Les préparatifs de notre tour du monde

Les préparatifs de notre tour du monde ont été de plusieurs ordres: organisationnel et matériel bien sûr, mais aussi administratif, économique, et, peut-être d'une manière plus inattendue, physique et moral.

Préparation physique et morale

Ce n'est peut-être pas le plus important, ni l'aspect auquel on songe immédiatement lorsqu'on rêve naïvement de voyage au long cours, mais pour nous cela a été une réalité prosaïque des mois ayant précédé le départ: il a fallu s'assurer que nos corps de (jeunes) quincagénaires allaient tenir la route pendant une année de vie parfois un peu "roots" et coupée du confort et des facilités médico-sociales de notre pays d'origine ; et pour cela, un certain nombre de rendez-vous médicaux et para-médicaux ont été pris: check-up général (pour moi), médecin généraliste (pour les conseils et prescriptions de médicaments de voyage), dermatologue (x2), kiné (x2), nombreuses visites chez le dentiste (dont les dernières un peu en urgence, une carie récalcitrante ayant été oubliée), et, cerise sur le gâteau, opération de la gorge anti-ronflement (finalement pas réalisée, malgré deux déplacements au CHU et une anesthésie générale), le tout entrecoupé de plusieurs passages aux urgences à l'occasion de vives douleurs dorsales (cruralgie) ou abdominales (gastrite), dont on ne saura jamais si elles ont été causées par le stress de la perspective du voyage ou non. En tout entre dix et quinze déplacements pour chacun, cela ne s'improvise pas...

Cette préparation médicale a été doublée pour moi d'une préparation plus purement physique qui m'a conduit à suivre, peut-être un peu plus assidûment que les années précédente, un programme très régulier de course à pied m'ayant ramené, malgré d'inopportunes périodes d'arrêt forcé pour cause de mal de dos, à un niveau que je considère à peu près comme mon niveau de base (soit deux sorties de 10 km par semaine, à allure modérée).

En revanche, sur le plan de la protection contre les maladies tropicales, nous avons adopté une approche minimaliste: nous n'avons fait aucun vaccin en plus de ceux que nous avions déjà, et avons décidé de renoncer, comme de plus en plus de voyageurs aujourd'hui, à toute forme de médication préventive, notamment contre le paludisme. Nous avons en revanche accordé une grande importance au fait d'emporter avec nous un thermomètre médical nous permettant de diagnostiquer rapidement et objectivement toute éventuelle poussée de fièvre, de manière à pouvoir être d'autant plus réactifs en curatif que nous étions laxistes en préventif.

En outre, quoi qu'il ne s'agisse pas là véritablement d'une préparation active, mais plutôt d'une mise en condition psychologique, il a fallu s'habituer à l'idée de tout quitter pendant un an, le confort de notre vie domestique, nos week-ends à Canouville, nos familles, et... nos chats. Nous avons pu nous rendre compte à cette occasion, et pour en avoir discuté en particulier avec tout un ensemble de personnes de milieux et d'âges variés, que cette capacité de rupture n'avait rien d'évident. Beaucoup ne se projettent pas du tout dans ce type de voyage au long cours, et parmi ceux qui font l'effort de le faire, assez nombreux sont ceux qui ne s'en croient pas la capacité. Il n'y a là aucun jugement de valeur de notre part, bien sûr, mais tout de même le constat objectif que, surtout à notre âge, et avec toutes les attaches matérielles et immatérielles que nous avons constituées lors de notre vie adulte, notre volonté de partir a dû être vraiment solide pour nous permettre d'aller jusqu'au bout de ce qui, pour certains, ne peut être, du fait de la permanence de leurs liens avec leur environnement quotidien, qu'un rêve un peu inaccessible.

Préparation organisationnelle, administrative et économique

L'organisation du voyage en elle-même (au sens principal du choix des pays et de la fixation de l'itinéraire), je l'ai déjà mentionné, a sans doute pris entre quelques centaines et quelques milliers d'heures, mais il est difficile d'en définir les contours exacts, tant c'est en réalité l'ensemble des voyages précédents, et même des expériences et des projets de vie, qui a conduit à en définir d'abord la structure principale puis le contenu précis. Je n'entrerai pas ici dans le détail de ces recherches, qui sont évoquées par ailleurs dans le chapitre consacré à l'itinéraire.

Sur le plan administratif, un dossier important a été celui du choix de notre agence de voyage. J'ai assez rapidement abandonné l'idée d'acheter les billets au fur et à mesure du voyage, ou celle de travailler directement avec les compagnies aériennes. Comme la majorité des tourdemondistes, nous avons pris nos billets auprès d'une agence spécialisée; après en avoir consulté trois, la proposition de Zip world nous a semblé l'emporter assez clairement, tant sur le plan du tarif que sur celui de la capacité à répondre précisément à nos besoins, peut-être un peu plus spécifiques que ceux des tourdemondistes moyens.

Un autre point important a été celui des visas. Par chance, tous les pays du milieu et de la fin de notre parcours sont des pays sans visas. En revanche, certains des pays du début présentent des difficultés particulières du fait de durées de séjour longues ou d'entrées multiples. Or il se trouve que ces pays (Inde, Indonésie, et à un moindre degré Philippines) exigent des procédures de visas complexes et coûteuses, en particulier lorsqu'il n'est pas possible ou économiquement raisonnable de se déplacer à l'ambassade de Paris. De plus, au moins pour l'Indonésie et les Philippines, il était envisageable de demander un visa à l'arrivée, avec une prolongation ultérieure. Mais la procédure, coûteuse en argent ou localement en temps, n'était pas forcément plus intéressante que la procédure, même lourde, qu'il était possible de suivre à partir du territoire français. Finalement, une séquence précise a été définie, permettant d'obtenir en succession, avec quelques jours de marge, les visas par correspondance avant le départ, ni trop tôt (ce qui aurait limité leur validité) ni trop tard (ce qui aurait mis en péril la récupération des documents en fin de séquence).

D'autres aspects administratifs ont dû être étudiés, comme celui des assurances (nous avons pris celles proposées par Zip, pour l'assistance comme pour la couverture médicale), des cartes bancaires (nous sommes partis sans liquide mais avec quatre cartes de paiement, dont trois visas et une mastercard, deux d'entre elles supportant des frais réduits pour les opérations hors zone euro), et des différents abonnements qu'il a fallu résilier ou transférer (téléphone et internet, assurances auto, etc.) Nous avons aussi mis certains de nos biens immobiliers en location, ce qui a occasionné de nombreux déplacements de meubles et affaires personnelles.

Sur le plan du droit social, nous sommes partis dans le cadre d'un congé sabbatique d'un an, en réalité un peu moins, du fait qu'il a été possible de compléter le congé sans solde stricto sensu de nos soldes résiduels de congés (ce qui dans mon cas était loin d'être négligeable, du fait de l'existence d'un compte épargne temps m'ayant permis d'accumuler 60 jours de congés supplémentaires). Ayant bien préparé notre absence, formé nos remplaçants, et averti nos employeurs avec suffisamment de délai (nous nous y sommes pris plus d'un an à l'avance), cet aspect n'a pas posé de problème particulier.

La question économique, bien que non surdéterminante pour nous, a été étudiée de près. La plupart des tourdemondistes qui communiquent sur le sujet font état de budgets annuels compris entre 12000 et 30000 euros. Dans notre cas, les débours liés à notre voyage, un peu plus cher que la moyenne, se sont montés à environ 25000 euros par personne, incluant la totalité de notre équipement, qui a été entièrement renouvelé pour cette occasion, et qui devrait nous resservir par la suite (il conviendrait donc de le considérer davantage comme un investissement que comme une dépense courante). La plus grande partie du budget n'est pas consacrée aux déplacements (environ 4000 euros de billets tour du monde de base plus 3000 de liaisons low-cost ou locales supplémentaires) mais bien par le coût de la vie locale (un peu plus de 30 euros par jour et par personne en moyenne), sachant que certains pays chers (Australie, Nouvelle-Zélande, Polynésie) font nettement augmenter le budget. L'autre raison pour laquelle notre tour du monde nous est revenu un peu plus cher qu'à d'autres tient au fait que dans un certain nombre de cas, nous avons évité toute forme d'excursion de groupe pour préférer des sorties privées à deux, guidées ou non, que ce soit en bateau, en van, à pied ou à cheval, ce qui nous semble la meilleure façon de sortir, autant que possible, des circuits touristiques standards que nous trouvons souvent décevants. Bien entendu, pour avoir une idée du coût total du voyage, il faudrait ajouter aux débours le manque à gagner de nos 8 à 10 mois sans salaire (une partie de l'année de voyage correspondant à des congés payés), mais également soustraire l'ensemble des dépenses annuelles que nous n'avons pas supportées en France (charges, consommations courantes) ainsi que les revenus de nos locations, sans compter le petit coup de pouce de l'Etat sous la forme d'une baisse de nos impôts sur le revenu deux années consécutives, puisque nous avons réparti également notre baisse de salaire sur 2016 et 2017. Il s'agit là de sommes importantes bien sûr, et nous sommes conscients du privilège dont nous avons joui de pouvoir ainsi les engager pour une pure activité de loisir, mais nous les avons aussi dépensées sans trop de scrupule en songeant à tout ce que nous avons économisé auparavant pendant des années, ne serait-ce que sur notre budget automobile (nous n'avons jamais possédé que des voitures peu coûteuses et totalement dépourvues de prestige) ou sur notre budget immobilier/maintenance (je fais pratiquement tout de mes mains), et qui dépasse largement notre budget de voyage. Sur le pur plan de la trésorerie, si nous avons aussi pu nous permettre de partir dès 2016, c'est que nos emprunts immobiliers étaient alors arrivés à leur terme et que les études de nos enfants étaient terminées et payées. Evidemment, cela facilite les choses.

Equipement

A la lecture des blogs de voyage et à la lumière de nos expériences personnelles, il est rapidement apparu que nous souhaitions voyager léger. Nous avons à cette occasion découvert l'existence d'une sorte de catégorie d'extrémistes de l'ultra-léger, qui s'allègent de presque tout et comptent, si ce n'est au gramme près, en tout cas à 10 grammes près. Nous ne faisons pas partie de cette catégorie, et si la légèreté a constitué le premier de nos critères de choix, nous avons en même temps cherché à garder du bon sens et à conserver un confort et des fonctionnalités adaptées à un voyage au long cours. L'une des difficultés principales a été, pour nous, de combiner un équipement de pays froids (randonnée de haute montagne) avec un équipement de pays chauds (palmes, masques et tubas) d'une part, et d'autre part de partir avec un équipement hi-tech assez complet nous permettant de réaliser et traiter nos photos et vidéos (y compris sous-marines) en cours de voyage.

Les différents calculs et optimisations réalisées dans l'année précédant le voyage nous plaçaient à un seuil délicat d'environ 12 kilos par personne (hors tente). Dans ces conditions, il devenait tentant de tout passer en bagage à main, en particulier pour nous affranchir des risques de perte lors des trajets aériens avec connexions multiples, mais la condition pour cela était aussi que la dimension des bagages, et non seulement leur poids, soit conforme aux normes des compagnies aériennes. Nous avons alors découvert que ces normes, autrefois relativement standardisées, avaient nettement évolué ces dernières années, sous l'impulsion des compagnies low cost développant une politique commerciale tout à fait différente de celle des compagnies régulières. De ce fait, il devenait illusoire d'espérer passer en toute occasion nos bagages en cabine, et il convenait de s'orienter davantage vers un système modulable pouvant passer occasionnellement en bagage à main (en gros, sur les compagnies régulières), mais pouvant aussi se transformer en méthode mixte avec l'essentiel (le vital et le coûteux) en bagage à main et le reste en soute. Cette méthode supposait de recourir principalement à des sacs à dos de base de 40 litres pouvant presque toujours passer en cabine, mais aussi à des sacs annexes d'assez grande capacité, très légers et compactables, ayant pour vocation exclusive de servir de sacs de transport long (avion ou autocar) ou de petits sacs de randonnée à la journée. Pour équillibrer les poids, augmenter le caractère pratique et gagner un peu de place en cabine (et au détriment de l'esthétique d'ensemble), nous avons aussi opté pour des bananes ventrales d'assez grand volume. Dans tous les cas, nos bagages eux-mêmes sont extrêmement légers, ce qui a été l'une des conditions essentielles de notre gain de poids. Nos sacs de base (Osprey Farpoint 40) pèsent 1,44 kg et présentent de nombreux avantages pratiques, comme la possibilité de ranger les bretelles dans un compartiment dédié, un compartimentage très bien étudié (notamment pour la protection de l'ordinateur portable), et un excellent confort de portage. A l'usage, nous avons seulement regretté la trop petite taille du filet externe pour les bouteilles. Notre sac polochon supplémentaire est un Seatosummit Duffle Bag qui ne pèse que 80 grammes, nous donne quand il le faut jusqu'à 40 litres de contenance supplémentaire. A l'usage, nous l'avons cependant trouvé un peu fragile par rapport à la promesse du fabricant. Les bananes ventrales sont les plus vastes que nous avons pu trouver sur Amazon, elles présentent l'avantage de pouvoir accueillir facilement, en plus des différents documents de voyage et prote-monnaie, téléphone portable, appareil photo compact, Kindle et petite tablette avec clavier pliant. Les petits sacs de jour sont des modèles de base de chez Décathlon, au poids presque négligeable, très utiles à l'usage, mais assez peu résistants et particulièrement informes (on ne peut avoir une chose et son contraire).

L'ensemble de nos sacs, en version voyage long (le sac polochon vert seul passe en soute); les sacs de jour jaune fluo sont à peine remplis, et leur contenu peut être immédiatement réagencé dans les poches, bananes et sacs à dos.

Pour économiser le poids au maximum, nous avons surtout réduit au maximum les pièces d'habillement. Pour cela, nous avons eu principalement recours aux vêtements techniques d'Icebreaker, donc nous avons chacun emporté plusieurs pièces superposables: T-shirts courts, hauts fins à manches longues, hauts plus épais, leggings... Les sous-vêtements ont été réduits au minimum, dans la mesure où ils devront de toute manière être lavés à chaque toilette. Pour les pays chauds, nous avons de sucroît pris un nombre (très limité) de vêtements de coton fin: une robe et une jupe multicolore pour Isabelle , une chemise chacun. Je n'ai pris qu'un pantalon de toile déperlant et un bermuda court; et chacun n'a emporté qu'un maillot de bain. Pour les pays froids, nous avons emporté chacun une doudoune légère composée exclusivement de duvet assez gonflant, soit un modèle Incredilite de Cumulus (325 g) pour Isabelle et un modèle Forclaz 700 de Décathlon (480 g) pour moi, ainsi qu'une veste de pluie (une Norrona Aero 60, 180 g pour Isabelle, et une Marmot Essence pour moi). Nous avons de surcroît chacun un indispensable chèche multi-usage (foulard, drap, châle, couvre-chef, serviette de plage... occasionnellement mouchoir!), et des bandanas ou chapeaux légers.

Sur les photos, nous avons ajouté nos sacs de couchage (Wilsa KL250, 900 grammes) et sacs à viande en soie (modèle Décathlon de base, très léger), ainsi que, pour Isabelle, un petit coussin tour du cou léger mais relativement dense, pouvant servir alternativement de minerve de voyage et d'oreiller dans les endroits sales ou inconfortables.

Habits d'Isabelle, dont près de la moitié est portée sur elle lors du départ

Habits de Manu, dont près de la moitié est portée sur lui lors du départ

Et surtout, surtout, nous avons économisé un poids conséquent en ne partant qu'avec... une paire et demie de chaussures chacun, à savoir trois paires de "Crocs" pour nous deux (deux paires de Crocs d'un modèle résistant dit "off road", et une paire normale de taille intermédiaire). Pas de chaussures de randonnée, de sport ou de plage, tout en un. Nous espérons aller au bout de notre tour du monde avec ces seuls souliers, l'avenir dira si cette idée était vraisemblable ou non...

Nos seules chaussures pour le voyage... photographie réalisée cinq semaines après le départ, une Croc de Manu a déjà été réparée avec un morceau de fil de fer jaune trouvé par terre

Concernant la catégorie "plongée", le nombre d'articles est plus limité (mais chacun est relativement encombrant). Les paires de palmes sont des modèles de base de Décathlon pour le snorkeling, qui présentent l'avantage d'être bien plus légers que les modèles plus sophistiqués ou spécialisés dans la plongée profonde; de plus, ce sont des modèles auxquels nous sommes habitués; s'ils manquent de puissance pour aller en profondeur, ils sont en revanche très adaptées aux sorties longues et au palmage le long des récifs. Les tubas sont des Air Purge d'Aqualung, réputés parmi les meilleurs modèles du marché. Les masques sont un Oceanic Shadow pour Isabelle, un modèle de base de Décathlon (mieux ajusté à mon visage) pour moi, les combinaisons des shorties Titanium d'Aqualung de seulement 1mm de néoprène (données à 560 grammes par le fabricant). Sur la photo figurent en outre notre tente (petit modèle Décathlon de 2,4 kg destinée en principe à un usage unique pour la trek de la traversée du Zanskar) et la moustiquaire (light nano de Seatosummit, données à 138 grammes seulement par le fabricant).

La catégorie "photo/video/téléphonie/informatique/hi-tech" est sans doute celle qui a demandé le plus de travail de préparation, du fait qu'il a fallu trouver le bon compromis entre qualité, fonctionnalité et poids, à la fois pour la photo, la vidéo, et le traitement informatique (qui était lui-même lié aux autres fonctions nécessaires de nos téléphones, tablettes et ordinateurs, comme la messagerie ou les outils bureautiques). Pour la photographie, la solution d'un reflex a presque tout de suite été éliminée pour des raisons de poids et d'encombrement. Après avoir longtemps hésité entre un compact expert et un hybride (d'une qualité supérieure, mais avec l'inconvénient des objectifs interchangeables), nous avons, en tenant compte également des possibilités de prises de vue sous-marine, opté pour un bridge (en fait, quasiment le meilleur modèle du moment dans sa catégorie, à savoir le FZ1000 de Panasonic). Ses gros défauts sont son encombrement assez important (surtout qu'il est à peu près aussi haut que large que long), l'absence de système pratique de housse (nous avons retenu une housse néoprène souple que nous utilisons en fait peu), une ergonomie des contrôles peu évidente, et l'obligation d'un chargeur dédié (grosse source de poids et encombrement supplémentaire). En contrepartie, nous bénéficions d'une bonne réactivité (jamais besoin de changer d'objectif), d'une excellente qualité d'image sur toutes les plages focales, et du plaisir de pouvoir tirer le zoom sans hésitation (possibilité vraiment importante à notre avis, et trop souvent injustement méprisée des photographes amateurs).

Notre appareil photo de base, le FZ1000, ici (mal) photographié avec sa housse par le RX100

Comme nous voulions de surcroît une bonne qualité d'image sous-marine, nous avons opté pour la solution d'un compact expert avec caisson (et non d'un simple baroudeur, dont même le meilleur représentant reste nettement un ton en-dessous), ce qui nous a orienté presque inévitablement vers le RX100, modèle désormais classique qui est est (en 2016) à sa quatrième version, ce qui fait que la version initiale est devenue très bon marché, surtout dénichée sur un site internet de commerce chinois... Le caisson est un meikon un peu encombrant (d'une forme peu pratique) et pesant malheureusement deux fois le poids de l'appareil nu (517 g contre 240), mais c'est le prix minimum à payer pour passer un cap de qualité en photographie sous-marine.

Les deux appareils photos sont en partie redondants, notamment en ce qu'ils offrent des performances proches en termes de photographie de paysage. Mais la redondance est aussi les contrepartie de la sécurité. Nous avons d'ailleurs ajouté un élément supplémentaire de redondance concernant la vidéo, puisque nous avons aussi emmené notre ancien camescope Panasonic HX WA20, d'une qualité inférieure, mais très résistant, peu gourmand en batterie, et étanche en plongée de surface. Nous emmenons aussi deux ou trois filtres et accessoires (joint torique de rechange pour le caisson, graisse silicone, etc), un petit tripode, une perche à selfie achetée à Istanbul (honte à nous) et une perche articulée de prise de vue sous-marine.

En matière d'équipement informatique, là encore, j'ai beaucoup réfléchi et comparé de nombreuses possibilités. Après des heures de délibération, mon choix s'est arrêté sur un Macbook Air 11 pouces (acheté d'occasion, dans un état proche du neuf, muni d'une coque rigide pas très pratique et personnalisé par un sticker photo), principalement pour des raisons de compromis poids/autonomie/capacité de montage vidéo. Cet équipement s'est trouvé doublé d'une tablette de petite taille (8 pouces) tournant sous Android, en l'occurrence une Xperia Z3 tablet, offrant un bon rapport performances/consommation/encombrement/prix. Pour des raisons pratiques, la tablette s'est trouvée munie d'une coque de protection, d'un clavier pliant séparé (eSync), et d'un stylet de précision (après un test d'usage, j'ai renoncé à prendre une souris ultra-légère). Ces équipements étant compatibles wifi, mais sans lecteur de carte 3G, la communication est assurée par un petit smartphone tournant sous Windows, en l'occurrence un Lumia 435 avec sa coque, qui accueille deux cartes Sim (une française, utile pour les communications d'urgence et les confirmations d'achats sur le web, et une locale qui permet de passer des appels ou de se connecter sur internet à moindre coût). Le téléphone ou la tablette pouvant permettre d'écouter de la musique, j'ai pris des écouteurs et un duplicateur de port mini-jack. Isabelle est aussi équipée d'une liseuse Kindle qui ne figure pas sur la photo. Nous avons également une petite paire de jumelles.

Pour pouvoir pallier les difficultés de recharge électrique dans les endroits peu accessibles, nous nous sommes munis d'un chargeur multiprise USB Ravpower (5 prises allant jusqu'à 2,4A) et d'une batterie de grande capacité (RavPower 2680 mAh, délivrant également jusqu'à 2,4A en sortie), plus un petit chargeur USB de secours, une prise multiple légère raccourcie par mes soins (permettant de tout recharger simultanément en ne bloquant qu'une seule prise 220V, et une multitude de cordons de raccordement secteur, USB ou micro-USB, ainsi que plusieurs adaptateurs, notamment pour la lecture des cartes à partir des ports USB (adaptateurs qui nous ont joué de fort mauvais tours en détruisant plusieurs cartes mémoires dans les premières semaines de voyage). De plus, chaque appareil de prise de vue dispose d'une batterie dédiée supplémentaire.

Concernant les mémoires de stockage, j'ai opté pour un jeu d'une quinzaine de cartes micro-SD de 64 Go, plus un disque dur de 1 To et deux ou trois clés USB de grande capacité.

L'ensemble de l'équipement hi-tech est protégé de l'humidité par la dispersion de petits sachets de gel de silice un peu partout dans les pochettes de rangement.

En matière d'hygiène/entretien/santé, nous faisons de substantielles économies de poids concernant la catégorie "serviette de toilette", limitée à un petit rectangle de tissu éponge en microfibre ultra-absorbant par personne, et la catégorie "savon-shampooing-déodorant-dentifrice", résumée à un seul exemplaire du savon du Dr Bronner (percé en son milieu pour pouvoir s'accrocher et sécher rapidement). Nous avons tout de même aussi du dentifrice solide et un autre savon (Lush), que nous utilisons moins souvent. Pour les cheveux, deux grosses pinces crabes et une dizaine de toutes petites, deux gros chouchous et quelques élastiques. Pour les problèmes féminins mensuels, une cup et quelques serviettes hygiéniques. Nous avons bien entendu une brosse à dents chacun, des brossettes, du fil dentaire, un rasoir mécanique et des lames, deux coupe-ongles (un s'est glissé là par erreur), une brosse à ongles, un miroir grossissant, une pince à épiler lumineuse, un stick pour les lèvres, un rouge lèvres (pour donner une petite touche de féminité quand même de temps en temps, des boules Quiès, un gel désinfectant pour les mains et des lingettes. Dans la catégorie des accessoires pratiques, nous avons un lot de 8 petits tendeurs, autant de mini-pinces et quelques bouts de fils métalliques qui nous permettent d'étendre le linge dans un bon nombre de circonstances. Nous avons aussi une boite de feuilles de lessive. Nous avons acheté en route un rouleau de papier toilette et 4 paquets de mouchoirs en papier. Dans une trousse avec des contenants autorisés en cabine, nous avons un ambre solaire, un lait après solaire, un anti-moustique tropical à l'icaridine et un autre au DEET. Dans l'autre trousse, ce ne sont que des anti-moustique car nous savons que nous allons en consommer beaucoup. Nous avons une paire de lunettes de soleil chacun et une paire de lunettes de vue. Enfin, nous transportons occasionnellement une petite bouteille vide permettant à Isabelle de faire pipi la nuit, quand on ne peut pas forcément sortir.

Evidemment, nous disposons aussi du minimum vital administratif toujours présent dans une banane ventrale ou une poche de pantalon: passeports munis des précieux visas, copie des billets d'avion, portemonnaie uniquement chargé de devises locales, quatre cartes bancaires, quelques cartes de visite glanées en route, quelques stylos et... un petit carnet de notes finalement acheté dans un bazar de Bishkek.

Enfin, si tout ce fourbi peut à peu près être rangé et retrouvé sans trop de difficulté dans nos sacs principaux, c'est grâce à un jeu très complet de trousses transparentes, housses, filets, sacs de compression et sacs étanches (du sac congélation au sac technique Ortlieb) qui prennent peu de place mais permettent de résoudre la plupart des problèmes d'organisation. Sans oublier quelques boîtes de pellicules photos permettant de ramener un peu de sable des endroits les plus reculés que nous visiterons, qui rejoindra au bout de quelques mois celui que nous collectionnons dans nos éprouvettes de Canouville.