nous l’ont fortement recommandée. Nous les avons contactés par téléphone et si les chambres avec salle de bain privée n'étaient plus libres pour la période que nous souhaitions, d'autres chambres avec cuisine et salle de bain communes étaient disponibles et nous avons pu réserver sans aucune difficulté. Robert et Tina sont deux polynésiens ayant ouvert la pension il y a 25 ans et ayant résisté à ceux qui les ayant accusé de "casser les prix", puisqu’ils sont parmi les premiers à avoir installé une alternative aux grands hôtels.

    Nous arrivons vingt minutes plus tard, accompagné du neurologue américain qui s'est greffé à nous pour une nuit de transit. Nous avons une chambre au rez-de-chaussée de la pension avec une vue fleurie sur le jardin. Nous défaisons notre sac et guettons l’interview de Manu aux informations dans la salle télé. Le journaliste cherchait à avoir des touristes mécontents et Manu a été honnête en disant que Air Tahiti avait vraiment tout mis en œuvre pour dépanner les gens, on aura beau attendre devant le petit écran, nous ne verrons que des touristes en train de râler. Affamés, nous partons en direction d'un endroit pour dîner. En sortant de la pension, nous découvrons des bungalows sur pilotis du bel hôtel Air Continental, à peine à 50 mètres plus loin. Au bout du chemin, nous hésitons et décidons de nous diriger du côté droit. Quelques mètres plus loin, nous découvrons un joli petit hôtel familial « le village Temanuata », plutôt haut de gamme, mais à la vue exceptionnelle, face au lagon. Nous nous arrêtons car l’hôtel propose des excursions et nous nous interrogeons sur le programme des jours à venir. Après avoir longuement discuté avec Jacques Saint, le directeur général de l’hôtel, parfait dans son rôle extrêmement sympathique, serviable et de bon conseil, nous optons pour louer un petit bateau demain et nous ferons un tour de l'île rien que tous les deux. Après-demain, nous essaierons de monter un peu à pied pour avoir une vue en hauteur, puis nous louerons des kayaks pour aller au jardin de corail juste en face. Jacques nous remet un bon d’un restaurant qui nous permettra d’avoir un cocktail gratuit si nous allons y manger, ce que nous ne manquerons pas de faire le soir même.

    Samedi 20 mai

    Nous sommes seuls au rez-de-chaussée de la pension, ce qui nous permet de bénéficier à loisir du coin cuisine collective, simple, propre et équipé correctement. Je prépare des sandwiches pour ce midi et nous prenons un bon petit déjeuner en attendant que Karim, le loueur de bateaux vienne nous chercher en voiture. Il nous arrête à une petite boutique pour acheter de l’eau et quelques fruits pour compléter notre pique-nique. L’agence de La Plage Tours, spécialiste à Bora Bora des locations de bateaux sans guide (avec ou sans permis) est située dans l’enceinte du Sofitel, ce qui nous donne l’occasion de traverser cet hôtel de luxe. Après un rapide briefing sur les fonctionnalités du bateau, nous partons en espérant passer entre les gouttes des gros nuages menaçants...

    A peine sur notre petit bateau, nous sommes subjugués, profondément émus. Je crois être téléportée dans un autre univers ! C’est époustouflant. Il n'existe aucun mot plus fort que ceux que j'emploi depuis le début de ce récit, en tout cas pas à ma connaissance, pour décrire l'incroyable beauté irréelle que nous avons sous les yeux. Encore une fois, la couleur de l'eau est magnifique. Une fois à l’intérieur du lagon nous flottons sur des eaux d’un turquoise parfait que reflète la base des nuages pour mieux encore l’accentuer, et dont dépassent les cimes du Mt Otemanu, dominant l’île de ses 727m. Malgré le temps médiocre, je suis restée bouche bée tellement le lagon de Bora Bora est magnifique. Un vrai paysage de carte postale et encore plus. Ce lagon autour de l’île est d’une beauté à vous couper le souffle. Le bleu se décline en de millions de nuances qu’on avait jamais vus jusque-là. Cela fait maintenant un peu de temps que nous sommes dans ce coin du monde, mais cette couleur nous surprend toujours autant. Ça brille, ça saute aux yeux, ça réveille votre pupille : bleu marine, bleu ciel, bleu-vert, bleu turquoise, bleu clair, bleu foncé, bleu noir, bleu roi, bleu, bleu, bleu ! Il y a quand même d’autres couleurs : un soupçon de gris volcanique, de vert, de rouge, de jaune et de blanc qui composent l’île, sa végétation et ses plages, le tout entouré de… bleu. Les différentes nuances de bleu des eaux et la végétation luxuriante sont un bonheur pour les yeux. Ici, à chaque fois que tu crois avoir vu la plus belle chose, une autre vient te faire mentir presque aussitôt : de nombreuses raies viennent tournoyer autour et sous notre bateau.

    Nous naviguons de long en large dans le splendide lagon, voguant dans le but de faire le tour de l’île quand même, entre les quelques Motu (petites îles en polynésien), parsemées des bungalows sur pilotis caractéristiques de Bora Bora (à partir de 1000$ la nuit sans le petit déjeuner, tout de même). Nous admirons ainsi l’atoll et sa montagne envoûtante sous tous les angles, nous arrêtant ici ou là nager dans l’eau transparente. Quitte à casser le mythe : oui, il y a plein d’hôtels sur pilotis qui ont envahi le lagon, non, il n’y a pas de vahinés nues et lascives au soleil sur les plages de sable blanc, oui il y a plus de touristes que de polynésiens, oui, c’est encore plus cher parce qu’il y a plus de touristes que n’importe où ailleurs. Mais bon, oui, ça vaut le coup d’œil ne serait-ce pour le lagon qui est fidèle à son label de plus beau lagon du monde ! Il est des endroits comme ça, où l'on peut encore tutoyer la Nature sans qu'elle s'effraie où qu'elle soit dévastée. Bora-Bora fait partie de ces endroits. Nous nous arrêtons sur un petit motu que nous traversons jusqu’à arriver côté océan sur des reliefs tranchants. Avant de rentre le bateau, nous nous arrêtons au jardin de corail mais la mer est agitée et nous avons vraiment beaucoup de mal à ancrer le bateau. Je plonge et j’essaie de planter l’ancre dans le sable mais le vent pousse le bateau alors la sagesse fait qu’on renonce à l’idée pour ce soir.

    Dimanche 21 mai

    Conformément à notre souhait de prendre un peu de hauteur, nous passons redemander à Jacques de nous indiquer précisément le petit chemin nous permettant de le faire. Nous avons un peu de mal à le trouver et nous sommes vraiment tous seuls. Nous comprenons vite pourquoi : la jungle épaisse et les falaises qui nous barrent la route me font baisser les bras à moitié, mais je suis Manu qui est plus motivé. La vue du haut est vraiment très belle.

    Nous regagnons « le village Temanuata » où nous louons un kayak pour rejoindre le jardin de corail. Là-bas, le bleu de l'eau toujours turquoise est parsemé de tâches sombres que sont les patates de corail, volumineuses, du fond, cinq ou six mètres en dessous. Masques et tubas vissés sur la tête, nous nous mettons à l'eau, pour découvrir une zone pleine de vie, et connaître le plus beau snorkeling de Polynésie. On plonge dans l’eau pour se retrouver au milieu des poissons, pendant que des prestataires leur donnent du poisson pour les nourrir un peu plus loin. Pratique qui ne me plaît pas du tout, car on habitue ces poissons à être nourris, ce qui pourrait avoir de mauvaises conséquences par la suite. Les sergents majors sont là par centaines, d'autres poissons stagnent au fond par bandes de 20 sans bouger, ou d'autres encore nous dépassent ou passent juste devant nos yeux lorsque nous nageons pour rejoindre un autre endroit et nous balader dans le coin. Des poissons de toutes sortes : zébrés, multicolores, petits, moyens, s'ébattent de tous côtés, nullement effrayés par notre présence. Il y a vraiment beaucoup de vie et nous découvrons même des poissons que nous n’avons encore jamais vus.

    Nous continuons notre promenade aquatique, et nous ne nous lassons pas de dévier, suivre quelques poissons, essayer d'en toucher certains, ou descendre un peu pour aller en découvrir d'autres. Un moment vraiment très agréable. Sortie depuis un moment car je commençais à avoir froid, je me régale de voir Manu prendre autant de plaisir. Régulièrement, il sort la tête de l’eau pour me dire ce qu’il voit. Il a l’air tellement heureux. Nous rentrons sans perdre de temps car nous prenons notre vol ce soir et Loana nous a demandé d’être de retour à 16 heures. Nos sacs prêts depuis ce matin, nous partons après avoir eu le temps de prendre une douche.

    Dans l’avion, après cette escale courte pour nous, mais qu'on n'aurait manquée pour rien au monde, je me repasse déjà les magnifiques images que j’ai dans la tête. Et dire que nous avons hésité à venir à Bora Bora, considérée comme étant trop "touristique" par la plupart des blogs et des gens que nous avons croisés. Alors que le lagon est juste ... époustouflant de beauté ! Et puis, touristique ... oui, un peu mais honnêtement, y'a quand même nettement pire ! Comme quoi on ne place pas la barre tous au même niveau. La grève des avions nous a obligés à écourter notre séjour et ça, c'est notre seul regret. Je crois que de ma vie, je revivrai rarement de telles journées. J'espère avoir suffisamment de force de cœur pour ne jamais les oublier... Mauruuru et Nana - merci et au revoir - Bora-Bora.

    Arrivés à Papeete, il est tard et nous n’avons pas d’autre choix que de prendre un taxi. Manu aborde des couples avec des gros sacs à dos, susceptibles d’être intéressés pour partager une voiture afin de réduire les coûts. Le premier couple ne va pas en centre-ville et le deuxième (déjà entrevu sur la plage Matira à la descente de notre kayak) attend un transport de l’hôtel. C’est donc seulement tous les deux que nous arrivons à l’auberge de jeunesse « Mahana Lodge » où nous avons déjà séjourné lors du dernier passage à Tahiti. En revanche, cette fois, nous avons de la place dans un dortoir de 12 personnes, sans fenêtre. Ça ne sent pas très bon ! Nous nous apprêtons à aller dîner aux roulottes et en sortant de l’auberge de jeunesse, nous tombons nez-à-nez avec le couple de l’aéroport qui attendaient leur navette. Ils ont dû mal comprendre et sont finalement venus en taxi. Alors que nous sommes en train de manger, nous les voyons de nouveau et nous échangeons quelques mots. Nous les retrouvons sur la place en fin de repas alors nous décidons d’aller prendre une crêpe ensemble. Nous faisons alors connaissance avec Flo et Jenny, avec qui nous partagerons de nombreux moments de voyages par la suite.

    Lundi 22 mai

    Pour notre dernier jour en Polynésie, nous faisons un tour dans Papeete en passant par le marché. On y trouve toute l’étendue des produits polynésiens, monoï, fleurs, légumes, fruits, poissons, vêtements fleuris. Un balcon à l’étage permet d’apprécier la diversité des stands ainsi que les couleurs locales. Coloré et vivant c’est l’endroit idéal pour faire un peu de shopping souvenir, manger une glace, boire un jus de fruit ou manger bon marché. Nous achetons quelques petites bananes que nous allons manger dans le parc de la reine après être passés chez Tati pour acheter de nouvelles culottes et caleçons, ceux du départ commençant à être fort usés. Nous trouvons difficilement deux places sur un banc dans le parc et Manu se focalise sur le fait de copier ses fichiers de photos afin de pouvoir envoyer une copie de sauvegarde en France. A court de batterie, nous rentrons à notre logement. Flo est resté écrire leur blog, Jenny est partie photographier des fresques de l’énorme culture de street art qui embellit les rues de la ville. Ces murs peints font l’objet d’un concours annuel international, l’Ono’u, avec de très jolies réalisations. La poste fermant à 17 heures, la copie se termine alors que je finalise un dernier colis à envoyer (de sables, coquillages…)

    Nous nous promenons en longeant la mer. Un endroit agréable pour se balader à Papeete est le front de mer car tout a été réaménagé et transformé surtout depuis quelques années avec la création des Jardins de Paofai. Facilement accessible du centre-ville, il y fait bon déambuler dans les espaces verts bercés par les alizés, en recul du grand boulevard Pomare. Ce "poumon vert" de Papeete s'étend sur 5,6 ha et est ouvert (et surveillé) 24 h/24. Chacun peut se promener, faire du sport, palabrer à l'ombre d'un cocotier, pique-niquer sous les Fare, se détendre avec les enfants (3 aires de jeux). Les footballeurs et les volleyeurs disposent d'un terrain de sport et les adeptes du va'aa (pirogue) de leur plage adaptée. C’est là que nous choisissons de nous arrêter pour regarder le coucher de soleil en regardant les va’a s’entrainer. D’ici, on peut voir la passe de Papeete et l'entrée du port.

    Nous prenons l'avion pour l'île de Pâques tout à l'heure à 3h20. On sera le 23, ce qui fera tout juste 10 mois que nous sommes partis. A partir de ce moment-là, on entamera le chemin du retour... Nous allons dîner aux roulottes avec Flo et Jenny. De retour à l’hôtel, nous nous douchons avant de nous rendre à l’aéroport.

    Mardi 23 mai

    Il est minuit passé quand nous descendons du taxi qui nous dépose à l'aéroport. Notre avion ne part qu'à 3h30 mais attendre à l'auberge de jeunesse ou ici ... Sauf que la grève a encore sévi et nous apprenons que notre vol est annulé. Tout a été très mal géré : nous n'avons tout d'abord pas été prévenus, l'accueil a été déplorable (personnel très désagréable et ne donnant aucune explication). On nous a installés sur des lits de camp mais à peine endormis (vers 1h), ils nous ont réveillés (et pas en douceur !) à 3h15 car il y avait un atterrissage deux heures plus tard. On a cherché à redormir un peu dans un coin de l'aéroport mais ce matin, nous avons été délogés par la police. Bref, L'HORREUR !!!

    Une fois qu'on nous a assurés qu'on partirait bien ce soir, nous louons une voiture pour fuir l'aéroport, et nous entamons tous les deux le tour de l'île de Tahiti. Le périmètre de Tahiti Nui est de 120 km. Si on ajoute Tahiti Iti, on arrive à 190 km de périmètre. Il est donc tout à fait possible de faire le tour de Tahiti en une journée en voiture et de vous arrêter aux points d’intérêts. A Tahiti on parle en « points kilométriques » (PK) pour indiquer une adresse. Le PK 0 étant la cathédrale de Papeete. Nous commençons par traverser Papeete et nous faisons un premier arrêt peu après la ville, au col du Tahara'a, sur un promontoire avec une vue panoramique sur la baie. Tout Papeete sous nos yeux et Moorea un peu plus loin et le Pacifique à perte de vue. L'un des plus beaux points de vue sur la ville.

    Abreuvé de dépliants touristiques, le nouvel arrivant est souvent persuadé que l'île est bordée de magnifiques plages de sable blanc immaculé, inondées des rayons d'un soleil tout juste rendu supportable par l'ombre d'indolents palmiers et cocotiers penchés vers le lagon calme. Malheureusement, les plages de Tahiti ne sont pas comme ça. Tahiti est une île volcanique, avec peu de plages, et la majorité d'entre elles sont constituées de sable noir. Comme son nom l’indique, le sable de ces plages est noir, le contraste entre le bleu de l’eau, le vert des palmiers et le noir du sable est néanmoins très joli. Seul inconvénient : le sable noir, non mouillé, brûle les pieds.

    Il y a peu de plages de sable blanc. La plus importante, et la plus fréquentée, est celle de la plage publique au pk18 (donc à 18 kilomètres de Papeete), à Punaauia à laquelle nous n'arriverons que dans la soirée. Pour déjeuner, nous nous arrêtons de l'autre côté, à une plage mal indiquée sur les cartes mais que tout le monde la connaît. Heureusement pour les touristes comme nous, un panneau rouge indique clairement le parking de la plage. Alors, où sont-elles ces magnifiques plages des dépliants touristiques ? Dans les autres îles de la Polynésie française. Comme partout, les polynésiens ont eux aussi des progrès à faire en matière de protection de l’environnement : le tri sélectif est très peu développé et il y a pas mal de déchets sur les bords des routes autour de Papeete. Heureusement les enfants reçoivent une éducation à l’environnement dans les écoles ce qui fait que ce sont souvent eux qui reprennent leurs parents quand ceux-ci n’ont pas les bons gestes !

    Il y a de nombreuses petites maisons typiques, des églises, tout le long de la route. Dès que l'on s'écarte un peu de cette route, la végétation tropicale reprend ses droits et l'on se heurte à une montagne aux parois bien raides. Nous passons de Tahiti Nui (la grande Tahiti) à Tahiti Iti (la petite Tahiti) reliées par un étroit cordon de terre. La route s'arrête à Teahupoo, un village endormi, qui est pourtant mondialement connu... de la communauté des surfeurs uniquement ! Même si ce n’est qu’à une dizaine de kilomètres, nous n’allons pas jusque-là car nous craignons d’être en retard… Nous partons plutôt pour la côte Nord de Tahiti Iti, pour y chercher une petite route qui monte sur le plateau de Taravao. De là-haut, nous devrions avoir une vue magnifique sur l'ile. Nous nous trompons de chemin et empruntons une route qui se transforme rapidement en piste cahoteuse sur laquelle se succèdent des plantations et des cabanes. Dans le doute, je demande à un tahitien la bonne direction et nous faisons demi-tour. La vraie route est goudronnée et monte à travers des champs verdoyants un peu plus loin. Nous cherchons encore pendant un moment la route menant au belvédère. La route pour rejoindre le plateau n’est pas forcément indiquée immédiatement et les explications successives glanées auprès de différents polynésiens ne concordent pas toujours.

    La route qui monte jusqu’au point de vue nous plonge dans un décor loin de la Polynésie : champs et prés avec des vaches, petits bois dans lequel la route serpente… on se croirait en Normandie ! Une partie du trajet est ombragée et c’est très agréable d’autant que la circulation est quasiment absente dans cet endroit plus fréquenté finalement par les locaux que par les touristes. Le plateau de Taravao est en quelque sorte le grenier de Tahiti. On y cultive tomates, salades, concombres, choux mais aussi des produits plus typique tels que taros, patates douces et toutes sortes de fruits (bananes, fruits de la passion…) Il y a également des laiteries. La production de lait frais de Tahiti provient de cet endroit. Nous dépassons une base d’entraînement des militaires et sur cette même route, le belvédère est immanquable. Parking à droite, belvédère à gauche. Ici, le cadre est baigné par les bruits de la nature. Dans ce paysage très différent du reste de l’île on profite de ce point de vue exceptionnel. En premier plan la vue plongeante sur Tahiti Iti embrasse le domaine pastoral que nous venons de traverser. En second plan l’on se rend compte clairement des proportions et de l’étroitesse de l’isthme de Taravao enserré comme dans un étau géant par l’Océan Pacifique. En arrière-plan enfin, Tahiti Nui se place en clef de voute de ce panorama avec son imposante splendeur et ses sommets qui accrochent les nuages.

    Nous choisissons de nous arrêter au jardin botanique de Papeari Tahiti (PK51) mais l’entrée est payante et nous avons dépensé nos derniers Francs Pacifiques pour acheter de quoi manger ce midi. Tant pis, nous nous arrêtons aux jardins d'eau de Vaipoiri... qui ferment une heure plus tard, ce qui nous laisse juste le temps d'en faire le tour et de monter au premier point de vue, montre en main. C’est un site à flanc de montagne, un joli jardin très bien aménagé et ornementé par le cours d’eau et quelques bassins. Des sentiers de randonnées balisés le long des cascades partent également depuis les jardins. Il a beaucoup plu ces derniers jours alors les chemins pour monter sont vraiment très glissants. Je commence la descente pendant que Manu photographie le point de vue.

    Alors que la nuit tombe, nous nous arrêtons à la plage de Punaauia pour voir notre dernier coucher de soleil polynésien.

    En rentrant, nous vérifions à Papeete que ce n’est pas ce soir qu’a lieu la cérémonie d'ouverture du Heiva (une fête qui dure 3 semaines où s'affrontent les différents districts en chants, danses mais aussi costumes, pirogues, concours de tressage, lancers de pierres... et même pétanque). De retour à l’aéroport, nous avons bien la confirmation que l’avion partira bien à l’heure prévue. Rassurés, nous rendons la voiture et allons alors profiter de notre troisième repas offert par Air Tahiti en guise de maigre compensation pour le désagrément occasionné par le vol annulé cette nuit.

    En résumé, ici, en Polynésie :

  • Il y a plus d'accidents de noix de coco qui tombent que de morsures de requins;
  • A la radio, ce ne sont que des reprises d'anciens tubes, remixés;
  • Il n'y a quasiment pas de mendicité (un peu seulement à Papeete);
  • Selon l'avis de métropolitains vivant ici, mais aussi de certains polynésiens, la Polynésie coulerait économiquement en à peine un ou deux ans si les indépendantistes prenaient le pouvoir (fin de l'assistance française, des aides fiscales, des règles et des avantages fiscaux...);
  • La crise n'a pas épargné la région, et bien des hôtels de luxe ont fermé depuis quelques années;
  • La Polynésie, c'est 200 000 visiteurs par an. Hawai, 4 millions;
  • Il n'y a pas d'animaux venimeux;
  • Les clichés que tout le monde a en tête sur la Polynésie sont vrais. C'est vraiment comme on l'imagine;
  • La Polynésie est un POM, pour "Pays d'Outre-Mer". C'est le seul. Il y a un président nommé par une assemblée de Polynésie, avec 57 élus, dont 2 députés à Paris et 2 sénateurs;
  • Les polynésiens ne sont pas férus de travail, car ils ont un terrain hérité de la famille, des poissons et des fruits à volonté. Ils n'hésitent donc pas à quitter leur travail pour un oui ou pour un non, et ne sont pas dérangés de ne pas en avoir pendant un an ou deux;
  • Il n'est pas rare de trouver des tombes sous un auvent dans les jardins des maisons;
  • Il y a des chiens errants un peu partout;
  • Les polynésiens sont 260 000;
  • Des statues "tribales", les « Tikis » ornent certains jardins publics ou privés, ou sont disposées à l'entrée de certains bâtiments;
  • A l'aéroport, personne n'attend l'annonce micro pour l'embarquement, car, quand l'avion atterrit, tout le monde sait qu'il faut s'aligner devant le comptoir;
  • Il y a des poules et des coqs partout qui appartiennent à tout le monde. A Maupiti par exemple, si on veut en manger une, il suffit de l’attraper au lasso;
  • Au supermarché, les bouteilles de bières sont en consigne. Il faut les ramener pour récupérer les 60 francs Pacifique;
  • Le personnel de ménage de l'aéroport porte des chemises à fleurs
  • Ici, on comprend difficilement qu’on ne soit pas croyant;
  • Les horaires d'école sont 7h-15h30;
  • "Ia orana" signifie bonjour, "nana" au revoir, "mauru'uru" merci;
  • On prononce "Papé-été" et non "Papète", ce qui signifie "nappe d'eau";
  • Mettre une fleur sur votre oreille côté gauche signifie que vous êtes pris, et sur le côté droit célibataire;

    Pourquoi j’ai adoré:

  • Parce que j’ai réalisé être dans l’un des plus beaux endroits sur terre;
  • Parce que même si on n’a pas eu trop de chance, je sais que le climat d’ici fait des jaloux;
  • Parce que quand l'eau est un peu fraîche, elle est à 27°C;
  • Pour la beauté des paysages, montagneux et verts, et faits de lagons turquoise;
  • Parce que le stress, c'est pour le reste du monde. Les polynésiens ont une notion du temps différente de la nôtre. Notre traditionnelle phrase « je n’ai pas le temps » n’existe pas, elle n'a même pas vraiment de sens.
  • Parce que le vouvoiement n’existe pas.
  • Parce qu’on peut parler français avec tout le monde;
  • Parce qu'en descendant de l'avion, des vahinés et des musiciens nous accueillent avec des colliers de fleurs;
  • Pour acheter une perle authentique beaucoup moins cher qu'ailleurs;
  • Parce que l'on vous offre un collier de coquillages à notre départ;
  • Pour la beauté des chants polynésiens à la messe, même si on n’est pas croyant;
  • Parce que les couleurs des photos des brochures de voyage ne sont pas retouchées;
  • Pour avoir eu la chance de nager avec des raies mantas;
  • Parce que j’aime les hommes bronzés et tatoués (surtout ceux de Bora Bora)
  • Parce que je souhaitais faire partie d'une carte postale;
  • Parce que j’aime les sonorités des yukulélés;
  • Parce qu'avant même d'avoir atterri, la première chose que vous voyez est un lagon (sauf de nuit).

    Lexique :

  • Ro = fourmis
  • Maehaa = jumelles
  • Heru = attends !
  • Oiri = baliste
  • Tupapau = mauvais esprit
  • Fāfaru = Filets de poisson mis à macérer dans une préparation d'eau de mer et de têtes de chevrettes pressées. Il s'agit d'une forme de saumure.
  • Pahuakari = bénitiers + lait de coco
  • Korori = muscles des huitres
  • Mao’a = bulot
  • Mao = requin

    Les recettes de Rava

    Poulet Pota Ingrédients pour 6 personnes :

    2 cuisses de poulet, 1 paquet de pota (une sorte d'épinard qui se rapproche de la blette par sa taille et surtout pas ses côtes blanches et fermes) ou d'épinards, 1 citron, 1 oignon, 1 tomate, 1 gousse d'ail, huile, sel, poivre, fond de volaille déshydraté, 5 à 10 cl de lait de coco (facultatif)

    Préparation :

  • Séparer les tiges et les feuilles de fafa ou de Pota et faire bouillir ces dernières avec un filet de citron et du sel pendant 30mn.
  • Désosser les cuisses de poulet, les couper en petits morceaux et les faire légèrement dorer avec un peu d'huile dans une sauteuse.
  • Ajouter ensuite l'ail écrasé, la tomate coupée en dés et l'oignon émincé. Couvrir d'eau, y ajouter une cuillère à café de fond de volaille déshydraté, saler, poivrer et cuire 5mn à feu doux.
  • Ajouter les feuilles de fafa, pota ou épinard bien égouttées et laisser cuire 1h.
  • Avant de servir ajouter le lait de coco à votre convenance 5 à 10cl suivant les goûts (attention à ne pas faire bouillir le lait de coco)
  • Dresser les assiettes avec quelques quartiers de tarua ou pommes de terre en métropole.

    Poisson cru à la tahitienne

  • Découper le morceau de poisson (thon blanc par exemple) en cubes, puis faire macérer dans de l'eau très salée et mettre au réfrigérateur.
  • Pendant ce temps, découper les tomates, concombre, navet, poivron en cube.
  • Hacher l'ail et l'oignon. Hacher la partie verte de l'oignon vert.
  • Presser les 4 jus de citrons en enlevant les pépins.
  • Presser la pulpe de coco râpée finement dans un torchon blanc (propre), on doit ainsi obtenir du lait de coco.
  • Ensuite égoutter le poisson et le mettre dans un saladier, rajouter le jus des citrons et mélanger. Le poisson va commencer à devenir blanc, continuer à mélanger pendant environ 1 minute minimum (après, c'est selon la manière dont vous aimez votre poisson).
  • Ensuite, rincer le poisson à l'eau pour enlever une partie du jus de citron (pour que le poisson ne soit pas trop cuit par le jus). Egoutter.
  • Mettre le poisson dans un saladier, rajouter les cubes de légumes, l'ail et l'oignon et enfin le lait de coco.
  • Mélanger le tout et goûter un morceau de poisson, ensuite assaisonner à votre convenance. Décorer avec l'oignon vert parsemé dessus.

    Ce plat est très bon avec du riz chaud ou bien des patates douces.

    Poisson cru à la tahitienne

    Ingrédients pour 4 personnes : 800 gr de thon rouge; Accompagnement au choix : carottes râpées; riz; chou blanc; … Sauce : 1 cuillère à soupe de sauce huitre; 5 cl de sauce soja; 4 cuillères à café de moutarde; poivre; huile végétale; ail (5 ou +); un peu de sucre

  • Mettre le thon au frigo pour faciliter la découpe.
  • Découper en très fines tranches le poisson.
  • Pour la sauce : dans un bol mélanger la sauce huitre; la sauce soja; l’ail finement haché; le poivre et la moutarde. Monter la préparation avec de l’huile.
  • Dresser votre plat un bol mélanger la sauce huitre; la sauce soja; l’ail finement haché; le poivre et la moutarde. Monter la préparation avec de l’huile.
  • Dresser le plat et servir avec du riz chaud  


    Carnet de Manu

    Ecrit en juin 2017

    La Polynésie occupe une place à part dans l'itinéraire de notre tour du monde. D'un certain point de vue, elle avait pour fonction initiale d'en constituer l'apothéose, ou au moins l'une des apothéoses, non pas tant en raison de sa position (aux deux tiers du parcours, elle se fond dans l'anonymat de la fin de la partie centrale), que pour trois autres motifs tous plus ou moins liés les uns aux autres.

    Tout d'abord, la Polynésie constitue objectivement l'une des destinations les plus désirables de la planète, du fait de son isolement au milieu du Pacifique, de sa beauté brute, et de sa correspondance évidente aux canons du paradis tropical: lagons turquoise, température parfaite, végétation magnifique, calme absolu, possibilités de plongée remarquables.

    En second lieu, cette destination mythique est la première à avoir attiré mon attention, dès l'enfance, non pas comme une possibilité vraisemblable de départ, mais comme l'image idéale d'un ailleurs si abstrait qu'il n'interférait nullement avec les conditions de ma vie pratique: je devais avoir dix ou douze ans, presque personne ne voyageait alors dans ma famille (en en particulier l'idée de prendre l'avion vers une destination lointaine ne constituait pas un projet de loisirs envisageable), mais il se trouve qu'une agence de voyages située sur le chemin de l'école (primaire, CES?) de Chelles distribuait des catalogues Jet Tours sans beaucoup de contrôle, ce qui m'avait permis d'accumuler plusieurs de ces brochures dans un coin de ma chambre. J'aimais beaucoup m'immerger dans le bleu soutenu des piscines et des lagons, étudier avec soin les caractéristiques de synthèse de chaque destination, souvent indiquées sous forme d'étoiles; cela ne suscitait pourtant en moi aucun désir réel (car le désir a sans doute besoin d'un minimum de vraisemblance), mais plutôt un simple plaisir immédiat de consommation visuelle. Le sommet de ma contemplation s'observait pour les destinations les plus inaccessibles et les plus frappantes sur le plan du choc esthétique, soit quelque chose qui s'apparente aux lagons de Polynésie (ou à la rigueur aux îles de l'Océan Indien).

    La troisième raison dérive des deux précédentes: la Polynésie est en effet la destination de mon voyage de noces, voyage datant de près de 30 ans, et porteur d'une signification allant au-delà de la simple question du mariage en tant qu'étape conjugale: en effet, cet épisode de vie a été pensé et vécu comme l'affirmation d'une forme d'idépendance et de liberté; la liberté précisément de fusionner rêve inaccessible et réalité, de quitter la vie carriériste parisienne pour un mélange de voyages improbables, de projets professionnels originaux, d'élaboration d'une pensée critique non conforme, de vie autonome à la campagne, dans une perspective générale (et en partie performative) de confiance dans l'avenir. Toutes choses qui ne se sont que très imparfaitement réalisées lors des trois décennies suivantes, suite à une succession d'échecs entrepreneuriaux et surtout à un divorce dévastateur, mais qui ont fini par re-surgir, quoique bien sûr sous une forme altérée, une génération plus tard (mes filles ayant aujourd'hui l'âge que j'avais alors). En conséquence de tout cela, la Polynésie se trouve installée dans ma vie en deux points charnières, en gros au début et à la fin d'une vie professionnelle décevante et d'une vie conjugale chaotique, et l'on pourrait presque imaginer la trentaine d'année que ces points encadrent comme une très longue parenthèse, certes semée d'évolutions importantes, mais définie par une cohérence différente de celle des phases la précèdant et devant en principe la suivre.

    Toutes ces caractéristiques, on le comprend aisément, font que la Polynésie à elle seule aurait pu tenir, au moins sur le plan symbolique, le rôle que joue en fait le tour du monde tout entier dans notre projet de vie actuel. La meilleure preuve en est d'ailleurs que lorsqu'il a été pour la première fois question de partir en 2016, il y a plus d'une dizaine d'années, bien qu'il ne s'agisse pas alors d'un voyage envisagé sous la forme d'un tour du monde en mode routard, mais plutôt une circumnavigation à la voile, la Polynésie était déjà installée, dans le projet, en plein centre du dispositif.

    Evidemment, une telle charge est lourde à porter, et le risque était grand d'un certain désappointement face à la réalité d'une destination certes exceptionnelle, mais finalement plus réelle qu'idéale, dans un contexte général de banalisation des voyages, pour ne pas dire des tours du monde, et plus généralement de désenchantement de tout ce que la modernité parvient à atteindre. Et ceci d'autant plus que je suis assez sujet, par tempérament, à la déception, ou au minimum à la tentation critique. Si on ajoute que nous avons renoué avec la malchance concernant le climat (nous n'avons eu des jours de beau temps établi que sur environ un tiers de la durée totale passée sur place, nettement en-dessous des moyennes saisonnières) et de l'organisation (une grève sévère a bloqué le fonctionnement de la plupart des vols locaux sur notre dernière semaine, nous obligeant à changer nos plans et à finir notre séjour très fatigués), on comprend que la probabilité de frustration était particulièrement élevée.

    Dans ces conditions, on peut dire que la Polynésie s'en sort bien, très bien même. Sur de nombreux plans (paysages tropicaux, lumière sous-marine, ambiance générale, rencontres, photos, anecdotes), elle se place d'emblée tout en haut de la hiérarchie des pays que nous avons visités lors de ce tour du monde. L'impression d'ensemble qui s'en dégage est celle d'une grande harmonie visuelle, et d'une douceur de vivre permanente. Je ne suis pas naïf, et je connais les modes de dépression spécifiquement iliens (en Polynésie, le "fiu"). Je sais aussi les ravages de l'alcool, consommé partout, par tous, à tous les degrés de dépendance. Je n'ai pas non plus d'illusions sur le fonctionnement politique de l'archipel, l'abus de biens sociaux et le traffic d'influence à tous les étages de responsabilité publique. Je me doute des difficultés économiques rencontrées par les plus modestes dans un contexte de coût de la vie particulièrement élevé. Je comprends le déchirement des familles dont le frère ou le fils doivent partir, souvent pour plusieurs années, parfois définitivement, en métropole ou dans un atoll isolé, pour travailler ou rejoindre son épouse. Et nous avons enfin eu l'occasion, notamment à Maupiti, de mesurer la difficulté qu'il peut y avoir à vivre en petit comité depuis plusieurs générations (jalousies, commérages, etc). Tout ceci est vrai, mais même une fois pris en compte, n'empêche pas que, en particulier sur les petites îles, on éprouve le sentiment que la plupart des choses vont plutôt bien, que le petit peu qui ne va pas bien va finir par s'arranger, sans que rien ne presse, que l'environnement est magnifique, que les gens sont gentils, et qu'aucun danger ne menace tout ce petit monde qui vit ainsi depuis des décennies.

    Je n'ai reconnu spécifiquement aucun endroit, par comparaison avec mes souvenirs d'antan, hormis les silhouettes classiques de Moorea, Bora Bora et à un moindre degré Maupiti. Mais malgré cette absence de points communs dans le détail, mon impression générale, elle, n'a pas changé, ce qui est d'autant plus surprenant que j'ai eu l'occasion de faire des dizaines d'autres voyages dans l'intervalle. Avant comme après ce tour du monde, et pour toutes les raisons listées ci-dessous, je persiste à estimer que la Polynésie reste l'une des destinations les plus agréables de la planète, et qu'y aller une première fois ou y retourner devrait constituer l'un des projets prioritaires de tout voyageur en quête d'exotisme, de calme et de beauté.

    Les "J'aime/J'aime pas" de Manu en Polynésie

    J'ai aimé:

  • La qualité de l'accueil Polynésien (décontraction et colliers de fleurs), avec une mention particulière pour Jean-Louis à Tikehau
  • La vie de famille chez les Teihotu à Fakarava et Maupiti, avec une mention particulière pour Alexandra, pleine de joie de vivre, de curiosité et de malice
  • Prune, surprenante enfant précoce d'une dizaine d'années rencontrée à Huahine
  • Eva, étonnante voyageuse de 86 ans retrouvée en plein milieu du lagon de Maupiti quatre semaines après que nous l'ayons perdue de vue à Moorea
  • La ponctualité des dauphins de la passe de Tiputa, toujours prêts à sauter dans les vagues à l'heure du mascaret
  • La ponctualité des raies mantas à Maupiti, qu'on peut observer à loisir le long de la ligne de démarcation des couleurs du lagon, entre 9 et 10 heures, en particulier si on dispose d'un bateau privé
  • L'omniprésence des requins pointes noires (qui font cependant peut-être un peu de tort du fait de leur nombre aux autres espèces de rivage)
  • La visibilité sous-marine (souvent au moins vingt mètres, et plus encore dès qu'il y a du courant)
  • Le nombre et la qualité des poissons de récif
  • La propreté des îles et l'absence de pollution plastique de la mer et des rivages: quel contraste avec l'Asie!
  • Les Tuamotu en général, sans doute les plus beaux atolls du monde, que j'ai préférées aux îles hautes
  • La bonne organisation des liaisons en ferry entre Tahiti et Moorea
  • Les aéroports dans les îles, sans doute parmi les plus cools du monde: petits, mignons, ouverts sur le lagon, presque sans formalités; seul le bruit des hélices peut y constituer une nuisance passagère
  • L'office du tourisme de Papeete: lieu calme, agréable et de bon conseil
  • Les himenes (chants traditionnels religieux) magnifiques de la messe de Pâques à Papeete
  • La possibilité de visiter le lagon de Bora Bora avec un petit bateau de location sans permis
  • L'auberge de jeunesse "Mahana Lodge" à Papeete: la seule option sympathique adaptée aux backpackers à proximité immédiate du front de mer
  • Le front de mer à Papeete et les excellentes soirées passées aux roulottes ++
  • Les snacks dans les roulottes un peu partout sur les îles, où l'on mange souvent très bien (Papeete, Moorea, Huahine) et très copieusement pour une somme acceptable ++
  • Le lagoonarium de Moorea (à visiter à la nage directement du bord) ++
  • Le jardin de corail au large de la pointe Matira à Bora Bora (très accessible en kayak) +++
  • Le jardin de corail du motu de la passe de Tiputa (très accessible en kayak) +++
  • Le lagon de Fakarava +++
  • Le lagon de Bora Bora +++
  • La sortie à l'île aux récifs, avec l'excellent service de Léon +++
  • Le lagon bleu, selon mes critères le plus bel endroit qu'il m'ait été donné de voir (très bon service de Jean-Pierre) +++
  • La passe sud de Fakarava, pas pour le mur de requins mais pour l'exceptionnelle beauté de l'endroit et la qualité du snorkeling local +++
  • Le lagon vert à Fakarava ++
  • Les grandes baies très calmes de Huahine +
  • La partie externe du motu au large du camping Hiva plage à Huahine, accessible en 30 à 40 minutes de kayak: solitude, site magnifique, et snorkeling local sur le récif ++
  • La plage difficile d'accès à la pointe nord-ouest de Huahine Iti ++
  • Le snorkeling tout à fait acceptable, et par ailleurs inattendu, au large du camping Hiva plage à Huahine, à condition de nager jusqu'au récif +
  • Les jardins tropicaux de Vaipoiri à Tahiti, grands, variés et bien tenus +
  • Le plateau de Taravao à Tahiti Iti: un petit morceau de Normandie exotique +
  • J'ai moins aimé:

  • Le mauvais temps (pluie, vent et donc lagon agité) ayant en particulier empêché toute excursion sur les six journées que nous avions réservées à Tikehau
  • La quasi-absence de plages un peu partout
  • Le mauvais état du corail en surface, en particulier à Tikehau
  • Le faible nombre de tortues de mer, et de nudibranches (au moins en surface)
  • La grève des pompiers qui a bloqué l'archipel à la fin de notre parcours, et l'horrible nuit passée à l'aéroport de Papeete du fait de l'absence d'information sur l'annulation du vol pour l'île de Pâques par la faute conjuguée de l'aéroport, de la compagnie LATAM, et de notre agence Zip world
  • Le monopole d'Air Tahiti qui augmente considérablement le coût du voyage; les contraintes liées aux vols sont nombreuses et limitent la possibilité de composer un itinéraire idéal; dans le même ordre d'idées, le grand niveau de désorganisation lié à l'absence de publication en temps utile des horaires de vol d'été, empêchant l'optimisation du programme. En revanche, une fois à bord, tout est parfait
  • L'absence de transports en commun (comme les anciens "trucks") rendant plus aléatoires les transports dans les îles
  • L'absence de ferries entre Tahiti et les autres îles de la Société; la quasi-impossibilité de voyager au moyen des goélettes
  • L'isolement de Maupiti par absence de liaison maritime depuis la défection du Maupiti Express
  • Huahine et Maupiti, à mon avis surévaluées dans les forums de discussion: jolies îles mais pas exceptionnelles, ni très différentes des zones un peu reculées de Raiatea ou Moorea, par exemple (mais il est vrai qu'à Raiatea, il n'y a presque aucune plage ni même de zone de baignade, encore moins qu'ailleurs)
  • Tikehau, mais il est vrai que nous n'avons guère trouvé l'occasion de profiter du lagon du fait du mauvais temps; et l'absence d'excursion à la journée et de robinsonnade a certainement empêché de notre part un jugement plus clément.
  • Le mur de requins à Fakarava, en-dessous de mes attentes: il aurait mieux valu y snorkeler qu'y plonger, d'autant que le club de plongée local n'est pas accueillant
  • Les maraes, qu'il faut vraiment être malhonnête ou très connaisseur pour juger intéressants ou spectaculaires
  • J'ai remarqué:

  • La place centrale tenue par la "bringue" bien arrosée du samedi soir
  • Le manque d'ambiance lors des repas collectifs du genre "Maa Tahiti"
  • Le changement d'attitude des habitants des îles quand on leur dit qu'on habite dans la famille (ce n'est pas vraiment qu'ils deviennent plus gentils, car ils le sont déjà avant; mais ils donnent alors plus encore le sentiment de faire partie de la même communauté)
  • L'importance de la religion, et le maintien d'une certaine opposition (ou en tout cas d'une conscience de différence) entre mormons, autres protestants, et catholiques
  • Le grand nombre d'enfants élevés par des membres de la famille autres que leurs parents (oncles, grand-tantes, cousines, etc)
  • Le grand nombre de "rérés" (hommes homosexuels souvent efféminés) et des "mahous" (hommes transsexuels ou travestis occupant des fonctions féminines)
  • La faible conscience écologique des Polynésiens: ils semblent pêcher tout ce qui passe à leur portée, sans grand souci des réserves halieutiques
  • La passion des Polynésiens pour le Heiva (fêtes, danses et sports traditionnels) et les courses de pirogue
  • L'importance du dernier film de Walt Disney, Vaiana, qui tourne en boucle sur la plupart des téléviseurs de l'archipel
  • Le faible pouvoir de séduction des vahinés, souvent en surpoids dès l'adolescence; les plus jolies filles sont souvent celles qui ont une origine en partie asiatique
  • La bonne entente apparente des Polynésiens et des popaas (Blancs); si l'on ajoute la minorité Chinoise et le grand nombre de "demis", la Polynésie donne vraiment l'impression d'une coexistence relativement harmonieuse entre communautés doublée d'un métissage conséquent réussi, impression un peu surprenante pour moi compte tenu de ma sensibilité ethno-différencialiste
  • Si c'était à refaire:

  • J'essaierais de réserver le ou les pass aériens à l'avance pour gagner une ou deux journées au départ
  • Je n'hésiterais pas à décaler les vols initialement prévus une fois dans les îles pour mieux m'adapter aux conditions météorologiques
  • J'essaierais de passer au moins deux jours à Tahaa, en face du jardin de corail, ce qui aurait été faisable en passant un peu moins de temps à Maupiti, à condition de réserver suffisamment tôt pour pouvoir trouver de la place sur les bons vols
  • Je ferais au moins une excursion à Tikehau, si le temps le permet
  • Je chercherais à trouver les moyens de faire une robinsonnade d'un ou deux jours sur un motu lors d'une période de beau temps, en m'abritant avec leur autorisation dans l'une des petites maisons que beaucoup d'habitants ont comme maisons de week-end, et en prenant soin d'emporter toute la protection nécessaire contre les moustiques
  • Je passerais un ou deux jours de plus à Bora Bora en trouvant le moyen (kayak, catamaran?) de passer le maximum de temps sur le lagon
  • J'essaierais de voir s'il est possible de passer quelques nuits à bord d'un voilier